Et si on explorait la bipolarité… en mode TPV ?

Dans un article pour le blog « Regards pluriels sur le haut potentiel » de Nathalie Alsteen j’avais abordé le fait que l’étiquette de bipolarité avait tendance à être un peu trop facilement brandie pour les profils neuroatypiques à fortes intensité et sensibilité.

« Le fait est qu’en tant que HP on a une tendance à gérer notre énergie par vague, et en post burn-out c’est encore plus vrai : on va se jeter sur la moindre étincelle d’énergie pour foncer dans nos multiples projets et intérêts… et rechuter derrière (Emmanuelle Delrieu l’a bien expliqué au Congrès Douance de 2019).
Une énergie sous forme de montagnes russes qui peut facilement faire penser à la bipolarité.

Alors même que physiologiquement l’organisme est encore épuisé et loin d’avoir récupéré du burn-out en réalité, on observe des pics créatifs suivi de comatage qui peuvent être déstabilisants pour soi comme pour les proches..
Et pourtant : les fluctuations d’état et d’énergie sont beaucoup plus subtiles que le laissent imaginer la lente remontée qui fait suite à un burn-out. »
De moi pour le blog « Regards pluriels sur le haut potentiel »

Si on peut avoir assez facilement l’étiquette de bipolarité quand on a un vécu et des ressentis un peu trop intenses, avec des vagues entre sympathique et vagal dorsal, n’oublions pas qu’on peut aussi effectivement collectionner les étiquettes, et cumuler le haut potentiel avec un autre trouble comme l’autisme ou la bipolarité…

A ce sujet il  semblerait que la question de la bipolarité reste en suspens chez moi, ZE étiquette qui fait peur et qu’on m’avait posée après la schizophrénie avant de confirmer l’autisme et d’un bonus TDAH … du coup j’explore encore, et plus je lis sur la bipolarité plus il semblerait que j’ai AUSSI cette étiquette à mon « palmarès »

 

Tripolaire comme moi

LE truc marrant c’est que derrière la « bipolarité » c’est qu’il y a en fait 3 états et non 2 comme le laisse entendre le nom…

On peut très facilement faire le parallèle avec les états de la Théorie PolyVagale :

  • La phase maniaque en excès de sympathique est celle de l’hyperactivité et de l’humeur labile
  • La phase dépressive en dorsal subi est celle du repli sur soi et du manque de volonté
  • Et au milieu une « euthymie » ou « normothymie » qui est un état un peu médian où l’état se situe entre les deux extrêmes… comme en TPV finalement, avec les états choisis et le POWER du Je(u)

On parle même parfois d’hypomanie qui est un épisode maniaque plus « contrôlé » (ou mieux maîtrisé) qui fait penser au vagal ventral assez intense, et/ou au flow, voire aux traits des TDAH… autant vous dire que si la bipolarité se confirmait ma formAction POWER en serait un très bon mode d’emploi au quotidien

Le fait est que sur mon vécu de crises maniaques on trouve dans l’hypomanie un vrai festival créActif qui fait vraiment penser à un flow qui ne s’arrêterait pas, allant crescendo vers l’épisode maniaque proprement dit qui serait une forme de vagal ventral subi dont on n’arriverait plus à redescendre, avec une bonne dose de sympathique et des pensées accélérées, un festival de projets plus ou moins grandioses et un gros gros manque de sommeil…
(c’est en tout cas ce que j’observe chez moi, mais comme pour la TPV chacun devra observer et décrire comment chaque état s’exprime chez lui – ou elle) 

C’est simple : j’ai voulu refaire tout EfferveScience à mon dernier épisode maniaque, en lançant (ou plutôt projetant de lancer) un site vitrine en anglais et commençant à traduire mes articles sur la TPV, avec d’autres projets de livres, un florilège d’idées d’articles : de l’EfferveScience à l’état pur, mais en mode trop intense et sans bouton stop…

En réalité plus j’écris sur ces épisodes, le premier ayant eu lieu en fin de campagne de financement, encore plus avec mes délires de projets et mon impression de devoir plus ou moins sauver le monde avec mes enseignements, plus je suis convaincue que j’ai bien l’étiquette de la bipolarité en plus, et que je dois être attentive à bien doser mes passages en vagal ventral pour ne pas m’y enfermer, et à moduler le sympathique aussi, parce que si c’est marrant au début c’est vite épuisant…

D’ailleurs l’histoire ne dit pas si une hypomanie peut en instaurant une phase de vagal ventral chronique entraîner une décompensation de type « burn-out autistique », ou mini-phase de décompensation type « burn-out express », risquant par là de précipiter un passage en phase non pas dépressive mais à minima dorsale subie… Sur mes deux crises maniaques LE gros problème était le manque (l’absence) de sommeil en plus de mon hyperactivité permanente et frénétique, mais à chaque fois c’est une camisole chimique qui m’a fait redescendre, et pas moi toute seule avec ma maîtrise des états… still a work in progress…

Est-ce qu’on peut sortir d’une phase maniaque de façon subtile et progressive sans décompenser en vagal dorsal / épisode dépressif ?
Sur le papier avec la TPV oui, mais dans ma pratique j’œuvre plus à éviter la phase maniaque qu’à en redescendre, et finalement c’est ça le véritable enjeu : éviter d’aller dans les extrêmes. 
Cela dit je suis certaine d’avoir freiné quelques hypomanies galopantes en cultivant mon vagal ventral et en complétant mon traitement de phytothérapie apaisante pour favoriser mon sommeil et ma redescente… comme quoi POWER a vraiment matière à aider à gérer les phase de la maladie.

Et heureusement qu’il y a POWER, ou le coaching, parce que mes thérapeutes ne m’ont pas franchement aidée, sur la partie éducationnelle pure… 
Quand j’ai demandé à l’équipe de psychiatre/psychologue/infirmières qui me suivait sur mes phases maniaques comment distinguer un épisode de manie d’un burn-in ou de traits autistiques j’ai eu le droit à : « c’est aux pros de le dire, vous n’êtes pas là pour vous poser des questions. »

Je. Ne. Suis. Pas. D’accord.

« On commence à vieillir quand on finit d’apprendre« , et surtout le mieux que l’on puisse faire quand on découvre un nouveau sujet, à fortiori qui semble nous concerner c’est de se renseigner, aussi à défaut d’être une experte sur le sujet je vais vous partager quelques ressources… 

Et j’insiste : quand on a la clé de lecture de la Théorie PolyVagale c’est BEAUCOUP plus simple d’observer et de reconnaître dans quel état on est, et de réagir à temps pour éviter les extrêmes maniaques et dépressifs (de la même façon qu’on va observer son sympathique pour éviter le burn-in et ne pas rechuter après un burn-out).

Et maintenant, mission informAction !

 

Quelques ressources

Comme pour mon article sur les neuroatypies loin de moi l’idée d’être exhaustive, mais je tiens à vous partager une série de ressources qui m’ont été utiles pour appréhender la bipolarité.

A toutes fins utiles déjà quelques articles :

Les articles sont un bon début, mais si le trouble bipolaire te concerne directement tu vas vouloir enchaîner avec des lectures un peu plus fournies.

Pour rester dans la vague visuelle des références sur la Différence Invisible J’ai lu la BD « Goupil ou Face » qui est LA référence grand public visiblement
Je suis mitigée, j’aime bien l’idée du renard à apprivoiser (comme mes dragons ) mais je m’y suis moins retrouvée que dans l’autisme au féminin, le TDAH ou la douance… dans un premier temps. 
En revanche, comparé aux bouquins particulièrement dark sur la bipolarité, je me retrouve beaaaaaucoup plus dans la cyclothymie que dans la bipolarité.

D’ailleurs peut-on vraiment combiner le Trouve du Spectre de l’Autisme (TSA) ET le TDAH sur fond de haut potentiel hypersensible SANS être ‘cyclothymique’ ?!

Si je reboucle avec mon article chez Nathalie Alsteen pour moi la réponse est clairement non, à partir du moment où on a une pensée hyperactive et une sensibilité exacerbée comme tout profil efferveScient qui se respecte… (en fait j’avais déjà des indices sur mon fonctionnement quand j’ai trouvé ce nom !!)

Donc « Goupil ou Face » pour une introduction en BD, et ensuite on va aller du côté des livres sans images, dont je regrette pour beaucoup qu’ils soient basés sur des témoignages plus que sur de l’information pure, en tout cas la majorité de la trilogie que j’ai lue :

  • « Vivre heureux avec des hauts et des bas » du Dr Elie Hantouche et Vincent Trybou (mélange d’informations utiles et de témoignages variés)
  • « Vivre avec des hauts et des bas : un psy et son patient racontent » de Christian Gay et Jean-Alain Génermont (j’ai eu du mal à me projeter dans celui-là, ça donnerait presque envie de se suicider plutôt que d’explorer ce genre d’extrêmes, je ne recommande pas)
  • Et pour terminer un gros pavé qui n’est pas un témoignage et fait bien le tour du sujet, avec son joli papillon en couverture : « Faire face au trouble bipolaire, guide à l’usage du patient et de ses aidants » du Dr Jean-Pierre Guichard et Angélique Excoffier, très dense mais très complet, je recommande++

Pour aller encore plus loin une série d’ouvrages recommandés par FondaMental mais que je n’ai pas (encore) lus (j’ai viré les livres de témoignages de la liste) :

  • « Le miroir de Janus » de Sami-Paul Tawil
  • « Des hauts et des bas qui perturbent votre vie » de Michel Rochet
  • « Des hauts et des bas : bien vivre avec sa cyclothymie » de Duchesne N.

Même si en vrai pour moi la trilogie idéale, revue avec un peu de recul, serait : 

(le chat est un bonus pour aider à la bonne récupération)

Et une fois qu’on a bien lu (ou pas) on va réfléchir à comment adapter le quotidien…

 

Une nouvelle écologie

Sans vouloir TOUT classer et étiqueter il reste important d’avoir les bons morceaux de puzzle pour avoir un début de mode d’emploi, forcément propre à chacun.e, et en ce sens cette étiquette a pas mal changé la donne, car avec la bipolarité vient le traitement quotidien… et parlons-en du traitement !

Sur les phases maniaques c’est simple : on fait tout ce qui est possible pour nous arrêter et nous sortir de la manie, ce vagal ventral ultime couplé à un sympathique frénétique qui n’en finit pas et peut partir dans des délires mégalo franchement bizarres (en tout cas chez moi).

Résultat ? Un traitement de cheval fait pour vous assommer et vous obliger à ralentir et à dormir (et il semble que je sois TRES difficile à ralentir).
Je ne détaillerai pas le cocktail en question, il est propre à chacun, mais outre la grosse prise de poids sachez que j’ai carrément perdu les souvenirs des périodes où j’étais sous traitement dans mes deux dernières crises. Comme si cette période n’avait jamais existé et que je la redécouvrais à travers les photos et les anecdotes de mes proches… assez flippant au demeurant.

Pour le reste pas de secret : j’ai pris de l’Olanzapine au début, un thymorégulateur qui m’évite d’aller dans les extrêmes d’humeur et de rester enfermée dans un vagal ventral maniaque chronique, ou de descendre et de rester en vagal dorsal subi dépressif, et pour ça ça marche plutôt bien.

Par contre le GROS inconvénient c’est la prise de poids, et le fait que je n’arrive pas à perdre le moindre kilo malgré tous mes efforts sportifs et alimentaires depuis maintenant bientôt 2 ans… 
Et avec mon pavé sur la bipolarité avec le papillon dont je parlais plus tôt j’ai eu la confirmation que j’étais en obésité, pré-diabète et syndrome métabolique… rien que ça !

Les traitements sont censés être changés quand on prend plus de 7% de son poids initial en prise de poids, mais ma première psychiatre ne s’en est pas inquiétée, et mon psychiatre actuel ne voulait pas prendre le risque de changer de molécule, et d’éventuellement provoquer une crise, alors que mon poids semble enfin stabilisé…

Bref : un de mes gros challenges à venir va être de perdre ces kilos rebelles que je ne sais pas comment attaquer
J’ai déjà pu convaincre mon psychiatre de changer de molécule : nous sommes passés à la Quétiapine, avec une légère prise de poids mais largement moindre, et surtout mon poids s’est stabilisé… plus qu’à perdre maintenant !

Pour le reste je dois faire attention à ne pas basculer en hypomanie ni en dépression, et ça finalement c’est assez simple quand on a les clés de POWER et de la Théorie PolyVagale (j’ai mis le lien de la formAction mais tu as bien sûr le livre aussi, qui est plus accessible, ou bien on peut en discuter en coaching pour co-construire les stratégies les plus adaptées pour toi ).

L’observance du traitement est la clé, ensuite je dois juste jouer avec mes états pour rester dans le vagal ventral et les états choisis : je continue à alterner sympathique pour passer à l’action et dorsal pour me ressourcer en étant attentive à ne pas m’enfermer dans l’un ou l’autre de mes états… ma quête de je(u) quotidienne depuis bientôt 4 ans finalement !

L’effet collatéral que je n’avais pas anticipé, et sûrement toi non plus, c’est que ça va signer la fin d’EfferveScience…

 

EfferveScience s’en va

La bipolarité n’est clairement pas étrangère à la la fin d’EfferveScience dans sa forme actuelle, bien trop lourde et contraignante, de SARL.

J’avais changé de statut pour la campagne de financement du livre, en 2020, à la base pour déduire les frais d’impression et d’envois de ma compta… erreur de calcul

Le statut est lourd et coûteux, que ce soit au niveau des frais comptables, de l’URSSAF, de la TVA (qui s’applique sur une campagne, la surprise dans l’histoire), j’aurais mieux fait de rester en micro-entreprise… encore plus aujourd’hui où je dois tout faire pour réduire le stress pour éviter un épisode maniaque ou dépressif… 

J’aurais dû être plus attentive à mon capital, ce « 404 » que j’avais proposé quand on m’a refusé le 42 : c’était écrit, ce changement de statut était une erreur ☠️

EfferveScience est devenu lourd à porter, le stress financier permanent pour couvrir les nouvelles charges et le taux hallucinant de taxes : je suis en train de tourner la page, et en quête d’un nouveau projet salarié depuis le début d’année

Alors EfferveScience ne meurt pas totalement : j’ai encore le livre et les formations en vente, peut-être quelques accompagnements et conférences au fil des opportunités, mais mon esprit est ailleurs

L’objectif est de fermer la SARL et quitter la casquette de gérante pour retourner en microentreprise et faire d’EfferveScience mon projet de passion plutôt que mon projet principal comme ça l’a été ces 6 dernières années, et de retrouver le confort et la sécurité du salariat pour financer ce qui a finalement été une activité principalement bénévole

Alors oui je continuerai à sensibiliser mais plus à plein temps et surtout pas au détriment de ma santé, ces dernières années ayant été lourdes aussi comptablement que physiquement, entre les 10+ kilos gagnés et ma bipolarité révélée… stop ✋

J’écoute mon besoin de sérénité, je fais des économies, j’arrête l’hémorragie et je refais d’EfferveScience mon terrain de je(u), celui qu’il a toujours été en side project, avec une célébrAction toujours d’actualité, avec un livre en plus et un second qui is coming

Je sais déjà que l’ambiance plus sereine d’un job salarié, éventuellement alimentaire, saura déjà réduire les hauts et bas de mes doutes entrepreneuriaux et du flou monétaire associé.. et c’est tout le but, d’éviter les extrêmes et les montagnes russes ! 

A suivre, et à expérimenter…. autrement, et plus simplement, mais toujours en mode je(u) et avec écologie