C’est l’histoire d’un neuromythe : je pense donc je suis.

Ou pas.

N’en déplaise aux cartésiens notre ami Descartes n’avait pas toutes les… cartes en main. (je sais, elle est facile)

Nous le savons depuis les recherches sur le(s) microbiote(s), « nos bactéries qui nous gouvernent », et encore plus depuis la relecture du système nerveux autonome à la lueur de la Théorie PolyVagale : ce n’est pas le cerveau qui commande. Ou si peu… 

Si le rôle prépondérant du nerf vague est de mieux en mieux (re)connu, notamment ses propriétés anti-inflammatoires et stress-défense, l’info qui a quelque peu secoué les neurosciences c’est la répartition des informations et de la communicAction sur cette autoroute neuronale vagale. 

80 à 90% des informations viennent d’en bas, contre seulement 10 à 20% qui descendent du cerveau aux organes : 

Alors, c’est qui le boss ?!

Si le cerveau à un rôle de chef d’orchestre la musique vient d’en bas, du corps, du cœur, de nos amies les bactéries, ou dans une lecture plus récente encore de notre système nerveux autonome et de nos fascias…
Et les musiciens confirmeront : en vrai on peut très bien jouer sans chef d’orchestre, et la partition de la vie se joue bien souvent sans nos cerveaux, qui ont plus un rôle de réajustement en cas de dysharmonie (qu’on appelle le stress), ou de composition dans les moments efferveScients où la pensée est créActrice (et là on pourrait parler de flow, même si le flow est plus dans l’unification du corps et du cerveau dans une forme de lâcher prise – pour synthétiser très brièvement mes dernières recherches pour POWER)

Depuis cette découverte on parle de « neurobiologie », qui vient compléter la lecture des neurosciences cloisonnées au cerveau, quand les dernières recherches tendent à montrer que cette vision uniquement cérébrale de nos sensations et perceptions est extrêmement réductrice et éloigné de la réalité. 

Aussi quand Grégory du site Prendre Confiance m’a contactée pour écrire sur « comment vaincre ses pensées négatives » j’ai eu très envie de proposer une relecture de cette notion de confiance à la sauce Théorie PolyVagale et Pleine Confiance, avec un soupçon de psychologie sensorimotrice dedans 🙂 
(parce que mine de rien c’est un peu frustrant pour moi de faire autant de biblio et contenus pour POWER et d’en partager si peu ici sur le blog..) 

Et je ne vais pas parler de « Think positive » et autres affirmActions pour lutter contre le côté obscur de nos pensées, mais plutôt de « Think Different » et d’états du corps. 

 

Think different : corps 1 – 0 cerveau

LA révélAction de la Théorie PolyVagale et de ses 3 niveaux d’activations du nerf vague c’est que c’est notre physiologie qui influence notre psychologie. 
Ou dit autrement : c’est notre état qui écrit notre histoire.

Je suis DONC je pense comme ci ou comme ça… 

Ou si tu préfères avec des cartes : 

Notre état, défini par le niveau de confiance ou de danger perçu, va influencer nos perceptions et nos pensées. 

Avec une trilogie de fiches perso qui vont impacter nos pensées : 

  • Mister vagal dorsal, autrefois nommé « système parasympathique », la voie de l’inhibition en cas de danger mortel perçu
  • Mister sympathique, qu’on appelle aussi « système orthosympatique », notre accélérateur en cas de stress perçu, qui va accélérer soit vers l’avant (lutte/colère) ou vers l’arrière (fuite/peur)
  • Et la nouvelle carte c’est la branche nouvellement découverte du nerf vague, Mister Vagal Ventral en confiance et dans le lien à l’autre : c’est lui Mister Think Positive 🙂 !

Et nos 3 états, s’ils sont activés de façon inconsciente par nos interrocepteurs (capteurs internes) et notre système nerveux autonome vont avoir un impact très direct sur notre perception du monde :

Donc si on veut agir sur ses pensées il va d’abord falloir se (re)connecter à ses états, et accueillir l’idée que nos pensées viennent d’en bas (bon on a déjà fait un gros premier pas en découvrant que la sérotonine utilisée au niveau cérébral était produite à 90% par nos bactéries intestinales – tu comprends mieux le « qui vous gouvernent » maintenant ?) .

Autant te dire que répéter « je vais bien tout va bien » quand tu en mode inhibé vagal dorsal ou en panique sympathique ça risque pas de marcher !

C’est un peu comme essayer de seriner que tout va bien prostré.e dans un coin… bonne chance !
Par contre affirmer qu’on est génial.e les bras en l’air ou les poings sur les hanches ça marche super bien !
Ce n’est pas pour rien qu’on parle de « POWER pauses » 😉 
(et ça montre bien le rôle prépondérant du corps sur notre mental… #moijedisça )

Vouloir agir au niveau mental sur la nature de ses pensées « négatives »  revient à ne traiter qu’à peine 10% du problème. 

Comme on le voit sur ce schéma illustré émotions et ressentis ne sont que la partie consciente d’un énooooorme iceberg inconscient qui débute au niveau du corps et de ses capteurs interroceptifs, récepteurs inconscients et autonomes qui vont capter les informations externes et internes (mais aussi et surtout nos réactions inconscientes à l’environnement – pression, température, mouvement…), avant de choisir de remonter l’info par une branche du système nerveux autonome qui va varier selon le niveau de danger inconsciemment perçu : 

  • Nerf vague nouveau ou ventral et sa conduction rapide qui annonce la sécurité et invite à la pleine confiance et l’engagement
  • Nerf sympathique qui va mobiliser l’organisme en mode lutte ou fuite en cas de danger perçu
  • Nerf vague ancien ou dorsal et sa conduction lente qui va figer l’organisme en mode « danger mortel » pour mieux en préserver l’énergie 
    (c’est là qu’on peut avoir des épisodes de dissociation dans des situations traumatiques, ou le fameux « malaise vagal »)

Dans une représentation plus schématique (mais plus complète aussi), adaptée de « L’intelligence autonome du corps » de Stéphane Drouet :

On voit très bien ici la part inconsciente et autonome MAJEURE et pourtant très largement sous-estimée à ce jour par les pratiques centrées sur les neurosciences du cerveau.

Et là où c’est encore plus intéressant c’est que l’activation du figement vagal dorsal va se faire après interrogation au niveau de l’insula et du cingulum de notre bibliothèque mémorielle, et c’est en fonction de nos expériences & traumas passés, notamment vécus dans l’enfance, que l’organisme va se figer, inconsciemment, et à l’insu de notre plein gré !

C’est quand ces figements sont trop nombreux et incrustés on va avoir des fascias figés en mode dorsal de façon persistante (et inconsciente) qui vont générer un schéma émotionnel puis de pensée « négatif », et un état subi qui s’il s’inscrit sur la durée peut devenir état chronique voire somatisation ou pathologie… 

Chaque état est ok, car il est avant tout là pour nous préserver, à condition de ne pas s’y enfermer et s’y figer… d’où l’importance de savoir les décoder !

Une clé de lecture précieuse pour soi, mais aussi dans nos interactions : quand on vous dit que ça ne sert à rien de dire à un dépressif de se bouger alors qu’il est précisément figé dans son vagal dorsal, le mode inhibition et repli sur soi ça n’aide pas, et ça montre surtout une profonde incompréhension du phénomène (mais là encore on n’a pas toujours les cartes en main, et en plus c’est comme les pokemon on n’arrête pas de nous en ajouter de nouvelles !)

La solution ?
Tu l’auras deviné : elle vient d’en bas, et d’une (re)connexion entre la tête et le corps. 

 

Mission (re)connexion

Nous venons au monde câblés pour le lien. 
A l’autre déjà, c’est une question de survie pour nous qui naissons « inachevés », mais aussi à soi. 

Puis les doutes, les peurs, les traumas, l’impuissance, la culpabilité, les blessures, le sentiment de sécurité perçue ou non auprès de nos figures parentales vont faire que nous allons plus ou moins nous figer et/ou nous suradapter, ce qui est épuisant sur le long terme mais participe aussi à cette « Génération Stormtrooper » d’individus déconnectés de leurs corps et de leurs émotions, avec l’illusion de la SuperFormance et de la SuperFection… 

Une génération déconnectée de son corps au point de s’épuiser…

Sauf que le corps lui n’oublie pas. 

Et si tes pensées commencent à errer voire sombrer du Côté Obscur, c’est pour mieux te signaler qu’en bas quelque chose de va pas. 
Que ce soit un danger immédiat, un écho du passé, une sombre histoire qui tourne en boucle dans tes circuits intégrés… warning. 

Et là inutile de te répéter des mantras zen en mode forcé pour fuir la réalité : il va falloir plonger dans le monde merveilleux des fascias pour libérer les tensions d’en bas. 

Pour ça on a déjà une précieuse clé de lecture : nos états. 

Si on se sent enfermé dans un dorsal subi (celui où on est prostré, VS le dorsal choisi qui est un espace de repos et de ressourcement) c’est que quelque part il y a figement. 
Et le figement peut être physique, comme une tension ou une maladie, qui va aller cibler les endroits fragilisés pour mieux nous alerter que quelque chose n’est pas ok.
(c’est un peu comme le stress perçu neurocognistiviste de Jacques Fradin où le stress est là pour pointer au conscient une utilisation inappropriée du mode automatique, mais c’est une autre histoire)

Et pour réagir avant de passer par la case blocage, épuisement ou pathologie il va falloir se reconnecter à soi, ses émotions (mentales) mais aussi et surtout ses états, clé de lecture corporelle plus fine et immédiate que ne le sont les émotions.

Ce qui implique de tomber le(s) masque(s) et (re)mettre du je(u) ! 

Reconnaître son état.
Respecter sa réponse adaptative. 
Décider ou non de changer d’état.
Dompter la Force !

Notre corps gère globalement très bien tout seul, mais il arrive parfois qu’il active un peu trop rapidement un état sympathique ou dorsal, sans forcément qu’il soit adapté à la situation et au danger réel : warning, c’est probablement un figement inconscient issu d’une expérience passée qu’il va falloir libérer pour mieux réajuster son état & dompter la Force.

Même si la Théorie PolyVagale donne des clés pour basculer de plus en plus facilement en mode Vagal Ventral et Pleine Confiance pour que le ressenti soit total, et pour chasser toutes les pensées négatives qui pourraient obscurcir nos idées il va falloir se libérer-délivrer ! 

 

Mission libérAction ! 

Alors non je ne vais pas te refaire le coup du « libérée, délivrée » de mon dernier article (quoiqu’il reste très à propos, encore plus dans Frozen 2), mais nous allons explorer (brièvement) la notion de reconditionnement qu’on voit à la croisée des états dorsal et sympathique subis (les deux triangle du bas dans mon schéma juste au-dessus, la spirale qui a transformé Anakin en Dark Vador – et la Khaleesi en Mad Queen aussi)

Si dans une lecture neuroscientifique on va pouvoir agir de l’association entre émotions et un événement passe type reconditionnement (et là l’EFT* , l’hypnose et l’EMDR* marchent très bien) dans une lecture plus corporelle et sensorimotrice on parlera plutôt de défigement : l’idée est de libérer les tensions et blocages incrustés dans nos fascias, comme autant de tension cumulée qui n’a jamais été évacuée. 

La bonne nouvelle : quand on libère les fascias ou libère le trauma, ce qui va modifier notre état et donc notre perception de la réalité puis à terme nos émotions, ressentis et pensées.
(quand je vous disais que les pensées étaient loiiiiiiiin de la source du problème en réalité, si émotions et ressentis sont à hauteur de 10% des informations niveau pensées conscientisées on est plus sur du 1%)

Et pour ça LA clé c’est le mouvement !

Bouger plus pour penser mieux oui, mais dans la conscience et l’abandon, pas en forçant pour accentuer encore plus les tensions. 

Massages, yoga, pilates, séances thérapeutiques spécifiques… l’idée est de se reconnecter à un moment compliqué ou traumatisant pour s’y abandonner en plein conscience avant de remonter dans le mouvement jusqu’à la reconnexion à soi et aux autres par le vagal ventral. L’espace de l’acceptAction et de la page blanche. 

C’est également de cultiver le mode Vagal Ventral, celui du « Think Positive », du FLOW aussi dans sa version ultime, celui qui s’active dans la joie et l’enthousiasme !

Donc naviguer à travers nos états, ce qui implique de les décoder pour mieux les réajuster et si nécessaire s’en libérer s’il ne sont plus adaptés au danger réel, et ça vaut aussi pour nos pensées : pour libérer de ses pensées négatives si elles sont particulièrement subies et permanentes il va falloir jouer au niveau des fascias et états, et (re)mettre du je(u). 

Si sur des traumas un accompagnement professionnel et bienveillant est toujours bienvenu (voir la méthode PEACE* de Stéphane Drouet, la fascia-thérapie ou la méthode TRE* sont des voies de défigement intéressantes) la qualité de nos pensées dépend avant tout de la qualité de nos mouvements en pleine conscience et pleine confiance. 

Je pense donc je fuis. 

Je bouge donc je suis. 

Ce qui n’exclut pas les intentions, affirmActions et autres visualisActions… dans l’ACTION !
Car les « Actions » de mes mots revisités ne sont jamais mis au hasard mais sont là pour souligner le caractère actif, conscient et incarné des notions concernées. 

Poser une intention sans poser d’action c’est un rêve, affirmer une réalité sans agir en ce sens aussi, et je l’avais partagé dans mon article bilan de fin d’année : la visualisAction est d’autant plus puissante quand elle s’appuie sur nos expériences déjà vécues de Pleine Confiance
Ce qui se confirme d’un point de vue physiologique : sortir d’un dorsal subi passe par l’action du sympathique, qu’il soit choisi via une action consciente, ou subi (mais bénéfique) par des tremblements ou une agitAction incontrôlée (laisse-lui la place, que ce soit pour toi ou tes proches c’est déjà un signe de défigement)

Oui notre focus et nos intentions vont orienter le filtre des informations effectué par le système réticulé activateur, et là le cerveau peut aussi orchestrer, à condition de jouer le jeu de de poser les actions nécessaires, sinon le potentiel d’activation de notre système réticulé va fortement diminuer, et toute cette énergie emmagasinée pour ne PAS passer à l’action va se retrouver enfermée et participer à cette sensation de figement et de saturation… jusqu’à exploser en sympathique, ou se figer en dorsal. 

Les règles ont changé : le cerveau n’a pas un pouvoir SI absolu sur le corps. 
Je l’avais écrit en relatant ma trilogie de burn-out : le corps a des raisons que la raison ignore, et il gagne toujours à la fin. 

La question c’est : est-ce que tu vas continuer à forcer ou jouer collaborActif cerveau-corps ?
Le déni n’est pas infini, mais la collaborAction ouvre des perspectives dont nous découvrons peu à peu le (haut) potentiel 🙂 

Et ce n’est que le début d’un nouveau je(u) plus écologique et aligné dont nous découvrons progressivement les cartes manquantes, et que nous explorons dans POWER, la quête de je(u) stress-défense et Pleine Confiance ! 

Enfin dernier point, mais c’est important de le souligner : c’est volontairement que je n’ai pas fait plafonner ma courbe en mode FLOW et VV permanent.

L’idée n’est pas de créer une nouvelle injonction à la Pleine Confiance et au Vagal Ventral, mais d’accueillir ce qui est, se reconnecter à soi et ses états suffisamment pour savoir détecter les tensions et figements qui sont autant de warning pour savoir quand réajuster ses projets pour mieux se préserver et s’épanouir.
Ce qui n’empêche bien sûr pas les moments de tensions et/ou de découragement, et ils sont ok s’ils sont adaptés, à condition de ne pas devenir permanents et paralysants. 

La reconnexion à soi est une quête de je(u) où la bienveillance l’emporte sur la SuperFormance : mission préservAction !

Cet article participe à l’événement inter-blogueurs organisé par Grégory du site Prendre Confiance. Les blogueurs participants publient sur le thème “comment vaincre ses pensées négatives”. Vous pouvez retrouver tous les articles dans un ebook gratuit pour découvrir les meilleures méthodes de ces experts.

*Décodage des sigles : 
EFT : Emotional Freedom Technique 
EMDR : eye movement desensitization and reprocessing
PEACE : Processus Empathique d’Abandon Corporel et Emotionnel
TRE : Trauma Release Exercises