Le point commun entre les émotions et la Théorie PolyVagale ? 
Fournir une clé de lecture de ce qui se joue à l’intérieur de nous.
En ça, la TPV est particulièrement précieuse, car elle propose une alternative à celles et ceux qui ne sont pas forcément à l’aise avec les émotions
Mais ce qui est encore plus précieux c’est de pouvoir naviguer d’une clé de lecture à l’autre au fil de ses besoins et affinités.
C’est parti pour une plongée dans le monde merveilleux des émotions et des états… à moins que ce ne soit l’inverse ?

 

Vous avez un message

Les émotions sont là pour te faire passer un message.
Elles t’informent de ce qui se joue en toi, et t’invitent à te mettre en mouvement, de leur sens premier d’« e-movere » (se mouvoir)

« Chaque émotion, sans exception, est utile, car elle véhicule un message qui nous donne des pistes. »
Nathalie Alsteen

Les émotions sont là pour te mettre en mouvement en réponse à un besoin donné.
Chacune a son message, et on peut elles aussi les penser en tant que curseurs, ou plutôt en tant que joystick, chaque émotion de base ayant son propre mouvement :

Derrière chaque émotion un besoin, et une direction

Chaque émotion est là pour imprimer un mouvement qui fait directement écho à un besoin sous-jacent, et est directement liée à un état de la Théorie PolyVagale :

  • La joie est le signe que tout va bien et qu’on peut continuer à aller de l’avant en Vagal Ventral et en pleine confiance
  • La peur est un sympathique fuyant qui nous alerte sur un besoin de sécurité et nous invite à repartir en arrière, idéalement rapidement
  • La colère est un sympathique agressif qui nous pousse en avant pour nous affirmer, mais en force
  • La tristesse est une invitation au repli sur soi en Vagal Dorsal, pour se ressourcer et faire le tri avant de repartir vers de nouvelles aventures

La peur traduit donc un besoin de protection et d’anticipation, la colère un besoin d’être entendu et de changement, la tristesse un besoin de réconfort et de lâcher les attachements. La joie quant à elle est l’énergie du partage et du ressourcement.
Chaque émotion est ok, et là pour nous préserver… comme les états 🙂 

Mais nous n’avons ici que les émotions primaires, dont le nombre varie de quatre à huit selon les modèles, sans parler de leurs déclinaisons… 
On peut voir par exemple, dans le modèle de la roue de Plutchik, toute la palette des émotions et leur variété, à travers les variations de nuances d’émotions et de leur intensité :

Une roue de Plutchik intégralement refaite sous PowerPoint pour corriger des erreurs de traduction récurrentes

On trouve au centre les émotions les plus intenses, suivies des émotions de base et de leurs versions plus atténuées, qui peuvent d’ailleurs se mélanger (ce sont les émotions qu’on trouve entre les pétales). Un bel outil pour mieux décoder les subtiles variations que sont nos émotions, qui peuvent être plus complexes car plus fines à décoder que nos états de la TPV…

Si on voulait faire le parallèle entre émotions et états à partir de ce modèle :

  • Rage et colère sont du sympathique agressif,
  • Terreur et peur sont du sympathique fuyant,
  • Douleur et tristesse du dorsal subi (quand la rêverie est plus du dorsal choisi),
  • Joie, confiance et anticipation sont des déclinaisons de Vagal Ventral.

A toi de choisir la clé de lecture qui t’est la plus fluide pour passer de l’un à l’autre, et décoder les messages qui viennent d’en bas, qu’ils soient des états ou des émotions. Ils sont tous les deux un point d’entrée à la subtilité de nos messages internes…

 

Une histoire de nuances

Chaque émotion peut être considérée comme un curseur et va s’exprimer différemment en fonction de son intensité :

Adapté et complété de Brigitte Durruty, Vivement lundi ! (2016)

Que ton point d’entrée soit celui des états ou des émotions nos ressentis ont toute la richesse de leur subtilité. C’est de façon progressive qu’on pourra les décoder, comme des curseurs qui nous amènent à naviguer dans la diversité de nos harmonies intérieures.

Ce « baromètre émotionnel » m’a été un précieux allié pour reconnaître et accueillir mes émotions, encore plus quand j’ai compris que le point d’entrée pouvait autant être une émotion primaire qu’un état de perception de danger tel qu’on peut l’observer dans la Théorie PolyVagale.

Ici la joie ouvre aux déclinaisons en pleine confiance de l’état vagal ventral, du calme apaisé avec sa touche de dorsal à l’euphorie énergétique qui est plus sympathique.
La fuite est l’incarnation sympathique fuyante de la peur, qui elle aussi navigue du léger tracas à la panique la plus totale, quand le sympathique agressif de la lutte ira de la légère susceptibilité à la rage la plus absolue, du côté colère de la force.
Enfin notre amie tristesse, qui incarne l’état d’inhibition vagale dorsale peut aller du discret soupir au désespoir le plus complet.

Cette gradation d’intensité rend le décodage des émotions plus subtil que les états, ce qui permet une analyse plus fine, mais qui demande une bonne connaissance de soi et de l’expression de ses émotions. Bien sûr les deux sont liés :

On peut faire le parallèle assez rapidement entre l’état et son émotion, et vice-versa. Chacun peut alors jouer avec sa clé de lecture de prédilection pour décoder les messages qui viennent d’en bas, et les besoins associés, que ce soit à travers les états ou les émotions.

Avec cette nouvelle (double) clé de lecture j’ai pu d’abord identifier mon état du moment (ce qui m’est beaucoup plus fluide que de mettre un mot sur une émotion), avant de naviguer dans les subtiles déclinaisons pour trouver la juste nuance de mon ressenti : ou comment décoder les émotions grâce à la TPV !

Reste à faire un peu plus ample connaissance avec nos émotions pour encore mieux les (re)connaître…

 

A la rencontre de nos émotions

On peut aller plus loin en décodant les signes physiques de chaque émotion pour mieux les distinguer, comme nous le faisons en Théorie PolyVagale pour mieux décoder nos états.

Chaque émotion a ses propres manifestations qui peuvent aider à la ressentir et la distinguer.
Une clé de lecture physique qui va nous aider à toucher aux besoins plus spécifiques de chaque émotion.

Et pour ça rien de mieux que des fiches perso, en commençant par la joie :

Non seulement chaque émotion a ses signes physiques, mais derrière chaque émotion et chaque besoin se cache une action-type : pour la joie, c’est d’avancer, continuer à aller de l’avant soit en solo soit dans un mouvement de gratitude partagée.

La joie est profondément Vagale Ventrale, c’est l’émotion de base, celle à laquelle nous aspirons et vers laquelle nous retournons.
Les émotions et leurs besoins sont là pour nous ramener à la joie.

Et maintenant la peur :

La peur parle surtout du futur.
Elle traduit un danger à venir et interroge sur l’action à mener, même si la sienne, par défaut, est de reculer.

C’est en prenant du recul et en intellectualisant la situation qu’on pourra accepter la dose d’incertitude et décider d’avancer quand même, prudemment.

Place à la colère :

Notre colère est là pour nous dire que nos valeurs ne sont pas respectées—et ça, la colère, elle aime pas… et elle a bien raison : un conflit de valeurs va vampiriser l’énergie sur la durée. Il peut se mettre en place de façon insidieuse, et la colère va permettre de cristalliser la dissonance. Elle est là pour traduire un besoin de changement et de réajustement.

Prendre en compte sa colère à temps permet de réajuster la situation dans la modération, en évitant l’explosion, tout en invitant à exprimer ses limites… Les limites qui sont un vaaaaaste sujet de développement personnel, notamment après un burn-out… mais avant, la tristesse :

La tristesse est une invitation à lâcher prise sur une situation de perte, de séparation, ou bien une transition.
C’est un besoin de repli sur soi profondément Vagal Dorsal, une phase de marasme qui a besoin qu’on lui laisse sa place pour mieux faire le deuil d’une situation avant de se tourner vers d’autres horizons.

Toutes les saisons ont leur rôle à jouer, même l’hiver, et la tristesse est là pour s’accorder le temps de repli nécessaire au ressourcement et à l’émergence de nouveaux projets.

Voilà déjà de quoi décoder les émotions et les besoins associés. La question qui pourra se poser ensuite, et elle fait écho à mon précédent article avec Art-mella, est : quelle part de moi porte ce message ?


Pour retrouver l’interview et ses explications illustrées RDV dans l’article associé

On pourra alors faire équipe avec ses différentes parts pour mieux répondre au besoin et trouver le juste réajustement pour plus de joie et plus de je(u).

Des états aux parts en passant par les émotions : de la richesse des langages pour décoder nos messages intérieurs

L’erreur à éviter serait bien sûr d’ignorer ces messages qui sont autant de warnings de ce qui va ou pas.

Ignorer la peur ou la colère et avancer sans écouter leurs alertes, ou se forcer à avancer en dépit de la tristesse, sont autant de façons d’entretenir un léger stress qui n’est plus tolérable, ou en tout cas beaucoup moins après être passé par la case burn-out…

Le burn-out cache d’ailleurs bien souvent une colère refoulée qui n’a pas été écoutée. Ce n’est pas pour rien qu’on parle d’incendie !

La colère peut d’ailleurs cacher une tristesse de ne pas se sentir écouté ou accueilli dans son unicité, quand on creuse un peu… Il y a en effet quelque chose d’à la fois profondément triste et intrinsèquement révoltant d’aller jusqu’à l’épuisement pour répondre à des attentes et injonctions extérieures.

Le burn-out est là pour ça : apprendre à décoder les messages qui viennent d’en bas quand ils nous disent que ça ne va pas, et apprendre à poser ses limites et respecter ses besoins… la quête d’une vie, cette grande quête de je(u) qu’on explore avec POWER pour avancer dans le respect de son écologie…

Et toi, quelle est ta clé de lecture préférée ?

Plutôt états ou émotions ?