Il est probable que tu ne connaisses pas (encore) mon invité du jour, et pourtant tu vas très vite comprendre combien j’avais hâte d’échanger avec lui pour faire, comme on aime le faire ici, tout plein de liens passionnants et efferveScients !

Rémy Vesse est osthéopathe, il a été formé à la micronutrition par une formatrice que je connais bien (et dont les supports n’ont rien à envier à POWER, en profondeur et en longueur !), c’est Deborah Dana elle-même qui l’a initié à la Théorie PolyVagale (classe ultime), il a aussi exploré l’Analyse transactionnelle, la Communication Non Violente, la TPV croisée avec l’Internal Family System et la Théorie de l’attachement avec l’Intelligence Relationnelle du Dr Le Doze (que j’ai interviewé sur le blog), et il pratique et enseigne l’approche des réflexes archaïques, avec des liens très directs avec la Théorie PolyVagale !

Autant dire que Rémy a fait PLEIN de liens entre la TPV et toutes ces approches, et je suis ravie qu’on puisse les explorer ensemble dans un échange efferveScient !

C’est parti pour une nouvelle interview, à découvrir ici :


Pour retrouver Rémy Vesse, ses consultations et ses futures formations RDV sur son site
Il partage aussi des infos sur facebook

Rémy est l’incarnation de mon proverbe ninjaponais préféré : « On commence à vieillir quand on finit d’apprendre »

On aborde ici de nombreux points et outils, aussi voici comme d’habitude quelques approfondissements et ressources, à commencer par les réflexes archaïques. 

 

Réflexes archaïques : au corps du développement

C’est en complétant sa formation d’ostéopathe en posturo d’un DU Perception, action et troubles des apprentissages que Rémy a croisé la route de Paul Landon, qui a contribué à faire connaître les réflexes archaïques en France. 

Si la posturo accompagne l’adulte et l’enfant dans sa situation présente, les réflexes archaïques nous permettent d’en explorer la programmation de nos mouvements et de notre posture, notre tout premier schéma moteur, dès les tous premiers temps embryologiques (dès la 5ème semaine de développement embryonnaire pour le reflexe de paralysie par la peur, puis le réflexe de Moro)

Ces réflexes sont sensés s’intégrer et être remplacés par des fonctionnements moteurs plus élaborés sur les 3 premières années de vie, même si certains persistent (et nous sont bien utiles) comme le réflexe de parachute qui nous fait mettre les mains en avant en cas du chute (un mouvement très sympathique de répulsion de l’autre et de limites).

Pour les plus visuels (et je sais que nous sommes nombreux ici), voici à quoi correspondent les réflexes en question, comme par exemple le réflexe d’agrippement, où le bébé à la naissance va serrer très fort le doigt qu’on lui tend, mais il y en a tant d’autres : 

Un visuel proposé par l’aRc-En-FLEX sur son catalogue de formation

 

Une vidéo sur l’importance des Réflexes Archaïques par Paul Landon, qui a formé Rémy – et l’a récemment interviewé sur les liens entre réflexes et TPV (vidéo à venir)

 
Pour plus d’informations RDV sur le site reflexes.org de Paul Landon

Comme la TPV, les réflexes archaïques ne sont pas une thérapie mais un moyen d’évaluer l’état du système nerveux, par une voie plus motrice que nos états de la TPV.
Ils ont le triple intérêt de contribuer au développement moteur, cognitif, mais aussi émotionnel (via la bonne intégration -ou non- des réflexes) :

Les bases du modèle IMP® : Intégration Motrice Primordiale de Paul Landon, pour la bonne intégration des réflexes archaïques 

Et pour encore plus d’infos sur la nature de ces réflexes, et leur description, cette sketchnote de Tiphaine Bosdeveix sur son site Bulle d’Avenir :

Illustration (c) Tiphaine Bosdeveix sur son site Bulle d’Avenir

Et si on vous disait que la bonne intégration des réflexes pouvait être liée au bon équilibre de nos états TPV… et vice-versa 🙂 

 

TPV, réflexes et attachement

« C’est notre état physiologique qui détermine notre état psychologique », dit le papa de la TPV Stephen Porges, repris ici par François Le Doze.
Le mouvement peut aider à intégrer des réflexes et retrouver de l’apaisement, notamment en cas de troubles neuroatypiques, stress chronique ou vécu traumatique, avec un praticien formé à la méthode

C’est une approche pleine d’espoir, notamment pour les enfants neuroatypiques, avec des troubles DYS, TDA(H) et/ou HPI, qui auront le soulagement d’entendre qu’ils ne sont pas responsables de leurs difficultés, dont une partie est due à des branchements dans le cerveau qui ne se sont pas encore faits, mais pourront être retravaillé avec les praticiens formés, pour retirer une partie des cailloux dans la chaussure, et avoir la stratégie motrice la plus secure et adaptée… 

Avec les adultes on pourra les aider à retrouver la sécurité pour sortir des réflexes qui se réexpriment, comme l’agrippement chez le tennisman, ou face aux parts exilées des patients traumatisées via un ancrage à travers les premiers schémas moteurs, pour reconstruire notre ontogenèse (développement de l’individu, depuis la fécondation de l’œuf jusqu’à l’état adulte – un sujet cher à notre ami commun Eric Marlien). Et qui dit sécurité dit TPV, et attachement aussi 🙂

Comme le rappelle très justement Rémy, on ne peut parler de TPV sans parler d’attachement, puisque le premier socle de sécurité qui se met en place c’est avec l’attachement avec la figure parentale / maternante. C’est dans les trois premières années que va se mettre en place le « modèle interne opérant » (type d’attachement sur lequel on s’est construit en début de vie), et il va influencer notre état TPV dominant, de même qu’il sera influencé par l’état TPV de notre figure parentale ou maternante, comme on la vu dans mon précédent article sur le burn-out parental :

 

L’attachement organisé en sécurité est ce qu’on appelle « l’attachement secure », les attachements « ambivalents » et « évitants » sont dit « attachements anxieux », l’autre attachement possible étant le désorganisé, qui peut être lié à des vécus traumatiques et entraîner des troubles borderline, ou plus généralement des enfants dit « désorientés-désorganisés » (je simplifie).

Pour avoir un attachement secure, il est nécessaire de remplir 3 à 4 besoins parmi les 7 identifiés par Deirdre Fay :

  • le besoin de relations chaleureuses et stables ;
  • le besoin de protection physique, de sécurité et de régulation ;
  • le besoin d’expériences adaptées aux différences individuelles ;
  • le besoin d’expériences adaptées au développement ;
  • le besoin de limites, de structures et d’attentes ;
  • le besoin d’une communauté stable, de son soutien, de sa culture ;
  • le besoin de protection de notre avenir.

Une vidéo de Deirdre Fay sur ces 7 besoins fondamentaux pour Quantum Way (qui nous parle ici de leur implication pour diffuser la TPV)

 

On peut aller vérifier le niveau d’ancrage de ces 7 besoins chez l’adulte, et de travailler dessus par des modèles de régulation neurovégétative, l’hypothèse de Rémy étant d’apporter par ce biais de la sécurité et de la sérénité, et ainsi aider à réguler le système nerveux mais aussi le mouvement et dans une certaine mesure l’attachement. Un fabuleux terrain de je(e) et de recherche !

 

Parlons un peu burn-out…

Ca reste mon sujet de prédilection 🙂

Quand on n’a pas eu de reconnaissance, et donc un mauvais attachement dans l’enfance, on peut avoir plus de difficultés à poser ses limites, tellement on va chercher validation et reconnaissance (voir la très dense mais passionnante interview de Marie-Anna Morand sur le sujet, et notamment l’impact des familles « toxiques »).

Les profils à burn-out auront aussi une tendance à ce suradapter pour obtenir une approbation et une appartenance, mais pourrons là aussi être « rééduqués » d’un point de vue corporel par les réflexes archaïques, mais aussi, et autant que faire se peut avant la décompensation, par la micronutrition et la pédagogie (ce temps d’information tellement essentiel pour tenter d’arrêter AVANT de décompenser).

Les plantes adaptogènes peuvent aider à soutenir le système nerveux, en période de stress, avec la rhodiole ou l’ashwagandha (je teste en ce moment la version Nutripure, qui propose aussi la rhodiole avec du safran, et un combo PureZen pour le GABA effondré, quasi systématique post burn-out, juste pour info – ne pas se complémenter sans conseil personnalisé, et idéalement test ou bilan préalable).

Post burn-out il faudra accompagner les déficits spécifiques à la décompensation, de l’inflammation systémique de bas grade qui est liée à l’augmentation de la perméabilité intestinale, qui peut engendrer des maladies inflammatoires et auto-imunes, et peut entrainer l’effondrement des neurotransmetteurs dont la voie de synthèse est détournée par le cortisol – vaste sujet que j’aborde succinctement (mais visuellement) ici et avec Natasha Azrak , en attendant un article plus poussé (j’ai l’idée d’un invité pour ça), et que Rémy a évoqué dans la conférence sur la nutrition des HPI que j’ai eu le plaisir de sketchnoter :

Rémy Vesse sur HPI et alimentation, invité par Magali Barcelo et Emmanuelle Delrieu

Ou pour un focus plus spécifique sur la spirale infernale de la perméabilité intestinale, et comment elle entretient l’inflammation, qui perpétue le stress, qui peut s’exprimer par des maladies, un schéma issu de mon ancienne vie de conceptrice pédagogique en labo – métier passionnant au demeurant, et pas si différent de ce que je fais avec EfferveScience, en plus écologique :

Prendre conscience de cette spirale, et de la dynamique du burn-out en général, c’est prendre conscience que la prise en charge du burn-out est pluridisciplinaire, à part quand on a la chance de rencontrer des thérapeutes aussi curieux et très littéralement « multi-potentiels » que Rémy, et/ou d’encore trop rares médecins fonctionnels et systémiques, formés en micronutrition et/ou médecine préventive – il y en a, mais on en aurait tellement besoin de plus…

C’est en associant les approches et clés de lecture qu’on peut potentialiser et enrichir nos prises en charge !

 

Réguler le système nerveux mode d’emploi

On a parlé du travail sur les réflexes, et sur les besoins fondamentaux liés à l’attachement pour amener plus de sécurité, et des plantes adaptogènes, mais on peut compter sur Rémy pour aller explorer d’autres approches et outils 🙂

Dans l’interview il a cité notamment la régulation neurovégétative de Bruno Chikly qui accompagne lui aussi l’intégration des réflexes périnataux et réflexes de vie, en équilibrant le sympathique et de parasympathique, mais aussi en accompagnant d’autre dysrégulations neurovégétatives. 

Les mouvements rythmiques permettent de poser le système (pour agir sur les réflexes), avant un travail en TPV & IFS (voir Dr Le Doze) pour amener de la sécurité avec le self qui va accompagner les parties blessées (on en parlait aussi, de façon très illustrée, avec Art-Mella).

Lors du certificat TPV, dont je viens de finir les modules, on nous a également parlé des mouvements bilatéraux comme le câlin papillon, dont nous reparlerons, et on reparlera aussi (très bientôt) de musicothérapie et de la méthode Hipérion, dont m’a parlé Eric et que j’ai expérimentée récemment – ne pas manquer non plus le congrès polyvagal de Postdam, du 14 au 16 juin, où on parlera de la « musique polyvagale » développée par Stephen Porges & Anthony Gorry. 

Au niveau des pratiques plus intenses la méthode Wim Hof est intéressante en préparation mentale, ou pour des personnes déjà bien régulées et en sécurité, mais peut être très compliquée pour des personnes traumatisées ou dissociées en dorsal – de même que le yoga somatique ne sera pas le plus adapté pour les personnes en excès de sympathique (ou de feu, en médecine chinoise). En revanche le yoga neural d’Eric Marlien, à retrouver dans son livre, ou dans le mien (avec son accord bien sûr, et son adorable préface), peut être un bon moyen d’équilibrer son système nerveux…

Mais au-delà des techniques, le plus important reste de prendre soin de soi… ce qui est parfois un défi, tellement on nous a conditionnés à SuperFormer sans nous écouter… 

Rémy nous a parlé d’une routine de mouvements rythmiques archétypaux, avec plein de noms exotiques, avec des mouvements rampés, du quatre pattes, de la « marche de Mowgly », qui permet de retyper les étapes de l’évolution… en voici un aperçu en vidéo, n’hésitez pas à expérimenter !


Voici une proposition d’enchainement, trouvée sur la chaîne youtube de Paul Landon, « Le plaisir d’apprendre »

On voit sur la vignette le vrai rampé du bébé, avec la tête relevée, l’objectif faisant le mouvement, pour calibrer les muscles, l’oreille interne, mais aussi vérifier que la figure parentale maternante observe et valide tout le process… l’occasion de revivre ses étapes de développement tellement importantes pour un système nerveux bien régulé, mais ce n’est pas notre seul levier…

 

Mission alimentAction (mais pas que)

On a parlé des plantes adaptogènes, rhodiole et ashwagandha, pour soutenir le système nerveux et sa flexibilité, mais ce ne sont pas les seuls compléments utiles à un bon fonctionnement du système nerveux. Les oméga 3 ont aussi leur importance, ainsi que le magnésium,  mais surtout éviter ce qui peut être toxique et stressant, comme l’Alimentation Ultra Transformée, ou AUT, une Nouveauté qui est intrinsèquement facteur de stress, dans le « CINE » du stress que j’avais illustré ici :

 
Un intermède pédagogeek de l’époque fort lointaine où j’arrivais à faire des vidéos courtes…

Et éviter le CINE du stress, ce n’est pas que dans l’assiette, c’est tout le travail d’identification et de réduction des facteurs de stress, d’autant plus essentiel qu’on se rapproche de l’épuisement, ou qu’on a déjà connu un ou plusieurs burn-out… c’est d’ailleurs LA base de toutes mes formations et de mes accompagnements, et probablement le travail le plus précieux pour préserver son énergie et éviter la rechute.

Mais qu’en est-t-il des profils efferveScients et atypiques ?

 

Au pays de des profils atypiques

Un dernier sujet que je tenais à aborder avec Rémy, puisque c’est là que je l’ai rencontré la première fois, c’est celui des profils neuroatypiques, effervescients, haut potentiel, hypersensibles… et leurs particularités 🙂

Les profils Haut Potentiel Intellectuel, appelés « zèbres » par Jeanne Siaud-Facchin, ont une tendance à avoir le sympathique suractivé (ce n’est pas pour rien que je parle d’EfferveScience, notamment cérébrale, encore plus intense quand on combine avec un TDAH). Du côté ventral de la force c’est intéressant, on pourra notamment jouer avec le flow, mais quand on tourne dans la boucle infernale sympathique et dorsal, on va devoir amener de la sécurité pour permettre l’accompagnement, en commençant par cultiver sa propre sécurité d’accompagnant et de thérapeute.

Il est aussi important de nourrir, dans tous les sens du terme, nos cerveaux atypiques, sinon les enfants auront tendance à prendre « un peu trop de place » (avec un tendance à l’hyperactivité), ou pour d’autres à s’effacer, allant parfois jusqu’à se dissocier, notamment pour les petites filles suradaptées. Un terrain de surinvestissement qui sera d’autant plus susceptible de décompenser sur les grands évènements de vie, comme une grossesse, la parentalité, un burn-out, la retraite… 

Le maître mot sera toujours, et pour tous les profils, qu’ils soient ou nom atypiques, de ramener de la sécurité, assez pour oser prendre le risque de vivre, pour paraphraser la jolie citation de Deb Dana, collaboratrice de Stephen Porges, qui a contribué à transmettre et vulgariser la TPV, et qui va conclure en beauté cet échange :

Pour retrouver Rémy Vesse, ses consultations et ses futures formations RDV sur son site
Il partage aussi des infos sur facebook

Et si vous voulez une formation micronutrition, réflexes et TPV pour le grand public
de notre ami Rémy, mobilisez-vous dans les commentaires !

Et pour finir sur une touche de mignonitude,
petit souvenir de mon (plus si) Mini Geek, en plein réflexe d’agrippement :