Je ne voulais pas faire cet article.

Parce qu’il sera forcément maladroit, et imparfait. 

Mais je DOIS le faire. 

Alors oui j’ai souvent écrit « ce n’est pas parce que je PEUX faire que je DOIS faire », sésame de ma reconnexion aux limites
Mais aujourd’hui il n’est pas d’actualité, comme l’a si justement rappelé ma coach Joanne Tatham dans son dernier podcast

Je ne peux pas afficher en mot de l’année « IMPACT » et me taire. 
Tellement pas congruent, alors que j’ai ce pouvoir, à mon petit niveau… 

Bref : parlons-en. 

 

Racisme.

J’avais d’abord titré « racisme, déni et différence », mais ce serait noyer le vrai sujet : le racisme. 

Cristallisé par un symbole fort, objectif, écœurant : un homme blanc écrasant son frère noir. Insensible à ses supplications. Jusqu’à la mort. 
Pas à l’époque esclavagiste, pas à l’époque colonialiste : aujourd’hui. Mais aussi hier, et avant-hier… 

Une autoroute de dominAction blanche bâtie sur l’asservissement, la destruction et le rejet, plus ou moins conscient, plus ou moins affiché, de la différence. 

C’est un fait, une réalité : notre évolution s’est construite sur le racisme et l’asservissement des différences, entretenus par un discours de peur et de banalisation de la souffrance. 

C’est abject, c’est très inconfortable aussi, car en tant que personne de race blanche je suis une part du problème, quelles que soient mes convictions et actions.
La honte et la culpabilité sont là, elles font partie de mon Histoire, comme la colère fait partie de l’Histoire des « personnes racisées ». 

Le nier est aussi absurde qu’irrespectueux. 

Ne rien en dire serait participer au déni, alors que j’ai le pouvoir de m’exprimer, et un « privilège blanc » d’être, peut-être, entendue. 

Après tout la sensibilisAction est mon terrain de je(u)… aujourd’hui c’est aussi ma responsabilité. 

 

Rien ne sera jamais assez. 

Alors oui, évidemment j’ai été atterrée par cette scène d’une violence inouïe, inhumaine, animale. 

Mais je n’ai pas osé dépasser la photo noire dans mon fil instagram, le #blackouttuesday , et encore même là ça a été compliqué de trouver la juste mesure dans le flot de partages sur quoi faire et comment. J’ai d’abord mis #alllivesmatter , mon intention spontannée, mais c’est dénigrer que LE problème c’est le racisme, et que donc le focus doit être sur #blacklivesmatter , donc j’ai mis #blacklivesmatter 

J’ai ensuite lu sur le compte « Les Etoiles Noires« , très investi sur la sensibilisation à la culture noire, qu’il valait mieux retirer le hashtag #blacklivesmatter parce que ça « invisibilisait le mouvement« .
J’ai laissé #blacklivesmatter quand même, parce que selon moi on ne peut pas sensibiliser à un problème sans le nommer (ça vaut autant pour le racisme que pour le burn-out, ou les féminicides, qui ont aussi souffert d’une « mise en avant par le vide » sur les réseaux pendant le confinement, qui m’avait alertée et fait réagir)

Le sujet est différent et pourtant mon analyse reste la même : outre que le sujet n’est pas le choix d’un hashtag en réalité, je trouve ça bizarre de dénoncer sujet par de l’ombre pour mettre en lumière un problème… c’est comme mon silence : pas congruent.
(sans compter qu’à l’époque le truc reposait sur le fait que les mecs décodent un mouvement symbolique non explicité, non mais franchement ils y croyaient vraiment ?!)

On ne met pas un problème en lumière en le cachant.

Le burn-out reste mon terrain de je(u) principal, avec le même déni, et ce déni fait partie du problème. 

L’autre étant peut-être le jugement, et les injonctions en oppressantes : ce que je ferai ne sera jamais assez

Si j’ai timidement posté ma photo noire c’est que quoi que je fasse ça ne sera jamais assez, et très probablement maladroit, illégitime, déplacé.

Je n’ai pas osé écrire sur le racisme car je ne suis pas sûre d’être juste dans le choix de mes mots, privilégiée clairement, illégitime sûrement, et pourtant tellement solidaire et « concernée » (celui-là va pas passer par exemple, je veux dire : « dans le sens où je ressens et partage la colère des communautés racisées et je m’y joins autant que je sais faire partie du problème »)

Le racisme est un sujet qui nourrit l’inconfort : s’il est facile et nécessaire d’agir à son niveau, il est délicat à aborder publiquement en tant que blanche, et donc pas directement concernée (là je ne mets pas de guillemets : je ne suis évidemment pas victime de racisme).

J’avoue naviguer dans un double inconfort ici : je ne me sens pas légitime, et j’avoue être très gênée par l’énergie générale sur les réseaux sociaux où j’ai plus l’impression que chacun.e pointe ce que l’autre fait mal dans ses actions et prises de position (tu sais le côté concours de maisons témoins qu’on voit déjà beaucoup sur l’écologie, le veganisme ou la perte de poids puisque j’en parlais récemment aussi)
J’étais tiraillée entre « faire pour ne pas me taire », en craignant que ça sonne super opportuniste, et « me taire pour ne pas mal faire », et nourrir l’opprobre sur combien nous blancs sommes nul.les et maladroit.e.s sur le sujet (lire l’article de Lyvia sur comment te postionner en tant que blanc.he) 

Et pourtant : George Floyd aussi aurait pu être un frère, un fils, un neveu, un oncle, un ami, un voisin, pour paraphraser le titre de l’excellent guide de sensibilisAction aux violences faites aux femmes de Céline Pernot-Burlet & Mathilde Cristiani. 

Donc c’est un vrai gros problème. 

Donc c’est « mon » problème, ou en tout cas ma responsabilité de le dénoncer, car le silence est tout sauf une solution, et que les acteurs du racisme sont les blancs et non les personnes qui en sont victimes.

Alors déjà quelques précisions et ressources, histoire d’anticiper les remarques visant à descendre mon initiActive : 

  • La souffrance des personnes racisées n’est pas la mienne, je ne me permettrais pas de m’associer à leur vécu et ressenti, ni à « m’approprier leur histoire » comme alerte si bien Céline Soulfood Supafood. Je ne peux que compatir à leur souffrance et dénoncer une situation injuste et abjecte. 
  • Je ne dirais jamais mieux que Morgane Sifantus sur le sujet, et l’importance de trouver ce juste équilibre entre me sentir concernée et trouver le juste niveau d’action tout en étant très au clair avec le fait que je ne suis ni racisée ni opprimée.
  • Je suis profondément imparfaite, conditionnée et biaisée sur le sujet, et mon malaise est déjà une attitude problématique, comme le souligne ici Céline 
  • J’ai le privilège blanc de la légèreté, pour paraphraser Lyvia Cairo, et je pratique la diète médiatique aussi : je ne consomme l’actualité qu’à doses homéopratiques, et je choisis sciemment de ne pas aborder certains sujets « sensibles » ou « chargés » MAIS en tant que blanche c’est bien plus à moi d’agir pour dénoncer le racisme qu’aux personnes racisées qui en sont les victimes. 
  • On va sûrement me le reprocher mais je vais aussi un peu parler de moi et de ma différence invisible, tout bêtement parce que je n’ai pas d’autre référentiel dans les réflexions que je vais partager, mais en aucun cas je ne veux nier ou minimiser la réalité du racisme (c’est plutôt mes anecdotes qui seront anecdotiques et minimes en réalité) 
  • J’ai préféré faire un article qu’un post, et il va aller assez loin (comme d’hab), quelque chose de pérenne qui ne sente pas trop le momentuum : après tout quitte à produire un contenu autant qu’il soit assumé publiquement ici et pas disponible 24h en story, et il se trouve que mes recherches en cours donnent un prisme intéressant sur le racisme à l’échelle systémique, aussi c’était l’occasion d’en faire un « vrai » contenu que j’espère constructif

Enfin j’ai bien conscience que c’est juste un article, et que ce ne sera jamais assez, mais je « dois » cet article à Joanne et à Lyvia qui m’ont accompagnée dans ma transformAction et responsabilisée sur ma mission. 

 

Le racisme EST une réalité. 

Déjà on va arrêter le déni : oui, le racisme existe. 

Rien que le fait qu’on puisse le remettre en cause, ça et le privilège blanc, est une aberration, et un déni autant du passé que du présent. 

Je ne vais pas faire un article sur le racisme, car je ne maîtrise pas le sujet.

Je te renvoie à cette base de ressources anti-racistes à destination des personnes blanches infusée et diffusée par l’association Whomen Who Do Stuff pour plus de références, autant pour les adultes que pour sensibiliser activement les enfants, en commençant par les conseils sur comment être activement anti-raciste : 

  • Ecouter les personnes qui subissent le racisme, ne pas mettre leur parole en doute
  • S’opposer physiquement et/ou verbalement quand on est témoin de comportements racistes
  • Filmer lorsque vous êtes témoins de violence
  • Manifester
  • Aider à la préparation des manifestations
  • Donner de son temps et/ou de son argent à des collectifs et associations
  • Soutenir des auteurs et autrices racisé.es
  • Relayer sur les réseaux sociaux et amplifier les voix

J’aurais ajouté « faire barrage à la propagation du racisme », comme on le fait régulièrement lors des élections, ou ici dans un mouvement collaborActif de dénonciation de la souffrance des personnes racisées, tout en entretenant au quotidien des rapports les plus égalitaires possibles. 

L’idée n’est pas bien sûr de « cocher toutes les cases de l’anti-raciste modèle » et de se balancer mutuellement combien on fait mieux que les autres à travers les réseaux comme on le voit trop souvent, mais de reconnaître notre rôle actif de réajustement et d’action en tant que personnes blanches, chacun à son niveau et selon ses ressources disponibles. 

Et ça commence par la (re)connaissance. 
(car oui là où il y a déni on commence par la (re)connaissance, comme le burn-out là encore)

Et je voudrais me focaliser sur le premier point, avec un prisme scientifique et stress-défense, car on ne dit pas assez combien le racisme est une réalité mais aussi une oppression et un stress permanents. 


Quand ils ne font pas des chansons rigolotes AsapSCIENCE font de la sensibilisAction toujours très juste ET imagée
En français tu as aussi la « Lettre adressée à mes amis blancs qui ne voient pas où est le problème » de Virginie Despentes

Notre passé comme notre présent c’est construite sur des inégalités et l’asservissement d’une « race » noire au profit d’une pseudo suprématie blanche qui a cristallisé un état de fait inégalitaire et une perception de menace, rejet et mépris des personnes racisées par les personnes blanches. 

Comme le stress, le racisme est du C.I.N.E., mais certainement pas du cinéma pour les personnes racisées : 

  • Contrôle faible : les personnes racisées n’ont pas le contrôle sur les actes racistes, George Floyd ici n’avait aucun contrôle, il était soumis, déjà à terre et immobilisé 
  • Imprévisibilité : on ne peut pas prédire qui est bienveillant ou non, s’il y aura acte de racisme gratuit ou non, si la personne n’est pas ouvertement anti-raciste 
  • Nouveauté : il n’y a hélas rien de nouveau dans cette situation, mais plutôt un héritage telle que la menace est ancrée, et relève du stress épigénétique 
  • Ego menacé : c’est LE point, tuer une personne parce qu’elle est noire est pour les personnes racisées une vraie question de menace à la vie 

 

Là il n’est même pas question de suractivation d’une perception de stress comme je le mentionnait dans ma vidéo : la menace EST réelle. 

Nier le racisme c’est nier la réalité déjà, mais aussi la perception des personnes racisées de leur quotidien, alors que OUI la menace existe et le stress est chronique. 

C’est aussi nier qu’un trauma ne se construit à travers l’expérience et son vécu par le sujet : on ne remet pas en question la perception d’un individu, elle lui appartient. On la respecte (et là je te renvoie au post de Cécile)

C’est notre état qui écrit l’histoire, dit la Théorie PolyVagale
Mais c’est aussi notre Histoire qui va déterminer la prédominance d’un état ou d’un autre… 

Je pense ne pas faire trop de généralisation en disant qu’il est beaucoup plus simple pour un blanc de trouver le monde simple et plein d’opportunités, quand il sera plus dangereux, injuste et stressant pour les personnes racisées. 

Il est moins évident de comprendre cette méfiance blanche à l’égard des personnes racisées qui entretien ce racisme. 

Personne ne naît raciste. 

Mais nous avons écrit collectivement une Histoire qui construit les bases d’une Pleine Confiance blanche, et d’un danger mortel pour les personnes racisés, et ces biais se sont transmis au fil des générations à travers esclavagisme et colonialisme, et une société qui a érigé un privilège blanc qu’elle a autant de mal à admettre qu’à remettre en cause. 

Et pourtant si nos biais inconscients activent une perception de méfiance face à une personne racisée il est tout à fait possible comme le montre la vidéo d’AsapSCIENCE de faire un switch conscient et raisonné pour rationnaliser que cette réaction inconsciente est inappropriée, et entreprendre une démarche de déconditionnement. 

 

Élever sa conscience ensemble

Alors je te passe le fait que la notion de « race » n’a pas de réalité scientifique : on parle en réalité genre humain, et de populations.
La notion de race a été bannie de la biologie justement parce qu’elle sous-entend une hiérarchie de valeurs qui n’a pas lieu d’être. 
(en ça je suis très mal à l’aise avec ce terme de « personnes racisées », même s’il semble le plus conventionnellement utilisé)

S’il est toujours intéressant de le rappeler, le fait que le racisme existe fait que cette « subtilité » n’est toujours pas collectivement intégrée.
Le fait qu’on ait passé tant d’années à se demander si les noirs, les juifs ou les bébés souffraient aussi… bref, tu vois ce que je veux dire.  

Petite parenthèse personnelle : loin de moi l’idée de tenter une quelconque comparaison avec les personnes racisées, mais je travaille dans le cadre de POWER et de mes recherches sur la Théorie PolyVagale à comprendre comment notre passé va déterminer l’équilibre ou non de notre système autonome et la prédominance d’un état par rapport à un autre. C’est lié au sentiment de sécurité perso ou non dans l’enfance, et jusqu’à 7 ans, puis a travers les éventuels traumas adultes. Et si j’ai mis du temps à mettre des mots sur ma différence (elle est invisible, et m’exclut évidemment de toute tentative d’appropriation de racisme), j’ai relu avec le recul quelques agressions un peu bizarres que je mettais sur le compte de la bêtise et de la méchanceté gratuite une tendance à vouloir « explorer la différence », et notamment « vérifier qu’on souffrait pareil » (sûrement parce que je ne suis pas super expressive…)

Je n’avais pas fait attention, mais en « chassant des patates » (= en recherchant des blessures passées avec François Lemay), je me suis souvenue d’épisodes où des petits camarades avaient voulu s’assurer que je souffrais aussi, et que l’histoire s’est répétée dans mon passé médical, où comme beaucoup de suradapté.e.s chronique j’ai souvent été « victime » d’oublis de prescriptions, ou de praticiens qui testaient ma résistance à la douleur, mélange de déconnexion à mon corps et d’introjection assez extrême des injonctions à être forte et cacher mes émotions et sensations.

Je ne l’ai pas engravé comme trauma, ça a juste participé à mon dorsal dominant et mon manque de confiance en moi et aux autres et semé les graines d’un subtil sentiment de décalage , et entretenu ma tendance à porter des masques (et là encore le privilège blanc : à part le coût énergétique c’était évidemment beaaaaaucoup plus facile pour moi). Je me demande aussi à quel point ça ne participe pas à banaliser, voire valoriser ou glorifier la souffrance, d’une façon assez malsaine…

Mais imaginons des générations de personnes opprimées qui ont engravés une dynamique d’humiliation permanente, imposée par la force et entretenue par la violence, et qui a toujours cours aujourd’hui indépendamment des lois et autre déclarations (car l’entité justice est souvent assez éloignée de la valeur Justice…) : c’est tout un (in)conscient collectif qu’il faut déconstruire et élever.

Et nous ne pouvons le faire qu’ensemble. 

J’aimerais te partager les travaux du Dr Davis Hawkins sur l’échelle de conscience collective que je suis en train d’infuser et d’implémenter dans POWER, avec un titre qui est déjà un message en soi : « POUVOIR contre FORCE, les déterminants cachés du comportement humain« . 

Tout comme la Théorie PolyVagale ou les travaux du Dr Le Doze récemment illustrés par Art-Mella il représente la conscience comme un continuum qui va de la notion de survie à celle de confiance et de lien à l’autre, avec toute une variété d’expériences intermédiaires qui sont propres à chaque individu. 

Le Dr Hawkins a fait un énorme travail expérimental basé sur la kinésiologie pour étalonner une échelle de conscience illustrant le continuum de la conscience au fil de l’Histoire de l’humanité, et l’a appliquée pour évaluer différents domaines sociétaux comme la politique, les conflits, le sport, l’art, le succès… 

Ça a donné une échelle de conscience qui montre comment nous pouvons cheminer vers l’élévation de notre conscience individuelle et collective : 

Le racisme est un problème systémique global qui est une des conséquence des volontés patriarcales et autoritaristes de nous maintenir « du côté obscur de la Force » (car tout ce qui se trouve en-dessous des 200 relève de la Force et des déterminants de survie, quand les valeurs au-delà de 200 relèvent du pouvoir et de la croissance collective).

Si le niveau de l’Humanité est évalué globalement comme étant à 200 par l’auteur ce n’est pas un chiffre figé, et force est de constater que les individus au « pouvoir » (qui relève en fait de la « force » et du « contrôle », et non du vrai « pouvoir » ou « maîtrise ») entretiennent une dynamique de peur pour maintenir un statu quo et une dominAction… 

« La peur gouverne le monde, stimulant une activité sans fin. La Peur des ennemis, de la vieillesse, ou de la mort, ou du rejet, et une multitude de peurs sociales sont des motivateurs basiques dans la vie de la plupart des gens. 
Du point de vue de ce niveau, le monde semble dangereux, plein de pièges et de menaces (entretien d’une perception de danger pour stimuler dorsal et/ou sympathique). La Peur est l’instrument officiel favori du contrôle par les agences totalitaires oppressives, et l’insécurité est le fond de commence des manipulateurs et des bourses de valeurs. Les médias et la publicité jouent sur la Peur pour augmenter leurs parts de marchés. 
La prolifération des peurs est aussi illimité que l’imagination humaine ; une fois que la Peur est devenue le centre de l’attention, les interminables événements inquiétants du monde la nourrissent. […]
Et parce qu’elle est contagieuse, la peur peut devenir une tendance sociale dominante. »
Dr David Hawkins, Pouvoir contre Force, les déterminants cachés du comportement humain

  Donc non seulement il y a une tentative de maintien à un niveau de Peur par nos dirigeants, mais que ce soit à l’échelle individuelle ou collective ou observe régulièrement des phases régressives… 

(je précise que c’est un -excellent- dessin satirique de Luc Descheemaeker et non une vraie couverture du Time)

Accueillir et relayer la colère des personnes racisées c’est reconnaître notre culpabilité dans un processus d’humiliation raciale qui a pavé le sang l’Histoire de l’Humanité. 
De la même façon que l’Allemagne va porter plus ou moins consciemment l’héritage nazi, nous personnes blanches portons un héritage de domination que nous ne pourrons jamais effacer, et certainement pas en le niant, et encore moins en le perpétrant : en ça le symbole de ce policier écrasant une personne racisée est un déclencheur à la prise de conscience ce pan de l’Histoire ne peut plus se répéter, que que la responsabilité nous appartient.

Oui c’est inconfortable. Mais c’est la condition pour avancer (pareil pour le burn-out, à un moment on doit reconnaître la chute et accepter de réajuster pour avancer…) 

Reconnaître le privilège blanc c’est s’ouvrir au fait qu’on profite d’un système, c’est déjà une forme de courage et les prémices d’une intention d’avancer ensemble.

Etre dans le déni du racisme et de la légitime colère des personnes racisées relève de la l’orgueil et de la fierté, précisément le niveau qui entretien le racisme. 

Je reconnais naviguer entre honte et tristesse dans cette mobilisation générale.

Honte de cette grande injustice historique qui a assis par la force une domination raciale abjecte, et d’être du côté qui en profite, mais aussi de ne pas me positionner ouvertement, par peur de mal faire, d’être maladroite, ou d’ajouter à la colère générale, et légitime, par un discours inapproprié, nourrissant peut-être, sûrement, ce ressenti de déni quand il y a aussi une forme de tabou, de malaise.

Tristesse de voir que c’est toujours une réalité, et qu’il « faille » écrire cet article pour me positionner : c’est un peu comme voter barrage à l’extrême droite, ou intervenir après un burn-out, c’est déjà un échec, tout en étant une nécessité. 

Mais je relève aussi une forme de malaise face à la colère générale qui m’a longtemps fait hésiter sur l’action à poser. 
Parce qu’autant je ressens, accueil et compatis avec la colère justifiée des personnes racisées face à ce continuum de violence, autant je suis super mal à l’aise avec cette agressivité latente à vouloir « montrer combien on fait mieux que les autres » (ça rejoint mon article sur l’écologie)

Je n’arrive pas à déterminer quelle part est de l’orgueil, et quelle part est un alignement sur l’énergie de colère qui alimente les révoltes raciales et qui est profondément justifiée et motrice vers un changement vers une liberté plus équitable, si tant est qu’on ait cet impact sur un système qui banalise autant la peur que la souffrance… 
(mine de rien il y a une injonction à faire passer la productivité avant sa propre vie dans le contexte sociétal du burn-out, de la même façon que le racisme va mettre une gradation de valeurs de la vie basée sur… la couleur de peau ?)

J’ai abordé le sujet dans l’espace confiné et sécurisé de POWER, avec les participant.e.s de la formAction, mais c’est trop facile, trop secure. 
J’ai voulu me faire croire qu’il me fallait avancer mon futur module plutôt que d’écrire cet article, alors que les deux sont liés, tellement liés. 

Accueillir ses traumas, chacun à son niveau, et œuvrer à l’élévation de son niveau de conscience et de confiance pour les dépasser, et les transcender. 

Un mot est revenu, souvent, lors de notre appel… 

 

Mission acceptAction 

Avoir le courage de reconnaître racisme et privilège blanc comme des réalités est un premier pas pour avancer ensemble et jouer collaborActif. C’est la base

Faire preuve de bonne volonté pour être mieux (re)connaître le racisme, avoir la « connaissance juste » pour mieux agir et la suite logique. 
C’est l’intention de sortir des états subis et autres conditionnements pour reprendre son pouvoir et contribuer à jouer collaborActif et non plus personnel. 

Et ça se joue au-delà de la force, et au-delà du symptôme, des manifestActions de violence qui traduisent un conditionnement latent et entretenu par des sociétés qui ont plus d’intérêt à entretenir les tensions raciales plutôt que remettre en cause ce système qui ne repose que sur des inégalités arbitraires. 

Un texte très juste signé Robert Schwarz, fondateur de l’Internal Family System (mais aussi fervent sensibilisActeur à la Théorie PolyVagale)

Le racisme systémique est un problème de santé publique et de santé mentale qui touche tout le monde. Il est une source actuelle et intergénérationnelle de traumatisme pour les personnes de couleur. Il pèse aussi lourdement sur la psyché individuelle des personnes blanches ainsi que sur la psyché collective de la nation. S’il se peut que de nombreuses personnes n’aient pas conscience du coût du maintien d’un système d’oppression et de la douleur qu’il engendre, ceux-ci demeurent,  nonobstant. Comme tout autre système vivant, une perturbation dans l’une des parties de ce système l’affectera dans son ensemble. Tout comme en médecine, toute tentative de supprimer les symptômes sans en attaquer les causes profondes est vouée à l’échec et se soldera souvent par des problèmes à long terme. Les troubles sociaux et politiques que nous connaissons actuellement n’en sont qu’un exemple.
 
Le racisme systémique peut être considéré comme une maladie économique et sociale chronique. Pour les individus, la poussée d’une maladie est souvent une crise qui peut être considérée comme une opportunité de guérison. Il faut souvent beaucoup d’honnêteté et de courage pour identifier et traiter les habitudes psychologiques et le mode de vie à l’origine du problème. Pour les sociétés, le processus de guérison est similaire, mais l’accent doit être mis sur les changements économiques et politiques. L’histoire nous a appris que toute tentative de supprimer cette crise par le biais d’une force excessive au lieu de s’attaquer aux causes profondes est une erreur grave. Nous appelons nos dirigeants à adopter une vision systémique et intégrative, et à considérer la crise actuelle comme une occasion de guérir notre nation. Cela exige de la sagesse, de l’ouverture, du courage et de l’amour de notre part à tous.

Robert Schwarz, président de Association for Comprehensive Energy Psychology  et fondateur de l’Internal Family System

Comme pour le burn-out, le trauma ou la maladie on ne transforme l’essai que dans une démarche active d’acceptAction… 

« A ce niveau de conscience, une transformation capitale se produit, avec la compréhension de ce que l’on est soi-même la source et le créateur de l’expérience de sa vie. […]
Ce niveau ne doit pas être confondu avec la passivité, qui est un symptôme de l’Apathie. L’Acceptation permet l’engagement dans sa vie selon ses propres conditions, sans essayer de le rendre conforme à un programme. […]
Au niveau de l’Acceptation, nous ne sommes plus polarisés par le conflit ou l’opposition ; nous voyons que les autres ont les mêmes droits que nous, et nous honorons l’égalité. Les niveaux inférieurs sont caractérisés par la rigidité, mais à ce niveau, la pluralité sociale commence à émerger comme forme de résolution des problèmes. 
Ainsi, ce niveau est dépourvu de discrimination ou d’intolérance ; il y a une conscience de ce que l’égalité n’exclut pas la diversité ; l’Acceptation inclut, et n’exclut pas. 
Dr David Hawkins, Pouvoir contre Force, les déterminants cachés du comportement humain

L’acceptAction est une invitation à poser et incarner ses règles du je(u). 
La condition essentielle pour ce créer un terrain de je(u) harmonieux où on pourra collaborer autant avec soi-même qu’avec les autres. 

Admettre qu’on ne pourra pas réécrire l’histoire. 
Reconnaître sa part de responsabilité.
Choisir de prendre conscience de notre état présent.
Décider d’écrire une suite différente, chacun à son niveau. 

Là on n’est plus du côté obscur de la Force, même s’il est nécessaire pour passer du figement subi à la colère nécessaire qui permet de reprendre son Pouvoir. 
Là on est dans le POWER de mettre du Je(u), et de choisir de jouer collaborActif. 

Un choix autant qu’une nécessité, le chemin vers la libérAction… 

Pour finir j’aimerais revenir sur cette notion d’acceptACTION (parce que je ne mets jamais mes « action » au hasard) : il y a une invitation à se former et s’informer, (re)connaître le racisme qui semble dominer dans le discours général (avec le prisme totalement biaisé de mon fil instagram, on s’entend)

En effet, si tu doutes encore de la réalité du racisme ou du privilège blanc t’informer EST une nécessité.
(mais en vrai si ça te concerne tu n’es plus en train de me lire, c’est l’avantage du format « pavé » il est filtrant)

MAIS dans une optique stress-défense et (re)connexion à toi et ta pleine confiance je t’inviterai à t’informer à dose homéopratique mais aussi à t’observer et AGIR, à ton rythme et à ton niveau.
Rechercher la manifestation de tes biais raciaux (ou en a tous, ils sont profondément ancrés car issus d’un long conditionnement), et poser la ferme intention de réajuster à ton niveau, un pas à la fois, et agir, même si c’est imparfait. 

Je suis totalement imparfaite et biaisée.
J’agis à mon niveau, et ce n’est probablement pas assez. 
Je ne m’engage à rien de plus que de continuer à apprendre, observer et réajuster. 

Je voudrais remercier mes mentors Lyvia et Joanne de m’avoir fortement incitée par leurs partages à écrire cet article totalement imparfait. 
Oui elles sont « racisées », mais le fait que ça puisse être un sujet est déjà un problème (et évidemment pas une preuve ou justification de quoi que ce soit)

Je suis très sensible à la notion de congruence, et elle est centrale dans l’étincelle de plus, ou de trop, qu’est le meurtre de George Floyd : outre le symbole de l’autorité blanche écrasant un individu noir il y a ce conflit de valeur intrinsèque avec la devise des policiers US, « To protect with courage, to serve with compassion »
Ni courage ni compassion ici, juste un meurtre froid, bestial et insensible qui a réveillé la colère et l’injustice d’un racisme encore trop présent.

Je ne peux pas finir en disant que mon souhait est que la différence n’existe plus, ou que toutes les différences soient un jour invisible : c’est aussi utopique qu’illusoire. 
La différence nous fait grandir, si je prends mon prisme purement scientifique et génétique nous ne pouvons évoluer QUE dans la différence. 

J’aimerais juste que la différence ne soit plus un sujet autre que le point de départ d’une (re)connexion à soi pour mettre plus de je(u). 

Et je laisserai le mot de la fin à Gregory Charles dont tu peux (re)découvrir la lettre ouverte ici, et qui a bien plus de légitimité que moi sur le sujet : 

« On ne peut pas répondre à la violence par de la violence. On ne peut pas répondre à de l’indifférence par de l’indifférence. Il faut répondre à la colère par de l’écoute. Il faut répondre à l’indifférence par de la compassion. Il faut répondre à la haine par d’irrésistibles gestes d’amour. Et il faut encore et toujours rêver d’un monde où nous sommes tous et toutes blancs ou noirs, jeunes ou vieux, hommes ou femmes, croyants ou non, influents ou non, libres parce que capables d’aimer les autres plus qu’on s’aime soi-même. »
Gregory Charles

Ou quand Einstein rejoint Hawkins dans sa quête de plus de conscience :

« On ne peut pas résoudre un problème avec le même niveau de conscience que celui qui l’a créé. » 
Albert Einstein

Et oui ça veut dire se reconnecter à soi pour mieux se connecter aux autres, commencer par s’aimer soi-même pour sortir des injonctions de SuperFormance qui banalisent la souffrance pour (re)prendre individuellement et collectivement son pouvoir de mettre du je(u). 

Le monde brûle, le burn-out est individuel, collectif, sociétal, global. 

A l’heure où nous devrions avancer ensemble, comment pouvons-nous encore nous auto-détruire, nous diviser, nous affronter ?

Le monde est notre terrain de je(u).

Un je(u) sans classes ni combat, ou noirs et blancs ne sont plus les pions d’un C.I.N.E. permanent qui entretient la peur, mais les acteurs d’un terrain de je(u) inclusif et collaborActif où tous avancent ensemble à briser le « black mirror » pour co-créer dans la diversité. 

Sans comparaison, sans jugement, sans opprobre, sans culpabilisAction inutile et paralysante
Chacun sa part, à son niveau, avec ses moyens, ses connaissances et ses compétences du moment. 

Et ensemble nous élèverons notre conscience. 

A nous de jouer 🖖🏻🖖🏽🖖🏿