J’ai eu le plaisir d’être conviée par Severine Guy, éducatrice spécialisée dans l’accompagnement des parents d’enfant à haut potentiel et/ou besoins spécifiques, à intervenir sur le sujet du burn-out parental, lors de la prochaine édition de son festival des Parenthèses atypiques, du 24 au 30 juin prochain.
Le genre de proposition où je ne pouvais pas dire non !
Il se trouve que si je suis régulièrement intervenue pour présenter le burn-out, y compris à des personnes évoluant dans le domaine de la parentalité, et/ou l’accompagnement des profils atypiques, je n’étais jamais intervenue moi-même sur le sujet du burn-out parental, autrement que pour des focus physiologiques généralistes.
Ce n’est pas mon expertise déjà, ma connaissance étant purement théorique – j’avais assez de clés de stress-défense à la naissance de mon Mini Geek pour ne pas expérimenter le burn-out parental, ce qui est plutôt rassurant pour intervenir sur le sujet me direz-vous, mais soulevait chez moi la question de l’accompagnement particulier des parents épuisés, avec ses spécificités et challenges qui le rendent particulièrement compliqué à accompagner, comme nous le verrons ici et au festival.
J’avais des pistes et outils bien sûr, ça reste de l’accompagnement du burn-out, mais pas l’expérience, et je reste convaincue que l’accompagnement du burn-out parental nécessite une double compétence burn-out et parentalité que je n’ai pas suffisamment, et je vais t’expliquer pourquoi ici.
Mais qui dit nouveau sujet, en plus aussi important, dit occasion de faire une vidéo introductive sur le burn-out parental, pour sensibiliser sur le sujet, mais aussi te donner envie d’assister à ma conférence du festival, qui s’avère être une vraie masterclass inédite sur le sujet, ponctués d’échanges passionnants avec Séverine : pour t’inscrire c’est ici, et c’est gratuit 🙂
Ma nouvelle vidéo n’en est qu’une (relativement) courte introduction, pour poser le sujet et ses particularités, quant à l’article qui l’accompagne (celui que tu es en train de lire), il est complémentaire à ma conférence, et me permet d’approfondir des points que j’ai juste évoqués faute de temps pour vraiment approfondir le sujet…
Pour compléter et approfondir le sujet, rendez-vous au festival des Parenthèses atypiques !
Reprenons ici les points essentiels de cette introduction, et j’en profiterai pour explorer et approfondir des points complémentaires à ma conférence, ou juste survolés – je t’invite donc à profiter à la fois de l’article ET de la conférence #moijedisça
Sachant que ça aurait potentiellement pu être l’intervention la plus courte de tous mes contenus et partages, et pour cause…
(re)Connaître le burn-out parental
Tu le sais la clé de la prévention est la (re)connaissance, pour identifier les signes annonciateurs d’épuisement et intervenir à temps.
Sauf qu’avec le burn-out parental, on a un problème de taille : son existence est remise en question. Par l’OMS, rien que ça…
Petit focus définition (visuel, tant qu’à faire) :
Comme tu peux le lire ici, le burn-out est décrit par l’OMS comme « un syndrome […] résultant d’un stress chronique au travail qui n’a pas été géré avec succès ».
Et pour bien enfoncer le clou, le registre de l’OMS précise que le burn-out « fait spécifiquement référence à des phénomènes relatifs au contexte professionnel et ne doit pas être utilisé pour décrire des expériences dans d’autres domaines de la vie ».
2019.
(ce n’est pas une blague, il a fallu 45 ans à l’OMS pour avoir un avis sur la question du burn-out !!)
Il y a TELLEMENT de choses problématiques dans cette définition, la première étant qu’elle suppose que le burn-out est un problème de « mauvaise gestion d’un stress chronique » – lequel stress n’est à aucun moment remis en question, ce serait questionner le modèle capitaliste et son objectification des ressources humaines (tu sais, toi et moi), et risquer de prendre conscience qu’il entretient (voire créé) le problème. Comment ça les gens ne savent pas gérer le stress chronique ? Ou comment normaliser le stress quotidien, et stigmatiser celles et ceux qui s’écroulent – et nous sommes légion.
L’autre point (très) discutable est le présupposé que le burn-out ne prendrait naissance QUE dans la sphère professionnelle et pas ailleurs, laissant entendre là encore que l’individu-objet peut être compartimenté entre sa vie professionnelle et sa vie personnelle, les deux n’interagissant aucunement entre elles… On dirait un modèle expérimental tellement c’est irréaliste !
Certes il arrive que des épisodes de burn-out soient uniquement professionnels et rien d’autre, dans un environnement de travail toxique, incertain, avec des injonctions paradoxales, des objectifs irréalistes, des attentes trop élevées, parfois du harcèlement en plus, mais c’est loin d’être la majorité.
Bien souvent le burn-out est multifactoriel, le stress pro impactant la vie perso, laquelle peut participer à précipiter un stress pro chronique vers l’épuisement (par exemple pour moi la maladie puis le décès de mon père sur mon premier burn-out, et un harcèlement bancaire sur fond de surendettement pour les deux suivants, en plus des mes triples puis quadruple postes – avec un autre boulot-passion de photographe à côté, tant qu’à faire…)
Le troisième point de discussion, conséquence des deux précédents, est que cette définition ne fait pas totalement l’unanimité, et ne saurait donc, à ce jour de nos connaissances et observations, faire consensus, même si l’état de l’art peut bien sûr évoluer (ce ne serait pas la première fois que les institutions médicales auraient un temps de retard sur la recherche, c’est l’ordre intrinsèque de la démarche de recherche – on explore d’abord, on caractérise ensuite, et après seulement on informe).
Comme tu le sais (ou pas d’ailleurs) mon expertise initiale c’est la physiologie du stress et du burn-out. Je travaillais avec des chercheurs et médecins, comme conceptrice pédagogique, illustratrice et communicante à former des médecins en médecins préventive et fonctionnelle, sur divers sujet de santé publique dont le stress chronique et le burn-out. La médecine préventive n’ayant (et heureusement) pas attendu l’OMS pour informer et former sur la (re)connaissance et la prise en charge du burn-out.
Pour reposer rapidement le contexte (que je décris et illustre plus précisément dans cet article, ou dans mon livre) : le burn-out est la conséquence d’un stress chronique, dans un mécanisme qu’Hans Selye, papa du stress (il l’a nommé et théorisé) appelle le Syndrome Général d’Adaptation.
Ce Syndrome Général d’Adaptation comporte trois phases :
- La phase d’alarme, en cas de stress ponctuel, que l’organisme sait et va gérer (par la lutte, la fuite ou le figement, pour la lecture historique, ou par la voie vagale ventrale du coping, pour son actualisation polyvagale). Brusque montée d’adrénaline puis de noréadrénaline, petit pic de cortisol ponctuel, retour à la normale (pour les plus visuels les courbes sont ici).
- Les problèmes commencent quand le stress s’installe sur la durée : stress chronique, ou nombreux petits stress répétés. L’organisme entre en phase de résistance, adrénaline et cortisol ne redescendent plus, l’organisme reste bloqué dans le stress (système sympathique). C’est ce stress chronique qui peut entraîner des somatisations, de l’irritabilité, une inflammation de bas grade, et à terme…
- La dernière phase, l’épuisement. En deux étapes : le pic de cortisol, ce qu’on appelle le burn-in, pic de stress qui annonce la survenue prochaine, et bien souvent rapide, de la phase de décompensation, effondrement du cortisol, qui peut entraîner une chute conséquente de la dopamine et de la sérotonine : c’est cette étape qu’on appelle physiologiquement le « burn-out », même si selon les définitions le burn-out peut se référer plus largement à l’ensemble du processus, du stress chronique à l’épuisement (c’est physiologiquement moins juste, la biologie diffère selon les phases)
Pour que ce soit plus parlant je t’épargne mes courbes, mais te propose ma représentation fétiche, celle avec des piles :
Dans un premier temps concentrons-nous sur la physiologie, et sur les piles : notre pile se remplit de stress chronique, elle s’oxyde et vire à l’orange, à cause du cortisol qui maintient notre organisme mobilisé dans sa branche sympathique (lutte ou fuite), jusqu’à ce que les réserves de cortisol s’épuisent (épuisement surrénalien) et s’effondre : c’est le burn-out, dont la caractéristique biologique principale (même si pas la seule) est l’effondrement du cortisol.
Si la lecture psychiatrique ajoute à la description du burn-out un contexte professionnel, d’abord décrit chez les médecins, puis chez les soignants et aidants, avant d’être étendu à tout le monde du travail, du côté de la médecine généraliste et fonctionnelle, quand on ne regarde que la biologie, on retrouve ce tableau clinique d’épuisement surrénalien indifféremment chez les médecins, les aidants, les soignants, les salariés, les entrepreneurs, les parents, et plus récemment certains étudiants, chômeurs et enfants (les trois derniers étant encore actuellement discutés, notamment sur la pertinence de parler ou non de burn-out).
N’en déplaise à l’OMS, la biologie ne fait pas de politique.
Et j’imagine mal un médecin ou un thérapeute, face à une maman épuisée qui a décompensé, lui dire qu’elle « ne peut pas faire un burn-out parce qu’elle ne ‘travaille’ pas » – ou alors changez de médecin.
Ca fait une vingtaine d’années qu’on parle de burn-out parental, de la même façon qu’on parle de burn-out professionnel (ou de burn-out tout court en physiologie), et une quinzaine d’années que le burn-out parental est spécifiquement étudié et documenté – notamment par les travaux d’Isabelle Roskam et Moïra Mikolajczak, de l’Université de Louvain (voir leur site informatif et ses ressources).
Le système capitaliste peut vouloir appuyer que le burn-out serait l’apanage de ses « objets actifs », les travailleurs (une lecture en tant que sujet serait moins clivante), il n’empêche qu’on observe le même tableau clinique chez les aidants et les parents, pour ne citer que les plus documentés.
Si on voulait objectiver empiriquement la similarité des phénomènes (moi scientifique), je vous propose de donner à des médecins généraliste et fonctionnels les bilans biologiques d’un salarié épuisé par son travail (et le cancer de sa femme, ou des tensions de couple, parce qu’on n’est pas chez les bisounours, les salariés ont aussi une vie personnelle dans la vraie vie), d’une maman solo épuisée avec ses quatre enfants et deux mi-temps, ou d’un étudiant épuisé par deux années de prépa suivies du stress des concours.
Demandez-leur lesquels sont en burn-out, et lesquels sont « juste épuisés » (dans le sens d’une fatigue physiologique non surrénalienne), et on rediscutera des clivages capitalistes de l’OMS et des légistes, et de leur réalité biologique 😉
Plus sérieusement, si la définition du burn-out prête encore à discussion (même si avec mon prisme scientifique l’ajout de qualificatifs tels que « professionnel », « maternel », « parental » ou « des aidants » ne remet pas en question la même réalité physiologique), il est un point qui fait consensus : la trilogie de signes associés au burn-out, qu’on retrouve à la fois dans le rapport de la Haute Autorité de Santé de 2017 et la définition de l’OMS de 2019 (oui oui, la France a précédé le Monde, cocorico).
Ces trois signes les voici, et ô surprise, ils sont communs à l’épuisement professionnel et à l’épuisement parental, même si leur expression contextuelle va (logiquement) légèrement différer :
Oui, j’ai refait de nouveaux petits dessins à l’occasion de ma conférence, et de cet article 🙂
Nous avons donc LA fameuse trilogie que je vous rabâche depuis 8 ans maintenant (dans mes précédents contenus à destination des médecins nous n’abordions pas cette partie plus psychologique et sociologique, juste la physio du stress) :
- L’épuisement physique et psychologique : on n’en peut plus, physiquement et mentalement, et la fatigue est telle qu’elle n’est pas améliorée par le repos (laisser ses enfants à garder quelques jours ne va pas aider à récupérer, c’est toute la différence entre le burn-out parentale et une simple fatigue physiologique causée par le manque de sommeil). Aucune différence notable entre les tableaux pro et parentaux.
- La perte du sentiment d’accomplissement : de la même façon que ne va plus s’épanouir dans son travail quand l’épuisement s’installe, le parent épuisé va perdre le plaisir de son rôle de parent, risquant de saturer, d’être frustré de ne plus travailler, et/ou culpabiliser de ne plus s’accomplir ni s’investir vraiment dans son rôle de parent. Tout comme au boulot…
- La dépersonnalisation ou déshumanisation (celui où les experts n’arrivent pas à choisir UN terme, et où je propose « zombification » pour mettre tout le monde d’accord) : on parle aussi de distanciation affective (terme plus spécifiquement parental), mais ça recoupe ce qu’on décrit chez les médecins annonçant un diagnostic tragique, ou certains managers particulièrement cassants, un non-investissement de la relation qui peut se traduire par un discours impersonnel voire cynique.
L’Université de Louvain propose une quatrième caractéristique pour qualifier le burn-out parental, que je vais bien sûr citer ici par souci de rigueur, mais que je ne relaie pas dans mes contenus de vulgarisation : c’est le contraste, la différence perçue par le parent entre la version idéalisée qu’il aurait souhaité être (le parent parfait, ou la maison-témoin pour parler TPV), et sa réalité de parent épuisé.
Je trouve cet item inutilement culpabilisant, et ne voit pas l’intérêt de forcer une différenciation entre burn-out professionnel et parental, alors que dans ma lecture initialement physiologique ce clivage n’existe pas. J’ajouterais, et mon audience le sait bien, qu’on peut retrouver cette culpabilité chez les salarié.e.s épuisées, biberonnés qu’ils sont d’injonctions de SuperFormance et de « parfait petit soldat », où on a vite fait de pointer du doigt ceux qui tombent au combat – comme le fait aussi l’OMS… La culpabilité peut être autant ressentie que transmise, et n’est selon moi pas spécifique du burn-out parental, au contraire.
Ce genre de discours est d’ailleurs bien mal connaître la réalité du burn-out, où ce sont les plus investis qui tombent les premiers, mais aussi les plus suradaptés… et c’est maintenant (seulement) que je vais rebondir sur mes commentaires de part et d’autre de mon schéma de piles : et si le burn-out, plutôt qu’un trouble de l’adaptation, était plutôt le syndrome d’individus suradaptés à un stress banalisé ?
Laissons de côté la physiologie pour explorer ensemble le terreau sociétal du burn-out…
Un même terreau sociétal
Le point commun de toutes les situations de burn-out : des attentes trop élevées par rapport aux ressources (d’où le fameux contraste entre l’objectif et la réalité, le « quatrième point » de l’Université de Louvain).
C’est ce décalage entre les attentes et les ressources qui va instaurer un stress chronique, dans une lecture très simplifiée, mais aussi notre injonction à « SuperFormer », qui banalise et normalise ces attentes qui n’ont rien d’écologique.
Alors oui on peut parler des problèmes de surmenage, de manque de contrôle, de manque de reconnaissance, de manque de soutien ou de confiance, ou des conflits de valeur (ça ce sont nos pointeurs d’améliorations sociétales, d’après Christina Maslach), mais comme on a à ce jour plus d’impact sur les individus que sur la société ou les entreprises, on peut aussi s’interroger sur le « pourquoi on endosse ce rôle de bon petit soldat surinvesti, prêt à se couper de son corps et ses besoins, jusqu’à s’épuiser ? » (ce que j’appelle « la génération Stormtrooper« )… et c’est là qu’entrent en jeu les messages contraignants, ou « drivers » :
Des injonctions que nous héritons bien souvent de nos figures parentales (parfois toxiques, même involontairement – voir l’interview de Marie-Anna Morand), et qui sont relayées par l’éducation qui nous classe et nous compare, puis par le marché du travail capitaliste et libéral, qui cultive cette dynamique de compétition qui nous oppose et nous épuise.
Ce sont les plus investis qui s’épuisent, certes, mais pourquoi ce surinvestissement ?
Pourquoi pointer un échec à « gérer le stress chronique » plutôt que la normalisation de cet état de stress permanent ?
Pour citer Krishnamurti :
« Ce n’est pas un signe de bonne santé mentale d’être bien adapté à une société malade. »
Jiddu Krishnamurti
Ce n’est certainement pas pour rien que Gabor Maté, après avoir pointé les effets nocifs du stress sur notre organisme dans son ouvrage référence « Quand le corps dit non – le stress qui démolit« , a ensuite interrogé et dénoncé notre « mythe de normalité » qui n’a rien d’écologique dans « The myth of normal » (non traduit à ce jour)…
Cette injonction à SuperFormer au mépris de nos besoins et émotions je l’ai décrite et illustrée dans « La génération Stormtrooper« , pour les fans de Star Wars qui voudraient creuser la lecture plus professionnelle du burn-out :
Cela dit, dans la dimension du burn-out parental, qui touche majoritairement les femmes, j’ajouterai une composante transactionnelle dans l’équation, la coupure de notre enfant intérieur, avec parfois une dose de parentalisation précoce, les deux n’aidant pas à établir le lien avec l’enfant, en plus de l’injonction à « masquer et ne pas ressentir » (« conceal don’t feel »).
C’est un point que j’aborderai spécifiquement dans le cadre du burn-out parental lors de ma conférence, mais que tu peux déjà explorer (et approfondir, mais sans la spécificité parentale) dans cet article et/ou cette vidéo :
Notre amie Elsa est la championne des injonctions de SuperFection, à coup de messages contraignants et d’invitation à se dissocier de son corps et ses ressentis… jusqu’à son « ice out » (la version glacée du burn-out, celle d’Elsa, qui est en fait plutôt un burn-in qu’un burn-out – elle ne décompense pas, elle s’enfuit en mode sympathique et reconnecte à son enfant intérieur, Olaf, et ses talents, son Ikigai, pour la version courte de mon analyse).
Elsa, c’est la cristallisation des injonctions qu’on retrouve autant dans la parentalité dans la scolarité et le monde du travail : après l’élève modèle, l’employé le plus surinvesti du mois, la maman parfaite, le papa idéal, et leurs enfants tout aussi irréprochables… tu le vois le côté irréaliste ?!
Sans parler des discours et partages de « parents parfaits » sur les réseaux, et encore pire des commentaires, qui peuvent être parfois d’une violence crasse…
En même temps tout le monde est sur les nerfs, et ça n’aide pas on le verra.
Bienvenue dans le monde (pas si) merveilleux du burn-out parental… et de ses spécificités.
Les particularités du burn-out parental
D’un point de vue physiologique déjà, la spécificité du burn-out parental c’est qu’il combine bien souvent, et notamment lorsque l’enfant ou l’un des enfants est encore très jeune, la fatigue physiologique du manque de sommeil avec l’épuisement surrénalien du stress chronique (le premier étant résorbé par le repos, l’autre non, l’un n’excluant pas l’autre).
Pour le dire visuellement, c’est comme si ta pile d’énergie se vidait ET s’oxydait en même temps :
Niveau gestion de la fatigue et de l’énergie, c’est next level.
On récupère comment de son épuisement, quand même dormir est un challenge ?
Sans compter que du côté parental de la force, on a beau consulter quand on repère la trilogie de signes de l’épuisement (mais les parents prennent rarement ce temps – c’est pour ça que les sages-femmes et médecin seront particulièrement vigilants, idéalement, à l’état physiologique et psychologique de la maman, idéalement, lors des visites de suivi des bébés et jeunes enfants), il n’y a pas d' »arrêt de parent »…
Si tu me connais déjà tu le sais, LA clé pour récupérer d’un burn-out c’est le « mode chat » : repos, dodo, croquettes, dodo, encore repos…
Le planning idéal de tout arrêt de travail qui se respecte quand on détecte un risque de burn-out, ou après la décompensation si on arrive après (et non « trop tard », chacun fait au mieux, et les accompagnants sauront adapter leur prise en charge).
Sauf que le mode chat, ici, il ne marche pas…
Mon mode chat est totalement irréaliste face à un burn-out parental.
Certes on peut parfois laisser les enfants à garder quelques jours, par de la famille proche, des amis… mais rappelons que la fatigue du burn-out a cela de spécifique qu’elle n’est pas résorbée par le repos, en tout cas pas un repos de juste quelques jours.
Alors comment faire quand on doit récupérer ET continuer à s’occuper de ses enfants, tout en n’ayant pas forcément la chance d’avoir de vraies nuits ? (et parfois une activité à côté, je pense aux mumpreneures qui n’ont pas forcément d’arrêt de travail, dans la vraie vie où les vrais gens ont à la fois une vie perso et une vie pro)
J’ai donc eu l’idée d’une autre image, animalière toujours :
(n’en parlez pas à Ekanta, elle boude de ne plus être ma mascotte de stress-défense…)
La louve a cette particularité de prendre soin d’elle en même temps qu’elle prend soin de ses enfants, on la représente souvent dans sa posture maternante, et bien moins indépendantes que nos amies les chattes…
C’est d’ailleurs un autre sujet, la perte de notre organisation en « meute » pour élever nos enfants, on l’évoquera dans la conférence avec Séverine, ça et notre besoin intrinsèque de communauté et de lien… et qui dit communauté et lien dit… Théorie PolyVagale bien sûr !
Je suis vraiment contente d’approfondir ce sujet du burn-out parental en ayant décortiqué la TPV, en plus de mes connaissances sur le stress et le burn-out, car c’est une lecture très enrichissante sur le sujet, que je ne pouvais pas ne pas évoquer 🙂
Burn-out parental et Théorie PolyVagale
Nous venons au monde câblé pour le lien.
Il est vital pour le bébé qui vient de naître, et n’est absolument pas autonome.
Ce que dit la TPV, c’est que le lien se construit dans l’interaction avec les figures parentales et maternantes, dans les échanges, les câlins, le toucher, le peau à peau… et une certaine dose de vagal ventral.
On parle de corégulation (transmission de l’état de vagal ventral de la figure parentale au bébé, qui ne sait pas se réguler seul), mais aussi de syntonisation ou accordage, pour prendre des termes plus musicaux qui illustre comment le bébé va se sécuriser et s’épanouir avec sa figure d’attachement :
Sauf que cet accordage peut être plus compliqué en cas de stress chronique et/ou d’épuisement.
C’est notre état qui écrit l’histoire, état qui va traduire notre niveau de stress et de danger perçus.
Sympathique pour le stress chronique, vagal dorsal pour l’épuisement, la phase de décompensation du burn-out.
Notre état va alors teinter notre perception de la réalité, nos ressentis, nos doutes, mais aussi l’attachement qu’on développe avec notre enfant.
Je remercie Marjorie Leite, membre de mon Lab’O de transmission de la TPV, qui croise parentalité, attachement et TPV, et vous a décrit comment chaque état va impacter notre posture parentale :
Les mêmes avec deux enfants, dont un plus grand – le vécu reste le même, c’est pour choisir les cartes les plus représentatives pour toi :
Merci à Marjorie Leite pour la description de ces cartes. Son site : https://marjorieleite.com/
🎁 POUR TELECHARGER LES CARTES ET LES IMPRIMER C’EST ICI 🎁
(En accès libre, pas même besoin d’un mail. De rien.)
Comme tu peux le voir dans ces descriptions, si chaque état est ok et là pour nous préserver (mais aussi indépendant de ta volonté, c’est le système nerveux autonome, rappelons-le), il va être compliqué d’entretenir un lien secure avec ses enfants quand on est dans le sympathique chronique, et irritable ou avec une envie de fuir, ou dans le vagal dorsal, dans le repli sur soi et la déconnexion, avec en prime dans le burn-out parental un épuisement physiologique et surrénalien qui nous met encore plus à plat que le simple repli sur soi.
Une situation qui peut compliquer notre rôle de corégulation, mais aussi, à plus long terme, l’attachement avec notre enfant :
Un parent sur les nerfs, avec une dominante de sympathique, pourra être perçu comme ambivalent et mettre l’enfant en sympathique (les états étant « contagieux », on parle de « dysrégulation » quand on transmet un état de survie-sympathique ou dorsal), et l’enfant risque de manquer de confiance en lui.
Un parent épuisé, décompensé en dorsal, pourra quant à lui être perçu comme évitant, et transmettre son vagal dorsal, avec des enfants qui manqueront de confiance dans les autres (leurs besoins n’étant pas entendus).
Je ne parle pas des attachements désorganisés qui peuvent engendrer des vécus traumatiques et troubles de l’attachement, ça relève de la thérapie (je ne suis pas thérapeute), mais les vécus traumatiques et parents « toxiques » vont aussi impacter notre attachement, et notre système nerveux.
Voici LA vidéo référence sur le sujet – on y voit aussi l’impact sur les états des « expériences adverses de l’enfance », que stress chronique et épuisement peuvent aussi alimenter :
Une animation du PolyVagal Institute, traduite par Quantum Way.
L’idée ici n’est pas de culpabiliser mais d’informer, et de prendre conscience que l’accompagnement d’un burn-out parental fait autant entrer en jeu la récupération du ou des parents que le développement d’un système nerveux bien régulé chez l’enfant – même si avec la thérapie rien n’est figé dans le temps.
C’est pour ça que sur des tableaux de burn-out parental j’aime orienter vers un accompagnement qui combine la lecture physiologique du burn-out avec celle de la TPV et de la parentalité (d’ailleurs on reparlera prochainement de parentalité avec le prisme TPV avec Marjorie), et des outils qui serviront autant les parents que les enfants, et le lien entre eux – tu en auras un aperçu dans l’atelier pratique du Festival, si tu prends le pack.
Alors concrètement, on fait quoi ?!
Objectif Je(u), toujours
Je te rappelle que le POWER de la TPV, ce que j’appelle le « POWER du Je(u)« , est que tu peux combiner les états, c’est même LA clé pour entretenir et préserver ton énergie :
Mettre du « Je(u) » ça veut dire identifier ton état déjà, voir s’il est adapté ou non à la situation, et apprendre à revenir avec flexibilité vers un peu plus de vagal ventral.
Juste ça, dans un premier temps, la TPV n’étant pas une injonction de plus à être tout le temps dans le vagal ventral, c’est utopique, encore plus quand on est épuisé.
Ca veut dire mettre une dose de vagal ventral dans ton sympathique, ça c’est le « jeu », cet espace d’action et d’interaction choisies (qui ne sera pas ta priorité si tu es épuisé.e, mais ça reviendra tu verras), mais aussi mettre du ventral dans ton dorsal, et ça c’est le « je », un espace de repos qui peut être dans la connexion bienveillante avec toi et ton ou tes enfants.
Et c’est LA clé, de la TPV en général, mais encore plus de l’accompagnement du burn-out parental.
Je vais t’inviter à mettre la juste dose de vagal dans ton dorsal épuisé – et tu verras dans la conférence que c’est probablement plus accessible que tu ne l’imagines 🙂
D’être cette louve, temporairement épuisée hélas, mais qui mettra une intention et une attention particulières dans son repos déjà (qui peut être du pur dorsal, c’est ton besoin du moment – elle se tait SuperFection !) mais aussi dans les moments d’interaction avec ton ou tes enfants – et je te donnerai des premiers outils pour le faire concrètement dans la conférence également, et encore plus dans l’atelier.
Pour le représenter visuellement :
N’en déplaise aux injonctions sociales et sociétales, et aux « Mamans parfaites d’Instagram » (fake!), la parentalité ce n’est pas un monde merveilleux où tout le monde a tout le temps des étoiles dans les yeux, et où les bébé font caca des paillettes dans des couches que tu auras bien évidemment cousues main, mais ce qui fait la vie : des moments magiques de connexion, des moments stressant d’interrogation, des moments de fatigue, et parfois l’impression d’être dépassé et/ou complètement épuisé, et c’est ok!
Qu’on se le dise : le parent « idéal » (je dis bien idéal et pas « parfait »), c’est aussi et avant tout celui qui sait prendre soin de lui et de ses besoins (tu sais le masque à oxygène dans l’avion, toussa…)
Parce que c’est lui qui saura se préserver déjà, mais aussi cultiver le lien tellement essentiel à l’épanouissement de l’enfant ET briser le cycle de l’épuisement, en montrant à ses enfants que c’est ok de s’écouter, d’exprimer ses besoins, de les respecter, et de se préserver.
Et si on arrive à faire ça, toutes et tous autant que nous sommes, alors nous serons les ambassadeurs et « mère-veilleuses » de la stress-défense et du POWER du Je(u), et ça c’est mon souhait le plus cher !
Alors on arrête de « show must go on » de la team SuperFection qui sévit sur les réseaux (pas si) sociaux, et on incarne tous collectivement le « slow must go on », ce temps suspendu qu’est et devrait rester cette parenthèse de la parentalité, que nous explorerons et célèbrerons dans le festival des Parenthèses atypiques, du 24 au 30 juin prochain, et j’espère bien au-delà !
On récolte ce que l’on s’aime, et c’est en semant et s’aimant avec la juste dose de vagal ventral que nous écrirons un futur plus épanouissant pour nous et nos enfants.
Ou pour te laisser sur un autre joli mot sur ces maux des burn-out maternel et parentaux, qui gagneraient à plus de (re)connaissance : all you need is lo(u)ve !
Viens, on écrit la suite de l’histoire au Festival des Parenthèses atypiques !
Et si tu veux approfondir le sujet de la Théorie PolyVagale j’ai une (autre) masterclass
accessible dans cet article, ou directement sur Youtube,
et bien sûr mon livre, que tu peux me commander directement pour avoir pour toi et tes enfants
les petits goodies illustrés pour nous rappeler à tous de (re)mettre du je(u) 🖖
Et si tu veux parler de TPV à tes enfants, RDV dans cet article et dans cette vidéo :
Rétroliens/Pings