Aujourd’hui j’ai le plaisir d’accueillir Emmanuelle Delrieu, psychologue développementaliste et écopsychologue, qui vient nous parler de son livre « Comment garder les pieds sur Terre quand tout fout le camp », un livre qui propose une lecture systémique du burn-out particulièrement fouillée et pratique que je vous recommande++, et que nous allons décortiquer ensemble.
C’est parti pour une nouvelle interview efferveSciente :
Le livre d’Emmanuelle | Son site | Sa chaîne YouTube | Sa page Facebook
Au pays de l’écopsychologie
Notre invitée est donc écopsychologue… mais c’est quoi, l’écopsychologie ?
« L’écopsychologie est un domaine interdisciplinaire et transdisciplinaire qui s’intéresse à la synthèse de l’écologie et de la psychologie et au développement d’un rapport soutenable entre les humains et la nature » nous dit Wikipédia.
C’est le frère d’Emmanuelle qui lui a ouvert la voie des enjeux planétaires, politiques et systémiques par une pile de livres et une longue soirée de discussion : le début d’une quête qui l’a conduite jusqu’à l’écopsychologie.
Dans les mots d’Emmanuelle les maux des humains sont le reflet des maux de la Terre, et en guérissant ces maux d’humains on guérit notre rapport à la Terre et au vivant : une vraie quête transformatoire individuelle et collective pour retrouver l’harmonie.
Le burn-out systémique
Comme le dit Freudenberger le burn-out est un crâmage du système humain… mais qui fait aussi écho au dépassement des limites planétaires, comme le pointe Emmanuelle.
Sa lecture fait du burn-out une maladie systémique où il vient pomper les réserves d’énergie de l’individu (et de la planète), invitant à poser ses limites et respecter ses besoins.
Qu’est-ce que le burn-out, par Emmanuelle Delrieu
Et l’épuisement saura toujours se faire entendre, que ce soit au niveau plume avec des petits signes d’alerte qu’on ne va pas forcément écouter jusqu’au camion en passant par la pierre, dans un grand crescendo de signaux d’alerte jusqu’à ce qu’on ne puisse qu’écouter et réagir
En même temps on peut comprendre ce déni des ressentis : comme le rappelle Emmanuelle nous sommes dissociés de nos corps, comme Elsa dans la Reine des Neiges, qu’on invite à « ne pas ressentir » et « cacher ses pouvoirs », jusqu’à faire son « ice-out » et tout envoyer balader pour s’enfermer dans un château de glace :
J’avais aussi décortiqué la Reine des Neiges en mode analyse transactionnelle et TPV dans cette vidéo et dans cet article 🙂
L’invitation rappelons-le est d’associer le mental d’Elsa au corporel-émotionnel d’Anna pour retrouver un fonctionnement harmonieux et écologique.
Quand Emmanuelle nous parlait du burn-out des HPI au Congrès Douance 2019 (extait)…
Une quête en 5 étapes
Dans son livre Emmanuelle nous présente une aventure en 5 étapes pour mieux traverser le burn-out et le vivre en tant que transformation et transition, avec :
- L’état des lieux de « qu’est-ce qui fait que je suis en burn-out ? », tel un arbre avec ses 4 racines comportementale, systémique, traumatique et structurelle
- Passage de la résistance à l’acceptation, la fameuse étape où le déni nous fait lutter contre la réalité de l’épuisement
- Régénération : le travail en profondeur sur les racines pour amorcer de vrais changements
- J’avance/je recule : le retour de l’énergie, progressive, qu’on va devoir canaliser pour ne pas la cramer à nouveau (et revenir à l’étape 2…)
- Retour au monde : mise en place d’une nouvelle manière d’être pour transformer le monde
Ou pour les plus visuel.les :
Les 5 étapes de guérison/transition, (c) Emmanuelle Delrieu
Une quête qui va changer selon qu’on ait le profil d’Elsa, où la prise de conscience sera plutôt intellectuelle avec de bons bouquins pour initier la transformation, ou qu’on soit plutôt Anna connectée à son corps, et là seulement on pourra passer par le ressenti : mission adaptation ! L’idée restant de se reconnecter à son corps et ses sensations, mais ça peut être progressif…
Un cheminement d’individuation très inspiré de Jung avec des étapes d’inspiration alchimique occidentale pour aller confronter son ombre, nettoyer son ombre et incorporer les différentes parts de soi, l’objectif étant d’unifier les différentes parts de soi au service du vivant en soi. On peut alors être avec toutes les parts de soi.
Au-delà de la résilience…
La résilience face à un choc ce sont les mécanismes qui se mettent en place pour affronter le choc, et continuer à vivre malgré le choc, malgré le traumatisme. C’est un mécanisme d’adaptation et de défense avec lequel on va vivre… ce qui va mobiliser de l’énergie, et contribuer à l’épuisement.
Il faudra donc aller au-delà de la résilience pour guérir les chocs traumatiques pour se débarrasser des mécanismes de défense.
…vers l’émerveillement
Dans le livre Emmanuelle invite à se reconnecter à l’émerveillement, un état qui fait écho au vagal ventral en théorie polyvagale, qui sera moteur du changement à partir de l’étape 4 (quand l’écoanxiété sera plus sympathique et la collapsologie plutôt vagale dorsale).
L’émerveillement vient créer une rupture dans la narration de nos scénarii quotidiens et va réveiller nos capacités de plaisir et d’ouverture.
De la souveraineté à la soyauté
La souveraineté est LE mot à la mode, et ce n’est pas pour rien : c’est une étape important pour poser ses besoins et limites de manière claire.
Mais cette souveraineté n’est qu’une étape, on va poser son roi ou sa reine intérieure qui va maintenir une gouvernance très hiérarchique et verticale : on va ensuite amener une « soyauté » plus démocratique où toutes les parts ont leur rôle à jouer, au même niveau, dans une dynamique collaborative.
Pour ce faire on va travailler les modèles très internalisés qu’on peut avoir, des modèles familiaux et coloniaux notamment, pour rétablir un mouvement et un dialogue sains en relation avec le vivant. On va venir protéger, honorer et célébrer le vivant en nous et en dehors de nous, et on va prendre les décisions à partir de là :
Qu’est-ce qui est bon pour le vivant en moi ?
Un bon point de départ est de lire le livre d’Emmanuelle :
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