Dans un précédent article je te parlais de ma suspicion de « double exceptionnalité » d’Aspergirl efferveSciente.
Pour beaucoup travailler avec des HPI au fil de mes projets ils m’ont bien souvent renvoyé ma différence (façon diplomatique de dire que je leur fais peur). Et pour cause.
Pour une trilogie de raisons j’ai entrepris de passer un bilan psychologique officiel complet : bingo !
Dans la famille des neuroatypies, je demande une trilogie !
C’est désormais officiel : je suis « triple ».
- Haut Potentiel Intellectuel.
- Trouble du Spectre Autistique.
- Trouble Déficit de l’Attention.
Moi qui aime les trilogies, c’est bingo !
HPI/TSA/TDA.
Je ne sais pas si la combo a son petit nom mignon…
HPI et TDA ce sont les Guépards chers à Thierry Brunel : serais-je « Asperguépard » ?!
Peu importe les étiquettes encore une fois, l’idée ici est de clarifier mon fonctionnement, mon mode d’emploi, pour toujours aller vers plus de je(u).
Me voici donc tamponnée !
S’ensuit la phase de relecture qui est d’autant plus claire que je sais maintenant collectionner les étiquettes, notamment sur la partie burn-out…
Le burn-out autistique tu connais ?
Le nom a fait tilt quand ma psychologue l’a mentionné.
« Le burn-out autistique est un syndrome conceptualisé comme résultant du stress chronique de la vie et d’une inadéquation des attentes et des capacités sans soutien adéquat. Il se caractérise par un épuisement généralisé à long terme (généralement 3 mois et plus), une perte de fonction et une tolérance réduite aux stimuli. »
Raymaker et al., 2020
Autre extrait d’un article sur le sujet :
Le burnout autistique est un terme utilisé pour décrire l’état d’épuisement émotionnel et physique, qui peut se produire chez certaines personnes ayant un trouble du spectre de l’autisme (TSA). Il se caractérise par un état d’incapacité, d’épuisement et de détresse dans tous les domaines de la vie. Une perte de motivation, des difficultés de concentration et de mémoire, une augmentation de la sensibilité sensorielle, une irritabilité. De plus, une diminution de la tolérance aux stimulations sensorielles et/ou une dépression peuvent également être la manifestation d’un burnout autistique.
Le burnout autistique est souvent une conséquence du camouflage social (masking) dans lequel vivent en permanence les personnes autistes. Sans soutien de la part de l’entourage personnel et/ou professionnel, la personne TSA finit par se retrouver dans un état de surcharge mentale qui peut mener à cet effondrement. Effectivement, le stress élevé et l’anxiété ressentis à force de tenter de s’adapter à un environnement conçu selon des normes neurotypiques fait partie de cette charge.
Il se distingue du burnout professionnel en ceci qu’il n’est pas exclusivement lié aux conditions de travail. Lors d’un burnout professionnel, le simple fait de ne pas aller au bureau pendant le temps de votre arrêt de travail contribue à améliorer votre état. Le terrain professionnel peut cependant largement contribuer à conduire le salarié TSA à un burnout autistique. Les efforts consentis et la suradaptation représentent un challenge de longues heures par jour. Surtout dans un environnement inadapté aux spécificités de la personne.
Le burn-out autistique fait beaaaaaucoup penser au « cope-out » de Cécile Bost, ce burn-out de la suradaptation, du faux-self de normalité si coûteux en énergie.
Il est exacerbé pour les profils autistiques, et notamment les femmes autistes suradaptées qui gomment leurs particularités pour mieux s’intégrer dans la société (on parle de « camouflage social »).
Honnêtement ce burn-out autistique je l’ai frôlé en fin d’année dernière quand j’ai mené la campagne de financement du livre, et que je me suis démenée pour parler à tout le monde et toucher le plus grand monde. Et ce compteur… je ne vais pas mentir : c’était stressant, et je n’ai pas toujours « été moi ».
Heureusement que l’équipe était derrière moi pour m’aider à prendre du recul et revenir à l’essentiel.
La notion de burn-out autistique fait également beaucoup écho au burn-out des profils atypiques où on retrouve une grosse composante de suradaptation plus on moins consciente pour gommer ce décalage dont on a plus ou moins conscience et sur lequel on va chercher les fameuses étiquettes pour mieux mettre des mots sur un ressenti qui parle à beaucoup de profils atypiques.
Sauf que si on commençait tout doucement à parler de burn-out quand j’ai commencé ma trilogie le burn-out autistique n’était pas encore un sujet. Maintenant si.
Si on en doutait encore : le masque de normalité a un coût énergétique énorme.
C’est pour ça qu’on a besoin de « bulles de je(u) » ou tomber la cape et retirer les masques pour se ressourcer…
Heureusement tomber la cape et jouer avec son faux-self est une grande partie de notre quête de je(u) avec POWER et avec le livre qui is coming.
Me voici donc triplement atypique.
J’aimerais revenir rapidement sur la trilogie de raisons qui m’a poussée à passer par la case « bilans ».
La première c’est le livre.
Je voulais être au clair sur mes étiquettes dans le cadre de la com autour de sa publication.
Et quand on voit combien les commentaires peuvent être acerbes auprès des personnes en phase de diagnostic je tenais à avoir les tampons qui vont bien.
La seconde c’est mon Mini Geek.
A l’heure où on commence à pointer son fonctionnement différent je voulais être au clair sur mes atypies, pour mieux savoir quoi chercher chez lui si la question devait se poser dans le cadre de sa scolarité (il est en petite section. oui déjà.).
La troisième c’est bien sûr ma permanente quête de je(u).
Comprendre mon mode de fonctionnement, le valider, m’aide à mieux comprendre mes besoins et pourquoi j’ai eu tendance à les étouffer.
Mieux me décoder pour mieux me comprendre, mieux m’écouter, et mieux me respecter.
Et mettre des mots (ou des sigles) sur ma différence m’aide à comprendre ce décalage que je continuais à percevoir, et qui m’était souvent renvoyé, avec les « que HP », quand tout est plus fluide avec les profils ayant aussi un spectre autistique.
Je sentais bien que des étiquettes me manquaient.
Maintenant je sais, et c’est plus clair, même si ce n’est qu’une clé et pas mon mode d’emploi.
C’est pour ça que je parle de quête, et je ne suis pas sûre qu’elle finisse un jour…
Et maintenant ?
J’aimerais aller plus loin dans ma mission d’acceptAction.
Parler des différences invisibles, et de la violence qu’il peut y avoir envers les personnes qui se cherchent encore, s’auto-diagnostiquent timidement faute de mieux, faute d’avoir les contacts pour les bilans, et parce que la démarche est longue et pas toujours adaptée aux femmes suradaptées...
Alors oui je serais passée par la case des tests pour oser aborder plus ouvertement le sujet, de peur de me faire lyncher, mais je pense qu’il faut jouer selon les règles du je(u) pour espérer les changer.
Me voilà étiquetée, triplement tamponnée.
Asperguépard je suis, enfin si c’est un nom.
EfferveSciente assurément.
En quête de je(u) toujours.
Bonjour Sandra je serais curieuse de savoir quelles différences tu as pu ressentir entre toi et les « que HP ».
Merci.
Les que HP me fatiguent, trop de bruit, trop de discussions, ils vont vite mais pas autant que moi il reste un décalage, je sature au niveau sensoriel bien souvent plus vites qu’eux. C’est subtil, ça reste très similaire dans le fond mais à des degrés différents. Et j’ai un grand besoin de ma bulle 🙂
Mon fils (de 8 ans) a été diagnostiqué… triple aussi. TSA étant, par définition même du sigle, un spectre, cela peut varier en effet fortement et c’est souvent masqué par le HPI mais masqué qu’à court-terme, cela finit toujours par ressortir.
Sur l’aspect conversation avec des enfants HPI / troubles du neurodéveloppement et la saturation, mon fils m’explique exactement la même chose. Il peut se lancer dans une grande conversation avec des copains mais ça ne pourra pas durer très longtemps surtout dès qu’il y a 4/5 personnes. Après coup, une fois la surexcitation passée (voire des réactions encore plus épidermiques…), mon fils m’explique que les « caquetages l’agaçaient et lui faisaient mal au cerveau comme un marteau »
Et il va répondre au bruit ambiant par… encore plus de bruit. C’est en général à ce moment que les petits cris saccadés de sa part repartent…
Amicalement,
Merci Nicolas pour ce partage, ça me parle bien cette histoire de « caquetages » 🙂
Sandra A récemment posté Le POWER du rire
Double TDA/HP pour le moment, je suis pas allée tout vérifier encore.. bravo pour ces éclaircissements ! l’IDIC en marche sans aucun doute 🙂
Très heureuse de savoir qu’on a des neurones (et des gènes) en commun 🙂