Tout est dans le titre.
Ciao!

Je plaisante bien sûr, mais le sujet n’est pas drôle.

J’avais déjà écrit sur le burn-out entrepreneurial, cette petite bête qui grimpe qui grimpe qui grimpe, mais le sujet reste Ô combien d’actualité !

Ces dernières semaines j’ai eu le plaisir de participer à plusieurs sommets en ligne*, ce qui semble être LA tendance du moment, mais la grande différence c’est qu’on m’a plus souvent questionnée sur mon activité hybride et hors des cases que sur le burn-out à proprement parler. 

C’est bien, ça montre qu’on est en train d’ouvrir de nouvelles voies et de semer de nouvelles graines. 

Les gentils aussi méritent de réussir nous disait Yannick dans mon dernier article, et trouver une nouvelle écologie personnelle est sûrement LE message du burn-out à l’heure où la société a un besoin urgent de ralentir et de réinventer son rapport au travail.

Mais il n’y a pas non plus obligation à se lancer en indépendant après un burn-out, surtout si c’est une fuite en avant. 

La priorité, déjà, c’est de récupérer.

Tu sais, le mode chat 😉 

Pixel a bien grandi depuis cette photo 🙂

Force est de constater, et nous en parlions à la clôture du sommet Entreprendre au Féminin, qu’il y a un mythe sur la temporalité de la « réussite entrepreneuriale ».

Beaucoup se donnent plus on moins consciemment les 2 ans de Pôle Emploi (ici en France en tout cas) pour percer et retrouver l’équivalent de son salaire « d’avant ». Et ce n’est pas infaisable, mais pas forcément garanti non plus, à fortiori quand la reconversion se fait après un burn-out et qu’on a été cassé par son (ou ses) poste(s) précédent(s). 

La priorité, après un burn-out, c’est de récupérer. 
(oui je me répète je sais, c’est pour éviter de ramasser des entrepreneurs à la cuillère ou à la pelle)

Et c’est long, de récupérer d’un burn-out.
9 à 18 mois en moyenne (n’en déplaise aux ayatollahs du « burn-out idéal » qui se plierait en 2 mois, si si j’ai lu ça).

L’autre priorité c’est de trouver sa propre temporalité, c’est cette fameuse quête de je(u) qui est le fil vert de mon travail, des formations aux accompagnements, mais qu’on a tendance à délaisser par habitude de superformer.

Ca veut dire retrouver son énergie et construire une nouvelle écologie, réaliste, basée sur ses besoins et envies et qui prenne en compte notre organisme fragilisé et plus sensible au stress chronique.

(re)Mettre du je(u), enfin, et accepter que les choses prennent plus de temps que « prévu », montré, promis, ou idéalisé.

Je n’ai pas retrouvé mon salaire « d’avant » en 2 ans.

A la place j’ai récupéré, j’ai fait un baby break pour l’arrivée de mon Mini Geek (ce n’est pas avec les 4 postes de mon dernier emploi salarié que j’aurais pu envisager de pouponner, surtout bossant entre autres sur l’épigénétique et l’impact du stress en périconception, et avec l’objectif -raté- de ne pas rechuter). Et même si j’ai profité de ne pas trop m’éloigner de mes activités salariées il m’a plutôt fallu entre 3 et 4 ans pour retrouver un peu de sécurité et de visibilité que ces fameuses deux années. Et c’est ok, c’était ma temporalité, et j’ai aussi eu besoin de m’autoriser à sortir des cases et formules toutes faites pour assumer mon atypisme et mon approche un peu décalée.

Mais je savais où j’allais, et j’ai toujours été portée par un pour quoi fort : infuser et diffuser une sensibilisAction au burn-out ludique et atypique tout en restant très pragmatique et scientifique.

Soit : reprendre ce que je faisais avant, en me spécialisant sur le burn-out et en ouvrant au grand public avec une offre à mon image… multiple 🙂

Mission accomplie, et j’adore mon terrain de je(u), mais il m’a aussi donné et me donne encore des périodes de doutes et d’interrogations sur mes choix et ce rythme à trouver, à maintenir, à lâcher aussi parfois pour mieux s’accueillir dans sa vulnérabilité…

En fait je pense sincèrement que l’entrepreneuriat n’est pas forcément LA réponse au burn-out, tout comme une reconversion brutale d’ailleurs.

Le burn-out impacte le cerveau, les capacités de mémorisation, de jugement et de prise de décision : pas forcément l’idéal quand on veut apprendre un nouveau métier et/ou qu’on découvre le monde entrepreneurial et ses nouvelles compétences à acquérir. 
Il est parfois plus écologique d’explorer les possibilités de réaménagement de poste, de mobilité interne ou de réajustement de projet et de limites au sein d’un poste similaire, parfois à mi-temps, le temps d’éventuellement construire un projet professionnel indépendant, mais là encore sans injonction et sans pression. 

L’essentiel est d’être au clair sur le temps qui nous est imparti, pour citer (encore) un célèbre magicien, en termes d’arrêt de travail, de chômage et de réserves financières pour lancer ou retrouver un projet sans stresser. Oui c’est pragmatique, mais réaliste, et je vois trop de personnes s’inquiéter à 3 ou 4 mois de la fin du chômage pour ne pas le souligner. 

J’ai eu de la chance je me suis lancée grâce à l’Académie Zérolimite dans le monde de l’infopreneuriat : basiquement du e-learning pour le grand public, soit ce que je faisais déjà avant mais en indépendante. En plus j’ai été au fil de mes activités graphiste, webmaster, conceptrice pédagogique, illustratrice, rédactrice, photographe, blogueuse… bref à part la vente et la compta je n’ai pas eu beaucoup à assimiler pour bifurquer, ce qui a graaaaandement simplifié ma réorientation professionnelle

Ta quêtede sens, ton big why, ton pourquoi, ton ikigai

Je suis restée sur mon Ikigai, j’avais déjà mon pourquoi, j’ai « juste » rajouté le coaching pour pouvoir accompagner sur mon sujet préféré, le burn-out (et heureusement parce que la lecture scientifique était loin d’être suffisante), et la Théorie PolyVagale qui m’a fourni la pièce manquante entre le stress et le burn-out (et oui le livre avance bien, même s’il mettra sans surprise plus de temps à émerger que je ne l’imaginais naïvement – là encore une quête de temporalité)

J’aimerais dire que ça peut être simple pour tous et toutes, mais je suis plutôt inquiète du décalage des chiffres du burn-out du salariat à l’entrepreneuriat, et aussi de la recrudescence de « coachs de coachs » dont le projet entrepreneurial est devenu d’accompagner… les projets entrepreneuriaux des nouveaux burn-outés (souvent à la limite des 2 ans de chômage ou peu après – tu la sens la bulle ?!).
Et si j’adore mon nouvel univert j’aurais préféré l’aborder à doses homéopratiques, sans forcément repasser par une troisième case burn-out, ça aurait été beaucoup plus écologique pour tous, et moi la première ! 

Alors loin de moi l’idée de dénigrer l’entrepreneuriat, j’adore mes journées Tetris et souvent solitaires, mais je ne pense pas que ce soit la bonne solution pour tous, ou plutôt que chacun.e pourra trouver sa recette hybride, et pas forcément du côté solo de la Force (et je pense à plusieurs de mes clients qui se sont construit un terrain de je(u) hybride, transverse, et parfois intrapreneurial, la version salariée du terrain de je(u) personnalisé).

Juste : l’entrepreneuriat ne doit pas être une fuite en avant. 

Même si moi la première j’ai temporalisé longtemps avant de proposer des ateliers en entreprise, parce que je ne voulais pas y retourner, je crois qu’il faut avant tout clarifier ses valeurs et besoins pour définir un projet, et si la sécurité en fait partie les montagnes russes entrepreneuriales ne sont peut-être pas LA première réponse pour soi.

Enfin je pense que les burn-outés vont montrer de nouvelles voies plus écologiques et respectueuses de soi et des autres. 

Et ça passe aussi par réécrire le salariat et faire évoluer l’entreprise, à condition d’avoir l’espace et les degrés de liberté pour ça bien sûr.

D’ailleurs qui sait, peut-être que je retournerais porter mon message dans le salariat, en prévention santé grand public, pour un organisme étatique ou associatif, ou une mutuelle qui sait, à mi-temps, maintenant que j’ai dépassé l’idée d’être juste un faire-valoir dans mes interventions en entreprise.

On y parle écologie mentale et charge mentale, le burn-out restant pour beaucoup un gros mot (le fameux déni du burn-out est aussi à l’échelle macro, de l’entreprise à la planète d’ailleurs), mais je n’aborde pas le sujet sans y glisser une touche de stress-défense et des clins d’œil à mes amis neuroatypiques et leur sensibilité particulière au trop de stress et au trop de charge mentale.

C’est ça aussi mettre du je(u), sans fuir, sans mentir, sans m’éloigner de cette congruence qui fait si sens et peut aider à (re)mettre du sens. 

Alors oui mon ami.e, entreprends si tu le sens, si ça vibre et si ça résonne et raisonne pour toi, mais ne crois pas que ce soit la seule voie, ni les sirènes et promesses des coachs en reconversion qui ne vivent de de l’accompagnement de reconversions. Trouve ton pour quoi, et va plutôt voir les personnes qui font ce que tu voudrais faire toi-même #moijedisça

Ta voie, ta voix, c’est toi.

C’est toi qui va écrire la suite de l’histoire… et elle commence par prendre soin de toi !

* Si tu veux me retrouver voici quelques-unes des prochaines dates où j’interviens :