J’ai le plaisir d’accueillir aujourd’hui Jessica Save-Pédebos, Docteure en neuropsychologie et psychologue clinicienne spécialisée dans l’accompagnement des enfants neuroatypiques, notamment TDAH & TSA, mais pas que.

Ensemble nous allons explorer le cas particulier de l’accompagnement des enfants neuroatypiques, et les apports possibles de la Théorie PolyVagale pour mieux comprendre et accompagner leurs besoins spécifiques.

C’est parti pour une interview efferveSciente (et pas trop longue, pour une fois), à retrouver ici :


Pour retrouver le travail de Jessica : son Instagram, son site, son livre & ses ressources chez Tom Pousse,
et la communauté Hapyk pour les parents d’enfants autistes (et les grands autistes aussi)

Et qui dit interview dit article pour aller un peu plus loin, mais aussi profiter de ressources visuelles, et d’un joli cadeau dans l’article pour familiariser les enfants à la TPV (si tu as regardé toute la vidéo tu sais) 🙂 

Vous avez dit fonctions exécutives ?

Jessica accompagne les enfants porteurs de troubles neurodéveloppementaux et de troubles des apprentissages depuis plus de 15 ans, d’abord en clinique et recherche puis en libéral, en réalisant des bilans, de la guidance parentale, de la psychoéducation des enfants (avec tout plein de jolis outils visuels), et de la remédiation cognitive et sociale (une forme de thérapie ayant pour objectif de diminuer l’impact sur le quotidien des difficultés cognitives d’un patient).

Sa spécialité, ce sont les fonctions exécutives chez l’enfant, c’est à dire toutes les capacités de l’enfant lui permettant d’organiser ses actions : initier une tâche, de la planifier, de s’adapter à son environnement, d’utiliser sa mémoire de travail et de réguler ses émotions ou son comportement… ce qui est déjà un apprentissage conséquent chez tout enfant, mais peut être encore plus challengeant avec un troubles neurodevéveloppemental et/ou des apprentissage (et si nous avons surtout parlé des TDAH et TSA, je pense particulièrement à nos ami.e.s DYS ici…).

C’est l’art d’activer son chef d’orchestre, pour pouvoir fonctionner avec efficacité et harmonie.

Parce qu’une image vaut mille mots, et que nous sommes deux visuelles, voici un schéma récapitulatif des différentes fonctions exécutives, avec les jolis personnages de Jessica : 


Les fonctions exécutives chez l’enfant, schéma issu des ressources du livre de Jessica Save-Pédebos,
« 100 idées pour comprendre et accompagner les troubles des fonctions exécutives chez l’enfant »

Comme l’explique Jessica dans notre interview, ces fonctions exécutives peuvent être perturbées par les neuroatypies : difficultés à mobiliser « Monsieur Stop » pour les TDAH*, ou manque de flexibilité face à la nouveauté (représentée par la gymnaste dans le livre) pour les profils TSA*.
*TDAH : Trouble Déficitaire d’Attention avec ou sans Hyperactivité, TSA : Trouble du Spectre de l’Autisme – tu peux les retrouver dans notre article sur les neuroatypies avec Ici Odette 😉 

Les teintes de la différence et de la neuroatypie avec Ici Odette

Les profils neuroatypiques auront donc des tendances de troubles exécutifs teintés de leur particularité spécifique, et là où on a connecté avec Jessica, grâce à Alexia de la super plateforme pour les parents d’enfants TSA Hapyk, c’est qu’on peut faire un lien avec la Théorie PolyVagale !

TPV & neuroatypies 

C’est un sujet que j’explore depuis des années, mais que j’ai encore un peu de mal à formaliser, par peur de trop généraliser : les liens entre Théorie PolyVagale et neuroatypies.

Sur la bipolarité c’est facile, quand on a intégré que les bipolaires ont en fait trois états, qui se calent parfaitement sur les états TPV, on comprend comment la clé de lecture TPV est une clé de lecture précieuse pour lire ma bipolarité et éviter les extrêmes… 

Sur les neuroatypies plus classiques que sont TDAH & TSA, les liens semblent évident de premier abord, mais doivent être modérés si on veut être précises & non caricaturales. Basiquement on a : 

Dans les très grandes lignes, on peut assez évidemment dire que le TDAH avec son hyperactivité a une dominante sympathique, quand l’autiste sera plus replié en dorsal. Et c’est pas faux, pour citer Perceval. 

MAIS.

Le TDAH va avoir un coût énergétique certain, aussi on peut trouver des TDA(H) avec la pile à vide, prostrés en dorsal le temps de refaire leurs niveaux d’énergie. ET on peut trouver des autistes dépassés par leurs ressentis qui vont déborder en crise autistique de type meltdown (débordement sympathique) ou se prostrer en shutdown (repliement sur soi en dorsal)

Nous avons tous tous les états, ne l’oublions pas.

Mais si je n’ai pas fait ce schéma récap plus tôt c’est aussi parce que je ne savais pas quoi mettre en ventral, et où mettre le haut potentiel. Après différentes discussions et avoir affiné les différents profils, je propose ici (mais c’est juste mon avis) que la haute sensibilité soit liée entre autres à une sensibilité ventrale plus élevée (et on peut avoir un excès de ventral), quand le haut potentiel apporterait un « surplus de flexibilité vagale », permettant une navigation plus fluide entre les états.

C’est juste une hypothèse personnelle qui gagnerait à être challengée et étudiée de plus près, mais elle a le mérite de fournir une explication (partielle sûrement), de pourquoi la présence d’un (T)HPI (Haut Potentiel Intellectuel) va aider à gérer (masquer ?) un TDA(H), de même qu’il va compenser les troubles du spectre de l’autiste pour les profils sans déficit de verbalisation (et compliquer sérieusement le diagnotic, encore plus pour les filles & femmes autistes suradaptées)

Ensuite c’est bien joli de croiser les théories, mais ça n’aide pas nos jeunes neuroatypiques à s’approprier la clé de lecture TPV, dont les dénominations classiques (vagal ventral, sympathique, vagal dorsal) ne sont pas les plus sexy… mais parce que les grands esprits se rencontrent, nous avons avec Jessica adopté la même solution…

 

Il était 3… « étAnimaux » 

Quoi de plus accessible et parlant que d’obscurs dénominations neurobiologiques, pour sensibiliser les enfants aux états de la TPV ?

Les couleurs déjà, et les mascottes encore plus 😀 !
C’est pourquoi avec Jessica nous avons introduit des « animaux-totem » pour chacun des états !

Voici ceux de Jessica, que tu peux retrouver dans les ressources de son livre (idée 83), que j’ai adaptés en fiches avec son accord : 

Jessica a choisi/proposé une trilogie d’animaux aux énergies plus variables, qui font bien écho à nos 3 états :

  • L’écureuil qui s’agite dans le sympathique, toujours actif et prêt à bondir (quoique l’hiver il hiberne…)
  • La tortue TSA qui v a se replier dans sa coquille en mode « freeze » / figement en cas de danger trop important pour ses ressources, et/ou de vécu anxieux (et il aura besoin d’un temps dans sa bulle)
  • Le gorille, ou le singe, selon ta préférence, qui est ouvert, social, et engagé avec l’environnement : la pleine confiance incarnée

De mon côté j’étais partie sur des « nuances de chats » pour illustrer les état de la TPV

D’après « Les 3 chats » l’article, et le livre du même nom

Et parce qu’une image qui bouge vaut encore plus qu’une simple illustration (n’est-ce pas Harry Potter ?), je te remets ici ma vidéo introductive à la Théorie PolyVagale pour les enfants, que tu peux retrouver avec son article illustré ici

 

Et donc nous t’invitons avec Jessica à choisir l’animal qui est le plus parlant pour toi, pour chacun des états : 

Si tu avais le POWER (et tu l’as) de choisir tes animaux à toi, tu prendrais quoi ? Quel animal pour quel état ?

Et si tu avais des jolies cartes perso personnalisables pour ça 😉 ?

SURPRIIIIISE 😀 !!!

Tes fiches états personnalisables (mais pas que) à télécharger ici

Nous avons le plaisir de t’offrir tes fiches états de la Théorie PolyVagale avec des animaux que tu pourras choisir dans ma base, ou dessiner toi-même !
Des cartes totalement personnalisables, à télécharger et personnaliser gratuitement 😀 (de rien)

Ensuite les cartes sont un début : tu peux les imprimer bien sûr, vous pouvez en jouer, parler de vos états en tant qu’animaux, mais aussi donner encore un peu plus vie au concept avec des peluches ou figurines pour chacun des états. Mission imaginAction !

C’est un beau début pour commencer à s’initier à la TPV, et la pratiquer, en observant ce qui active et déclenche chacun des « étAnimaux » par exemple, mais le travail de Jessica ne s’arrête évidemment pas là…

Les particularités des enfants neuroatypiques

En préparant notre interview et en croisant nos neurones, Jessica m’a envoyé un article sur les difficultés d’intéroception des profils autistes : nous pouvons avoir du mal à connecter avec notre corps, notre système nerveux, et détecter ses états et/ou les messages du corps… La fameuse intéroception qui est l’observation consciente des états autonomes, qui s’activent automatiquement selon le niveau de danger perçu via la neuroception.

C’est un véritable travail d’enquête personnelle, sur soi et ses états, que propose Jessica dans ses accompagnements, pour détecter les signaux d’alerte polyvagaux et travailler à améliorer la dysrégulation émotionnelle fréquente chez les profils autistiques… 

J’avais d’ailleurs expliqué, dans un article sur les états et les émotions, qu’en tant qu’autiste, les états m’étaient plus accessibles, et que je passais pas les états pour rétrécir le panel possible d’émotions (voir l’article) :

Nous avons aussi les thermomètres émotionnels en commun avec Jessica

Mais parce que reconnaître les émotions c’est bien, mais que savoir les accueillir c’est mieux, abordons si tu veux bien un dernier point pour clôturer cet article…

 

Crises autistiques & débordements émotionnels

Comment gérer la crise d’un enfant autiste, que ce soit un meltdown (débordement sympathique), un shutdown (repli sur soi) ou un « simple » débordement émotionnel ? 

Si on s’en tenait aux discours généraux sur la parentalité positive et bienveillante, on aurait sûrement tendance à vouloir prendre l’enfant dans les bras, le contenir… ou pas. 

S’il est important de laisser la vague émotionnelle s’écouler, et d’être présent pour l’enfant mais pendant la crise n’imposez surtout pas un contact physique, qui peut être particulièrement stressogène pour un profil autistique. 

C’est là qu’on voit tout l’intérêt de la sensibilisation sur le consentement : vous pouvez PROPOSER un câlin, mais surtout pas l’imposer, l’immobilisation pouvant renforcer une perception de menace à la vie sur des profils à dominance dorsale (ce qui est le cas général des autistes)

Dans Ancré, Deb Dana propose un continuum du toucher, de la personne en manque de toucher à celle rassasiée de toucher (j’ai mis aussi les termes anglais, à vous de voir ceux qui vous parlent le plus)

Rien que l’idée de me parler de toucher alors que je suis dans mon dorsal tranquille, ou pire en pleine crise, est une idée stressogène pour moi, et je ne suis clairement pas la seule autiste dans ce cas.

D’ailleurs quand on lit la suite du chapitre où est présenté ce continuum du toucher (p145 et suivantes), Deb Dana en expliquant que nous ne sommes pas tous également réceptifs au toucher, ou plus spécifiquement aux câlins. Certains profils préfèreront l’auto-toucher quand ils sont en crise (ou les fidgets, ces petits gadgets à malaxer/triturer/mordiller/faire tourner qui peuvent être très apaisants), quand d’autres encore préfèreront un enveloppement (vêtement doudou, peluche chauffante et/ou couverture lestée)

En ce sens j’ai ajouté un second axe au schéma initial : 

De l’importance d’être au clair sur ses besoins spécifiques, et aussi d’oser les exprimer ainsi que ses limites…

Pour ça la TPV est vraiment un outil précieux, mais un outil simplement, une clé de lecture, de décodage corporel, de prise de conscience d’un faux-self de suradaptation aussi, pour mieux tomber les masques et préserver son énergie, pour mieux avoir accès à ces fameuses fonctions exécutives & (re)mettre du je(u) 🙂 

Pour 99 autres outils pratiques pour aider vos enfants neuroatypiques, je vous recommande le livre de Jessica, « 100 idées pour comprendre et accompagner les troubles des fonctions exécutives chez l’enfant« , et ses ressources visuelles : 

Pour une introduction illustrée avec des chats à la Théorie PolyVagale pour les plus jeunes (3-6 ans), il y a mon livre « Il était 3 chats » qui introduit la TPV, et que tu peux compléter de ton kit de fiches personnalisables offert, avec en bonus les fiches émotions et ta potion personnalisée pour cultiver ta pleine confiance TPV 🙂 

Mon livre « Il état trois chats« 

Et pour les parents d’enfants autistes (encore plus s’ils sont autistes eux-mêmes), nous vous recommandons++ l’excellent site Hapyk, ses ressources, ses webinaire à tarif on ne peut plus symbolique, pour faire le plein de clés de lectures & d’outils pour mieux vivre son autisme, et/ou mieux accompagner l’autisme de son ou ses enfants : Hapyk.com

Ici un tout petit aperçu du webinar « Comprendre l’autisme de l’intérieur »
avec Anne Cremer qui intervenait pour HAPYK, à retrouver ici 💙

Je recommande vivement leurs contenus, qui me font l’effet d’un HPI qui regarderait son Congrès Douance : j’ai pu plonger dans ma tête, et réaliser que je n’avais finalement que peu exploré les spécificités du fonctionnement autistique 🙃

J’y ai appris que le câblage cérébral des autistes faisaient que nous ne traitions pas l’info comme les normopensants, et que notre sensibilité particulière aux différents stimuli externes et internes faisaient que nous percevions 40% d’info en plus que les normopensants !! Une surcharge d’info qui peut expliquer les crises autistiques, que ce soit le meltdown sympathique où on va exploser, ou le shutdown dorsal où on va se renfermer (la version ultime étant le burn-out autistique, qui n’était pas le sujet du jour mais qui a été évoqué)

Si le sujet tintéresse le replay est accessible ici, à un prix symbolique mini-mini, et de jolies ressources associées 👉 https://novaigys.lpages.co/autismedelinterieur/ 🧐

Outre le support de la présentation vous aurez des ressources pour approfondir le sujet, dont une super sketchnote de Donovan Reyter qui illustre le traitement particulier de l’information des personnes autistes, avec un seau qui peut saturer et déborder de trop d’infos, et qu’il faudra régulièrement « purger » pour éviter les crises : vraiment bien fait 👌

Et si je vous disais qu’on reparlera bientôt des apports de la Théorie PolyVagale pour les jeunes autistes et TDAH, de comment les atypies vont influencer nos modes par défaut, et de comment la régulation du système nerveux devra être adapté à nos profils particuliers 🤓 #chut

Si vous avez des questions sur le sujet, vous pouvez les poster en commentaire, ça nous aidera à mieux préparer ce partage 🙂

D’ici là prenez soin de vous, et la team autiste encore plus que les autres : c’est ok de passer du temps en dorsal, c’est même précieux et indispensable pour nous 💙

Enfin pour les fans comme Jessica et moi d’Encanto, si vous avez 1h30 à tuer ne manquez pas mon analyse efferveSciente & polyvagAlchimique de WISH, le dernier Disney (mais pas que, je reprends tous les derniers Disney au passage), et qui dit article sur les neuroatypies dit que je vais vous laisser sur une pépite de sensibilisation, qui introduisait mon article sur les différentes neuroatypies (avec Ici Odette) : Nobody is normal.

 
Prends soin de tes besoins & de tes intérêts spécifiques :
c’est toi, ils sont précieux, comme toi, objectif Je(u) ! 

L’Instagram de Jessica 👉 https://www.instagram.com/jessica_svp_neuropsy
Son site internet 👉 https://www.comprendre-les-fonctions-executives.fr/  
Présentation de son livre & ressources 👉
https://tompousse.fr/livre/100-idees-pour-comprendre-et-accompagner-les-troubles-des-fonctions-executives-chez-lenfant/
La communauté Hapyk pour les parents d’enfants autistes 👉 https://hapyk.com/