J’ai le plaisir de convier aujourd’hui Masha Zabat, thérapeute spécialisée dans la libération des troubles du comportement alimentaire des hypersensibles avec qui nous avons un sujet d’exploration commun : l’impact des états de la Théorie PolyVagale sur notre rapport à la nourriture. Et encore, ce n’est qu’une toute petite partie de la lecture efferveSciente et systémique que nous propose Masha du surpoids et des TCA.

Et si les troubles n’étaient pas alimentaires… mais sécuritaires ?

C’est parti pour une entrevue efferveSciente (tu vas voir on est câblées pareil !) :


Retrouver Masha sur son site : : Plus de vidéos sur facebook & sur sa chaîne youtube

Alors, que penses-tu de cette lecture du surpoids et de notre rapport à nos corps et à l’alimentation ?
On est loin de la balance calories entrantes & calories sortantes, et loin de la balance tout court d’ailleurs… 

J’ai découvert Masha grâce à un atelier, privé, sur la « haine de soi » et les TCA, et j’ai trouvé l’expression aussi forte que juste. 
Au-delà de mes réflexions sur mon autisme et mon dorsal qui ralentissaient mon métabolisme, j’avais cette sensation, qui tournait à l’obsession : je détestais l’obèse que mon traitement contre la bipolarité m’avait fait devenir, et ce métabolisme de zombie qu’aucun effort de semblait impacter.

Puis j’ai découvert Masha, et on a dézoomé.
Tellement que j’ai commencé à voir dans notre rapport à l’alimentation la même injonction à la SuperFection qui provoque tant d’épuisements.

Non seulement l’approche de Masha est très déculpabilisante, mais aussi profondément stress-défense. 
Et elle commence par interroger notre société…

 

Sois mince & tais-toi

On en parle de l’impact de la société sur notre rapport au corps et au poids ?

La société capitaliste transforme les individus en objets dont le seul but est de produire et de (su)performer. 

De la même façon que l’injonction de SuperFormance transforme l’humanité en génération de Stormtroopers déconnectés de leurs émotions et de leurs besoins, le discours de représentation collective du corps en fait un objet que nous devrions contrôler, maîtriser, pour entrer dans une certaine vision de la normalité.

D’ailleurs le mythe est commun : l’humain aurait le pouvoir sur son corps.

Les burn-outés le savent bien : le corps gagne toujours à la fin
(bon en vrai ils l’apprennent à la dure, c’est sûrement LA prise de conscience du burn-out : nos limites)

Alors oui le premier régime va entretenir l’illusion de contrôle.
Les premières fois, ça marche, on va perdre du poids.
Pour l’été, pour la nouvelle année, pour la rentrée, pour se marier, pour… [mettre ici l’injonction de ton choix]

Mais comme le dit Bessel van der Kolk : le corps n’oublie rien, et l’organisme va vite apprendre à préserver ses réserves.
Alors on enchaîne les régimes les plus intenses et les plus farfelus, jusqu’à tomber dans des TCA qui vont entretenir pendant un temps encore l’illusion de contrôle, mais aussi la haine de soi si/quand on finit par craquer. 

Et si la compulsion n’était pas le problème, mais le symptôme ?

Surpoids & TCA : le poids des maux

Une phrase de Masha que j’aime beaucoup : un bébé n’a pas de problème avec son poids.
Mais alors, qu’est-ce qu’il se passe, après ?

Nous vivons dans un monde qui sacralise la norme avant même l’individu, ses particularités et ses besoins spécifiques.
Je me souviens à la maternité : les sage-femmes étaient obsédées par la courbe de poids de mon Mini Geek, on avait même un carnet et une appli pour monitorer les repas, les quantités, le lait tiré, les cacas… comme le disait Masha : la donné avant le bébé.

D’ailleurs on entretien les enfants un peu comme des véhicules : les visites mensuelles, puis annuelles, la taille, le poids, les fameuses courbes remises en question, et dès que le poids déborde un peu : panique à bord !
Qui dit hors des courbes dit décalage, ce fameux continuum de la différence que j’évoquais dans mon dernier article, et qui ne concerne pas que nos façons de penser. 

L’enfant jugé sur un poids qualifié d’inadapté n’est déjà plus inconditionnellement validé. 
On va mettre en place un « plan d’action » pour ramener l’enfant dans une norme, lui faisant sentir un premier décalage, qui pourra remettre en cause son estime, et mettre en place un premier niveau de suradaptation à base de « sois parfait.e » et de « fais plaisir ». 

Comme un « bien, mais peut mieux faire », dans sa version alimentaire…

Voilà l’alimentation monitorée, surveillée, mesurée, prescrite bien plus que choisie, ce qui participe à nous déconnecter de nos sensations et de nos besoins réels (on en reparlera).
Mais l’insécurité n’est jamais qu’alimentaire, une fois rentrés dans spirale du « pas assez ».
Pas assez bien, pas assez mince, pas assez parfait.e : le système de représentation collectif du « peux mieux faire », notre système capitaliste vertical de classements, de comparaisons et d’injonctions. 

La grossophobie est en elle-même stressogène, elle créé un stress permanent d’hypercontrôle et d’hyper-responsabilisation de l’individu, aussi culpabilisante que simpliste.
Breaking niouws : dans ce monde hyper-jugeant je doute que les personnes choisissent d’être obèses, et prétendre qu’il suffit de manger moins et bouger plus est bien mal connaître la grande variabilité des causes de surpoids.

Là encore nous ne sommes pas des machines régies simplement par nos calories entrantes et sortantes, nous sommes des individus avant tout, avec leurs particularités métaboliques et physiologiques, dans un système complexe dépendant de états, de nos traumas, d’éventuelles pathologies, traitements, et/ou déséquilibre hormonaux, de notre niveau de stress aussi, de nos cultures, de nos habitudes alimentaires aussi bien sûr, mais pas que, tellement pas que.

Machines peut-être, mais infiniment complexes, individualisées, et variables.
Il est temps de parler de Théorie PolyVagale.

Etats et poids : des variations polyvagales

On l’observe au quotidien : nous ne sommes pas tous égaux face à la nourriture.
Certaines personnes vont manger ce qu’elles veulent sans prendre un gramme, et d’autres vont prendre un kilo en regardant une pâtisserie.
Comme quoi l’idée même d’appliquer les mêmes formules métaboliques à tout le monde ne fait pas sens…

Là encore, la Théorie PolyVagale nous donne une clé de lecture intéressante.
Dans une lecture très primaire, on peut déjà imaginer qu’une personne en suractivation sympathique, dans la mobilisation de l’action permanente, va brûler plus de calories qu’une personne dans un repli dorsal qui va tout faire pour préserver son énergie.

D’ailleurs si on regarde le questionnaire des états de Porges, traduit par Eric Marlien, les personnes en sympathique ont des difficultés à prendre du poids, quand les personnes en dorsal ont plutôt tendance à en prendre (parfois sans qu’on sache d’où – le drame de ma vie)

C’est une première lecture énergétique, mais on peut la compléter d’une lecture plus sécuritaire.
La vidéo date un peu, mais l’image du guide du débutant de Deb Dana d’habiter ou non sa maison est parlante : 

 

La personne en sécurité, en confiance et en présence habite pleinement son corps/maison.
Elle est à l’écoute de ses besoins et sensations, mange juste ce qu’il faut, ce qu’elle veut, sans culpabiliser, et probablement sans grossir aussi.
Je doute qu’on ait une étude formelle sur le sujet, mais ça m’étonnerait que les personnes à dominante vagale ventrale souffrent de TCA…

Les personnes en sympathique chronique vont être en permanence dans un état de défense de leur maison contre les envahisseurs, à grands coups de messages contraignants, et avec un coût énergétique certain. Ils vont cultiver une illusion de puissance dans le contrôle de l’alimentation, mais n’oublions pas que le sympathique peut autant combattre que fuir, et abandonner le contrôle et la maison pour se réfugier… dans un paquet de chips qui sait ?
(c’est TRES caricatural et simplifié attention, là encore ça dépendra des mécanismes de défense de chacun, et on peut aussi très bien fuir dans les addictions, à l’alcool, au sport, aux stimulants, ou dans une certaine orthorexie qui combinera tout ça)

Quant à notre vagal dorsal il n’est plus du tout en sécurité dans la maison, il n’en peux plus d’entendre l’alarme, à tel point qu’il peut dans sa version la plus extrême se dissocier (de son corps comme des signaux de sa maison) : il est alors quasi impossible de prendre conscience de ses besoins et sensations réelles, et si on en venait à manger pour se rassurer (le fait de manger est apaisant), n’oublions pas qu’en dorsal la moindre pulsion compte double, ou triple, car le métabolisme est ralenti.

Tu commences à voir l’importance d’une approche humaniste individualisée ?
De la prise en compte de nos mécanismes de défense et de survie ? Et donc de nos parcours de vie ?

Et quand bien même on resterait sur une lecture purement alimentaire, savais-tu que la restriction va activer nos comportements de survie, que ce soit l’agressivité sympathique ou le repli dorsal ?

Une étude intéressante sur le sujet, présentée par Renata Barcelo : 

 

Cette vidéo très éclairante et déculpabilisante montre que la restriction calorique peut dans une premier temps rendre agressif (sympathique) avant d’activer le mode survie vagal dorsal (coupant ainsi le lien avec les proches, l’humour, une forme de légèreté de la vie, et les désirs sexuels aussi, en plus de mettre en mode préservation d’énergie).
On s’en doutait avec la logique TPV : privation égale menace, menace égale préservation d’énergie, mais là c’est bien illustré.

D’ailleurs l’anecdote des chewing-gum est intéressante, la déglutition active le vagal ventral : les sujets se sécurisent en simulant l’alimentation qui leur manque, mais aussi par la simple action de déglutir (ce n’est pas pour rien que la tétée est un moment privilégié de construction du lien de sécurité – ou le biberon, mieux vaut un biberon donné avec cœur qu’un sein donné avec rancœur).  

En revanche je me demande si la succession de burn-out, avec un vagal dorsal subi, va participer à ralentir le métabolisme à cause du vagal dorsal de survie (mode ralenti) et/ou augmenter les besoins de bases pour pouvoir se reconstruire après la décompensation ?
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‘ailleurs quand les besoins en calories augmentent le temps de récupérer est-ce que le métabolisme basal augmente aussi ?
Et quid de l’inflammation de bas grade lié à des mois ou années de stress chronique ?

En tout cas chez moi, j’ai l’impression que mon métabolisme est très très ralenti…

 

Mon métabolisme de zombie

On pourrait penser qu’étant devenue obèse suite à mes traitements successifs contre la bipolarité j’aurais une forme d’inflammation systémique (on fait souvent le lien entre obésité, inflammation, et maladies cardiovasculaires). Et pourtant j’avais de sérieux doutes, parce qu’entre ma dominante vagale dorsale et ma trilogie de burn-out plus mon autisme, qui renforcent la place sécuritaire du dorsal, j’ai tout pour avoir un métabolisme ralenti, et bien plus glacé qu’enflammé.

En fait depuis mon deuxième burn-out, où j’avais fait une grosse hypothermie, mon corps a perdu un degré, n’est plus capable de faire de fièvre (je fais des hypothermies quand je suis malade), avec un rythme cardiaque plutôt lent et une tension plutôt basse : si je ne suis pas une zombie, je suis au moins une Serpentard !

Après en bonne scientifique j’ai voulu vérifier mon hypothèse, et j’ai fait fait un bilan bio complet et… je n’ai pas le début du commencement d’une inflammation systémique, ni de prédiabète, ce qui est super bien pour moi MAIS assez inattendu en étant en obésité.

Si je prends ma posture de scientifique, on a un GROS niveau de preuve sur les liens entre inflammation et obésité (mais aussi maladies cardiovasculaires, dépression, maladies inflammatoires et auto-immunes…), et une obésité sans inflammation c’est plutôt bizarre à vrai dire.
De l’importance de faire sa biblio certes, MAIS aussi de vérifier ce qui fonctionne pour soi, et trouver SES réponses.

Plus sérieusement ça pose la question de la biologie des états : est-ce qu’on a un profil inflammatoire différent entre le burn-IN / sympathique / cortisol haut et le burn-OUT / dorsal / cortisol bas ?
C’est un de mes grands questionnements du moment avec la team POWER.

Est-ce que c’est ma grosse dominante dorsale qui explique mon absence d’inflammation malgré l’obésité ? Le fait que mon obésité soit plus médicamenteuse qu’inflammatoire ? La combo médicaments / trilogie de burn-out / autisme qui ralentit++ mon métabolisme ?
(et ce n’est pas une hypothyroïdie, LA réponse la plus évidente et pourtant là aussi tout est normal)

Suis-je simplement représentative d’un dorsal « normal » ?! (quand bien même cette notion de norme ait un sens…)

Il va falloir que je sois TRES rigoureuse dans mes recherches et partages pour ne pas projeter mes réponses en tout cas, rien ne dit qu’elles seront « LA » vérité du dorsal, si ça se trouve je suis là encore hors des cases !

Ensuite mon cas n’est clairement pas isolé. Pour info il y a une dizaine d’années, quand je bossais en médecine fonctionnelle sur le stress et l’inflammation on avait identifié ce qu’on appelait les « obéses métaboliquement sains » (dont je ferais partie, donc). 

Avec le prisme TPV je dirais que ces « obèses métaboliquement sains » ont soit un Système Nerveux Autonome régulé qui joue son rôle anti-inflammatoire, soit trop de dorsal pour développer une inflammation, mais avouons que ça interroge ! En plus avec le recul certains vont jusqu’à contester l’existence de ces profils : personne n’aime les anomalies statistiques, et dans notre société grossophobe des obèses qui vont bien ça dérange…

Le truc c’est que quand ton obésité n’est PAS inflammatoire, SANS hypothyroïdie, avec un foie OK (on a vérifié aussi), ce sont QUOI les leviers d’action à actionner ?!

Alors bien sûr on a tous intérêt à tester le retrait des laitages et du gluten, ou le régime FODMAPS, encore plus après un stress chronique et sa dominante sympathique (on peut rater une inflammation de bas grade), tenter des restrictions caloriques ponctuelles, une cétose, toutes ces choses qu’on vente dans la perte de poids, mais parfois ça ne fait juste rien, et c’est ok : c’est juste que ce ne sont pas NOS réponses.

D’ailleurs qui a dit que les réponses aux troubles du comportement alimentaire devaient être alimentaires ?

 

Troubles alimentaires, réponse sécuritaire

A ce stade de notre réflexion, et encore plus si tu as écouté l’interview de Masha jusqu’au bout avant de me lire, tu l’auras compris : les troubles alimentaires sont bien plus profonds qu’un simple rapport à la nourriture.

Comme toutes les addictions et pulsions elles sont bien souvent là pour nous aider à supporter (ou masquer) des blessures.
Personne ne choisit de se suradapter, que ce soit pour combler un gouffre sécuritaire et/ou un gouffre identitaire quand il y a suradaption on va bien souvent tout faire pour être accepter (besoin d’appartenance) au détriment de nos besoins physiologiques. 

Une personne insecure est rarement réceptive des signaux de son corps, de ses besoins physiologiques et envies.
Elle va plutôt introjecter les consignes et injonctions des magazines et des pseudo-régimes, parfois combinées avec une terreur de grossir fruit de la grossophobie et la haine de soi de ne pas arriver à répondre aux injonctions illusoires de contrôle. 
Ca en fait, du poids symbolique à porter !

Sans oublier un élément fondamental : nous n’avons pas tous les mêmes besoins.
La norme est comme le contrôle : une illusion. Elle représente une majorité certes, mais croire que nous sommes tous et toutes fait pareil est une aberration.

Dans mon précédent article sur le continuum de la différence j’avais illustré l’image du Dr Thomas Boyle, reprise par Saverio Tomasella, qui faisait de nous des fleurs plus ou moins adaptables :

Il est utopique de vouloir faire de tout le monde des enfants pissenlits capables de pousser partout, nous avons tous nos degrés d’adaptation et nos besoins spécifiques, et une orchidée aura besoin d’un environnement plus adapté et bienveillant pour s’épanouir. 
Et quand bien même les pissenlits donneront mieux l’impression de s’adapter aux attentes systémiques, nous avons tous à gagner à reconnecter à nos besoins et à nos sensations pour cultiver un terrain fertile, en prenant en compte toute la diversité de nos spécificités.

La solution est comme le problème : systémique.
Prendre conscience du système capitaliste, patriarcal et grossophobe. 
Arrêter de culpabiliser de s’être suradapté.e (la TPV est très libératrice pour ça : on ne choisit pas nos états, et ils sont là surtout et avant tout pour nous préserver).
Arrêter de se rendre responsable de ce qu’on ne contrôle pas.
Reprendre en revanche sa responsabilité sur ce que l’on contrôle : la connexion à son corps. 

Objectif Je(u), toujours

L’idée est d’adapter une posture de neutralité et de lucidité face au système qui nous a fait basculer dans cette injonction à toujours tout contrôler pour revenir à notre seule vraie maîtrise : l’écoute de soi, de ses besoins et sensations. 

Objectif je : sois et ses besoins, LA base pour apprendre à se respecter, mais aussi le plus gros des challenges quand on s’est hypercentré sur autrui, les attentes des autres dans le but d’être validé, et/ou de ne simplement pas être rejeté.e.
Objectif jeu aussi : retrouver une forme de plaisir dans l’alimentation, un « vagal ventral » alimentaire dans un juste milieu entre le contrôle sympathique et un risque de honte dorsale (je simplifie).

C’est une quête sécuritaire, réapprendre à s’écouter et se faire confiance, un vrai acte rebelle en soi quand on a passé sa vie à manger ce qu’on nous disait, quand on nous le disait, dans l’insécurité de privations régulières et la honte de possibles compulsions. 

C’est autant une invitation à faire la paix avec soi-même, ses envies et besoins spécifiques (nous ne sommes pas tous des pissenlits, nous avons chacun nos besoins spécifiques) mais aussi une forme de réapprentissage du bonheur. Ce n’est sûrement pas pour rien que Tal Ben Shahar a choisi l’image d’un hamburger pour représenter notre rapport au bonheur : la symbolique alimentaire est quand même très liée à la notion de plaisir.

Dans sa représentation Tal  Ben-Shahar va observer si notre quête de bonheur se situe dans le présent et/ou dans le futur.

Le défaitiste ne croit plus au bonheur, ni maintenant ni après, il va prendre le pire burger comme s’il n’y avait pas de lendemain, complètement déconnecté de ses émotions. Du bon gros dorsal.

Le viveur, ou l’hédoniste, va se faire plaisir au présent sans forcément penser au futur : il va prendre le plus gros des burgers, avec la plus grande des boissons… en sachant très bien qu’il ou elle se sentira mal après… ce qui pourrait symboliser les moments de compulsion.

Le fonceur ou l’arriviste sera lui dans un contrôle permanent, répondant aux injonctions sympathiques : il va prendre le burger végétarien qui sera peut-être insipide au présent (on a progressé depuis, on est bien d’accord, et l’idée n’est bien sûr pas de critiquer les burgers végétariens) avec la satisfaction d’avoir fait le meilleur choix pour le futur.

Tandis que le burger idéal fera plaisir à la fois au présent et dans le futur : ni trop ni trop peu, il est mangé avec satisfaction et sans culpabilité, c’est le burger du bonheur.

L’idée est de sortir de l’injonction d’être une femme « modèle », si par « modèle » on entend « qui répond aux attentes et injonctions des autres », à savoir la gentille fille qui conjugue SurperFormance et Superfection, en permanence dans le contrôle et l’oubli de soi, voire la haine de soi. 
Tout simplement parce que c’est irréaliste, et destructeur.
Quand le modèle épuise c’est un signe qu’il faut le réajuster.

Passer d’un modèle de superfection à un idéal, un idéal d’épanouissement, d’accomplissement, d’apaisement, et de respect de soi et ses besoins.
LA différence étant que le « modèle » est bien souvent celui des autres, alors que l’idéal nous avons chacun le nôtre. 

L’idée n’est dont pas que le bonheur se trouve dans un hamburger (d’ailleurs qui dit que ce n’est pas notre état qui impacte notre perception d’hamburgers finalement très similaires ? -ou de tout autre aliment finalement), mais elle invite à faire la paix avec soi, à se rééduquer à l’écoute de soi, et à oser manger. 

 

Oser manger

Quand j’ai parlé de mes errances alimentaires dans mes stories  on m’a pointé sur plusieurs personnes et ressources, et je voulais finir cet article en vous partageant quelques points clés d' »Osez Manger » de Jean-Philippe Zermati : s’il met du temps à devenir concret au final il est vraiment intéressant, et intègre la notion de stress ET de sécurité dans le rapport à la nourriture (ça c’est plutôt rare, et très TPV).

Il appuie sur le fait qu’un mangeur insécurisé ne sera pas connecté à ses sensations, voire sera influencé par sa peur d’avoir faim et/ou de manquer, mêlant inquiétudes et risque de culpabilité. De la même façon le stress va nous couper de nos ressentis et besoins, que ce soit dans la réalité de notre faim et/ou dans notre satiété.

Enfin son combat, commun avec le discours de Masha : l’invitation à se libérer du contrôle !

Pas de secret ici, l’invitation rejoint le discours de Masha, c’est celle de réapprendre à écouter son corps, et de « comprendre quoi ressentir » : la base, mais pas forcément évident après des années de déconnexion voire de dissociation.

Le Dr Zermati propose une prise de conscience en trois étapes, et tu le sais j’aime bien les trilogies.
Il a défini 3 sensations successives qu’il faut identifier pour réapprendre à s’écouter :

  • la faim : envie de manger
  • la satiété : les sensations de faim disparaissent (en début de repas)
  • le rassasiement : plus envie de manger, et donc arrêt du repas

Il explique lui aussi que nous sommes nombreux à être déconnectés de nos sensations et à ne plus avoir ces perceptions, voire à avoir des perceptions erronées si on manque d’attention ou qu’on est en stress/insécurité. D’ailleurs c’est intéressant il relie le désir (wanting – faim) avec la dopamine et le plaisir (liking – rassasiement) avec les opioïdes. Quand on sait que la biologie du trauma est reliée aux opioïdes (cf François Le Doze) ça pourrait expliquer que les personnes dissociées, à dominante dorsale, sous médoc, ou autistes (ou la combo de tout ça comme moi) aient du mal avec la perception du plaisir et donc du rassasiement, et de là mangent trop et stockent…

En plus il dit lui aussi que quand on est dans le contrôle on est dans le stress, et déconnecté de ses sensations : l’idée est de revenir à la présence, de répondre à ses envies de manger émotionnelles, de se reconnecter au désir et au plaisir (plus simple à dire que facile à faire, on est d’accord)

Sa solution ? Une trilogie aussi 😀 !
Il partage une trilogie d’objectifs : plaisir – attention – sécurité.

Tout ça est vraiment très TPV, ça m’oriente un peu sur le quoi observer / rechercher dans les sensations, et c’est très stress-défense parce qu’il est plus dans l’écoute que dans le contrôle, avec cette même invitation à se reconnecter à soi et à ses ressentis. Une vidéo pour approfondir, ou il parle de « faillite de soi » là où Masha parle de « haine de soi », mais ce sont exactement les mêmes mécanismes :

 

 Je ne sais pas s’il pratique l’Internal Family System, mais on pourrait penser que le « moi » correspond au self et le « lui » à une part contrôlante traumatisée qui nous déconnecter des perceptions de satiété… une autre piste à explorer ?

En toute transparence j’ai eu l’occasion d’échanger avec le Dr Zermati le temps de quelques consultations, et si son approche est centrée sur l’écoute de soi il a tout de même cette lecture très classique de « si on grossit c’est qu’on mange trop », sauf qu’après avoir pris 5 kilos bonus le temps d’une hypomanie où on m’a sédatée pour dormir, sans manger plus, je n’ai pas donné suite. Je recommande son bouquin, vraiment libérateur pour déstresser face à la nourriture et les envies émotionnelles, qu’il invite à accueillir et respecter, mais le vrai coup de cœur et la vraie révélation a été en écoutant Masha, qui va aussi dézoomer de l’alimentaire pour élargir au systémique, et dont je te recommande les vidéos sur sa chaîne youtube si tu souhaites aller plus loin : 

 
Sur la question sur laquelle je n’ai pas rebondi dans l’article des liens possibles entre haute sensibilité et TCA,
mais tu as tout plein d’autres vidéos, notamment les derniers lives dans « directs », sur la chaîne youtube de Masha

Sachant que rien n’est désespéré : ton rapport à l’alimentation n’est plus le même quand on est en sécurité.
Le respect de soi reprends sa place abandonnée, chassant la culpabilité, pour une relation plus harmonieuse avec la nourriture bien sûr, mais avec soi surtout.

Si tu veux faire ce chemin avec Masha, ça se passe sur « Boule de vie » 🙂 

Et je pique la conclusion au Dr Zermati : 

Faim 🙂