J’ai une mission : introduire la Théorie PolyVagale en 10 à 12 minutes. Chrono.
Ce qui, quand on connait mes vidéos efferveScientes, et un sacré challenge !
Pour que ce soit plus intéressant, l’idée était aussi d’avoir de nouveaux contenus 🙂
La métaphore de la maison, d’après le Guide du débutant de Deb Dana, c’est fait (il y a 5 ans déjà, wow!)
Les bases de la TPV d’après « Ancré » de Deb Dana, en une trilogie de trilogies, c’était il y a un an déjà (avec une version en 30 minutes et une masterclass)
La TPV avec des animaux, pour les petits et grands enfants, c’est fait aussi (avec une vraie vidéo courte cette fois – 7’30)
Vous connaissez mes triforces, j’ai déjà fait Star Wars, la Reine des Neiges, Wish, un paquet d’interviews, l’idée était d’avoir une nouvelle image à proposer, grand public, validée (je suis actuellement le certificat officiel à la TPV du PolyVagal Institute et de Quantum Way, pour m’assurer d’avoir les contenus les plus justes possibles), et si possible un peu geek (on ne se refait pas).
J’ai trouvé tout ça dans une vidéo animée par Seth Porges, fils de Stephen, il y a quelques mois, avec une idée que j’avais notée et complétée dans un carnet, et qui a pris encore plus fond et forme avec le dernier opus à quatre mains de Stephen & Seth Porges, « Our polyvagal world » :
Cette nouvelle vidéo est directement inspirée d' »Our polyvagal world » dans ses images et partages (enfin pour la principale, mais j’ai rajouté ma propre métaphore au passage), ce qui saura j’espère te faire saliver en attendant la sortie du livre en français (j’en reparlerai).
Juste un « détail » : ce nouveau support est constitué de 42 toutes nouvelles diapos, ce qui est l’idéal de tout geek*, je doute que ça tienne dans 10 à 12 minutes !
*la ref ici – ce n’est sûrement pas un hasard si la seule page en couleurs du bouquin anglais est page 42…
Verdict :
Ok, pour les 12 minutes c’est un fail total. My bad.
En même temps, si tu as remarqué sur l’image de titre que j’ai changé « courte » intro en « nouvelle » intro, tu t’en doutais 😀 … (puis bon, c’est moi)
Mais avoue qu’il est chouette ce nouveau support ?!
Viens, on va le reparcourir ensemble, pour les plus visuels (ou ceux qui préfèrent lire l’article plutôt que regarder la vidéo) !
Le système nerveux, notre autopilote
N’en déplaise à Décartes, au pays de la Théorie PolyVagale ce n’est pas je pense mais je ressens donc je suis.
Ou en V.O. : I feel therefore I am.
Si si, même les plus efferveScients d’entre nous !
Nous avons un corps sous notre cerveau, et il est en permanence en train de scanner notre environnement (interne, externe, et interpersonnel).
Il se pose UNE question, la même, tout le temps : suis-je en danger, ou en sécurité ?
Ce mécanisme, c’est ce que Stephen Porges a nommé la « neuroception » :
La neuroception, c’est la détection inconsciente des signaux de danger et de sécurité.
Et je dis bien inconsciente, c’est pour ça que comme Porges je suis très attentive à parler de « détection », et pas de « perception » (qui relève de l’attention consciente, ce qu’on appelle l’intéroception, pour te spoiler -ou « divulgacher »- un peu la suite).
Non seulement c’est inconscient, mais c’est aussi autonome.
Parce que « Système Nerveux Autonome« .
Et autonome, nous répète à l’envie le livre, ça veut dire « automatique« .
En fait, notre système nerveux va détecter en permanence les signaux de danger et de sécurité, et tel un autopilote va adapter notre physiologie au niveau de danger détecter.
Et pas qu’un peu.
Et c’est là qu’arrive THE image que j’avais tellement envie d’illustrer depuis que j’ai vu, puis lu, la vulgarisation pédagogeek de Seth Porges :
Avec une neuroception de sécurité, tout va bien, on peut socialiser, se reposer, digérer, bref faire tout ce que fait un humain en confiance : on est en mode Bruce Banner.
Mais quand le danger arrive, attention, transformation ! On devient Hulk, paré à gérer le danger, par la lutte ou la fuite (plutôt la lutte, quand on s’appelle Hulk 😉 ).
Et c’est bien, d’être Hulk : ça nous permet de gérer la situation « perçue » comme stressante (le « perçue » étant ici un vocabulaire stress-défense, où on parle de « menace perçue » plus que polyvagal, où on dirait « détectée »).
Et pour ça, on se transforme en Super-Héros, particulièrement vigilant, musclé, mais pas franchement content :
Et parce que je cite toujours mes sources, pour voir la conférence de Seth Porges qui a semé la graine de cette rencontre entre Hulk et la TPV, avant de lire « Our polyvagal world » :
Si tu fouilles dans les commentaires, tu verras que j’ai tout de suite fait l’association avec les Gremlins 😉
J’avais d’ailleurs noté l’idée de faire une vidéo avec Hulk et les Gremlins, parmi mon trop de projet, et l’idée s’est imposée en lisant cette pépite de pédagogie qu’est « Our polyvagal world« , à l’origine de ce nouveau partage (plus long que prévu, oui, je sais).
Pour avoir lu Stephen Porges et Deb Dana en anglais (ils n’étaient pas traduits à l’époque où j’ai découvert la TPV), je peux te dire que si le Pocket Guide était déjà BEAUCOUP plus lisible que le premier livre (pavé) de Porges, basiquement une publi géante pas franchement digeste, « Our polyvagal world » c’est du nectar ! On sent la plume journalistique de Seth, en plus d’avoir les mêmes références geek 😀 !
Et donc s’il a utilisé l’image de Bruce Banner et Hulk dans le livre, j’ai voulu la compléter d’une autre analogie qui parlera à ma génération :
Certes l’image des Gremlins est moins exacte, Gizmo ne « devenant » pas un Gremlins, mais engendrant une version bien furax distincte de lui quand il est mouillé, mais garde quand même l’analogie en tête, Gizmo est juste parfait pour illustrer les trois états de la TPV. Parce que oui, si tu me lis depuis quelques temps déjà tu le sais : il est bien gentil Hulk (ou pas), mais la TPV ce n’est pas que deux états.
Une trilogie d’états : la Théorie PolyVagale
La Théorie PolyVagale, ou TPV pour les intimes, c’est le passage d’un système nerveux dichotomique, ou la sécurité parasympathique alterne avec le mode survie sympathique, à une trilogie d’états, qu’on représente souvent par un feu tricolore :
Si j’ai respecté l’ordre réaliste du feu tricolore, avec le feu vert en bas, tu trouveras fréquemment dans les illustrations un feu « inversé » : c’est pour illustrer la hiérarchie des états, que j’ai représentée juste à côté, avec les vrais noms de chaque état, qu’on va parcourir selon un ordre bien précis :
- On part du Vagal Ventral de la sécurité et de l’engagement social quand tout va bien
(Deb Dana parle du « haut de l’échelle », voire de « cabane dans les arbres » – j’avoue avoir du mal avec ces images avec mon vertige) - Quand un danger se présente, on va d’abord activer le Sympathique de mobilisation, avec la lutte ou la fuite : on descend d’un cran dans l’échelle polyvagale
- Mais si le danger est trop important, et que ni la lutte ni la fuite ne sont possible, alors on va descendre en bas de l’échelle, dans le Vagal Dorsal de l’immobilisation
Le principe de la hiérarchie des états c’est qu’on parcours les états toujours dans cet ordre : Vagal Ventral, Sympathique, Vagal Dorsal, et pareil pour remonter.
Une trilogie d’états qui fait écho et complète les fameux « 3F » de la réponse au stress :
(j’ai mis « danger perçu », parce qu’en physiologie du stress on parle de « menace perçue » :
on croise la détection autonome corporelle avec nos vécus passés, au niveau cérébral)
C’était ma première lecture de la TPV, ces 3F de la réponse au stress (sûrement parce que ça fait une quinzaine d’année que je baigne dans la physiologie du stress et du burn-out) : on retrouve la lutte et la fuite du Sympathique (« Fight » et « Flight » en anglais), et le Figement devient la branche parasympathique Dorsale ou Ancienne, quand le Vagal Ventral nous fournit (enfin) une explication quant aux profils de Maîtres du Je(u) qui semblent ne pas être impactés par le stress, ceux que j’appelle les « Spiderman » dans mon exemple préféré (trigger warning : araignée) :
Tu noteras que j’ai mis cette charmante araignée en plus petit que sa version diapo, histoire que tu ne bondisses pas trop haut.
L’idée est bien sûr ici de remplacer l’araignée par quelque chose qui te fais peur, si tu veux identifier ton mode de réponse par défaut face au danger (fuite, lutte, ou inhibition/figement).
Et si les araignées ne sont pas une menace pour toi : bravo, tu es dans la team Spiderman !
Ca veut dire que tu restes en Vagal Ventral devant les araignées, elle n’activent pas une détection/neuroception de danger. Respect.
Là où c’est intéressant, c’est que si pour les experts du stress la TPV a expliqué cette réponse d’adaptation sans stress, qu’on appelle le « coping », par la voie vagale ventrale, pour les thérapeutes spécialisés dans le trauma la nouveauté était plutôt la réponse de figement associée au Vagal Dorsal, ou ancien : oui, le figement est une réponse adaptative.
Une lecture particulièrement déculpabilisante pour celles et ceux qui n’ont pas su ou pu réagir et se défendre face à une agression, quelle qu’elle soit, et qui pourraient culpabiliser à cause de cela…
La TPV est formelle : face à un danger mortel, une menace qui dépasse nos ressources, la réponse la plus adaptée est l’inhibition ou figement, qui peut aller jusqu’à la dissociation voire l’évanouissement (« collapse », ou « shutdown », en anglais).
Cet état permet de diminuer le ressenti et la douleur de situations traumatisantes, tout en préservant l’énergie pour le moment où on pourra fuir ou lutter. Et répétons-le, surtout ici : c’est une réponse adaptative autonome, automatique donc.
Non seulement on ne choisit pas de ne pas se défendre, mais c’est parfois la réponse la plus adaptée.
Dit autrement, et parce que je ne l’avais pas encore écrit ici : tous les états sont OK, et là pour nous protéger.
Et donc, si on résume nos trois états avec notre « détecteur de danger » :
Ou, dans une version mogwaï, avec notre ami Gizmo (et juste lui cette fois, on est bien dans une illustration des changements d’état) :
(une image qui m’arrange, parce que Hulk on ne le voit jamais en dorsal)
On voit donc ici notre ami Gizmo tout heureux et social dans son vagal ventral, sa « zone verte », qui va passer en mode « Rambo » sympathique dans les Gremlins 2 (parce que des fois, il faut devenir la guerre), ou se cacher dans un casque dans les Gremlins 1, à l’arrivée des fameux Gremlins.
D’un côté il a choisi de combattre, de l’autre il a préféré se cacher.
Et les deux réponses sont ok, et adaptées. Mais suggèrent une notion de choix, surtout quand Gizmo se transforme en Rambo.
C’est là qu’on va parler du Système Nerveux Autonome en tant que « variable d’ajustement » entre un stimulus (une situation) et notre réponse (notre comportement), tel que défini par le Dr Frankl :
Gizmo a choisi de lutter, et d’activer le mode Rambo, on le voit bien se préparer dans les Gremlins 2, de même qu’il a préféré rester caché dans le casque dans les Gremlins 1 (mais c’est potentiellement moins volontaire ici).
On ouvre ici un vaste sujet, celui du choix conscient des états, que j’avais à cœur de détailler dans cette nouvelle vidéo, et son article, quitte à les allonger tous les deux, car c’est un point essentiel, et loin d’être simple.
Le POWER de l’ajustement : une mise au point
Un point très discutable de mes premières vidéos sur la Théorie PolyVagale, en 2018 : l’idée suggérée, très « coaching », qu’il suffirait de changer d’état pour gérer des situations compliquées.
C’était simpliste. Pas totalement faux sur des « petites échéances », ou des « petits enjeux », comme préparer un exam ou un entretien, ou une prise de parole en public, quand on a un système nerveux bien régulé, mais très déconnecté de la réalité d’une majorité de la population qui vit en mode survie, dans la suradaptation ou la déconnexion.
Déjà, si on revient à la base, il s’agit du système nerveux « Autonome« (automatique) : le premier état que l’organisme met en place face à une situation donnée, il le met en place tout seul, et bien souvent inconsciemment.
Le seul élément perceptible consciemment, outre observer nos ressentis corporels, c’est la façon dont notre état va teinter notre réalité.
« C’est notre état qui écrit l’histoire ».
Ou pour une représentation illustrée (par Asia Gondek) :
Notre état physiologique va influencer notre récit de la réalité, notre « histoire », comment on va percevoir une même scène, un même événement.
Mais l’inverse est vrai aussi : notre histoire, nos vécus de danger ou de sécurité, notre attachement secure ou insecure vont influencer notre état par défaut, et nous sommes légions à être enfermés dans l’insécurité, que ce soit suite à des expériences adverses de l’enfance, des traumas, un attachement insecure, des agressions, du harcèlement, un stress chronique, et tant d’élément potentiellement stressogènes qui nous entourent et nous menacent :
Déjà un point ESSENTIEL : ce n’est pas TOI le problème, si tu es dans cet état d’insécurité chronique.
Ni ton système nerveux, qui n’a fait que remplir son rôle de protection et d’adaptation.
Ton système nerveux, même dysrégulé, va bien. Il te dit juste que toi, tu ne vas pas bien.
Mais :
- C’est son rôle,
- Ce n’est pas ta faute et
- Le problème est ailleurs
Le problème, c’est que nous sommes légion à rester en mode Hulk, ou enfermés dans des armures dorsales dissociées.
Avec des signaux annonciateurs bien connus, depuis des années déjà, mais qu’on comprend encore mieux au prisme de la TPV :
Quand on est en permanence en mode survie, on va observer :
- Un recours (parfois addictif) à des produits calmants ou excitants, pour ne pas entendre un corps qui hurle (sympathique), ou bien pour ressentir enfin un corps dissocié (dorsal)
- On va se replier sur soi, faute d’avoir confiance dans les autres (sympathique), ni même parfois en soi-même (dorsal)
- On a des difficultés à coopérer, tout simplement parce qu’on n’a plus l’accès au ventral, seul état permettant de coopérer
- De la même façon, et pour la même raison, on n’aura plus envie d’activités sociales ni d’interactions (un cercle vicieux, qui nous coupe de la corégulation)
- On deviendra chroniquement agressif (sympathique chronique, et l’un des marqueurs d’un risque de burn-out)
- Et sur la durée on va risquer l’anxiété (trop de sympathique), la dépression (trop de dorsal), ou le burn-out (un sympathique chronique qui va épuiser en dorsal)
Je t’ai ajouté ici, pour chaque signe d’alerte, son « décodage TPV« , mais ces signaux de stress chronique sont connus depuis des années déjà.
Juste on les comprends et interprète mieux avec la clé de lecture TPV.
Et si j’ai refais le visuel pour l’occasion, avec notre copain Hulk, la diapo est vieille comme EfferveScience (soit 8 ans, depuis peu).
Mais pourquoi tant de haine (de soi) ?
C’est ce que je dénonçais il y a de ça 5 ans, jour pour jour, dans une vidéo d’introduction à la TPV en mode Star Wars, qui reste tristement d’actualité, encore plus en ce May the 4th :
Les May the 4th se suivent mais ne se ressemblent pas
Dans cette vidéo je dénonçais l’injonction à se couper de nos corps, de nos sensations et émotions, pour entretenir une sur-activation sympathique quasi permanente, dans un stress devenu chronique, à toujours vouloir SuperFormer, à s’oublier jusqu’à s’épuiser : c’est ce que j’ai appelé la « génération Stormtrooper » et sa « neurosymphonie de la SURvie« , qui fait encore tellement écho aujourd’hui…
Pour poser les premières notes de ma métaphore musicale polyvagale, citons Vincent de Gaulejac :
Une citation que tu retrouves dans mon article sur la neurosymphonie de la SURvie
Et c’est précisément ce que nous faisons : accélérer toujours, forcer tout le temps, jusqu’à l’épuisement.
Dans cette neurosymphonie de la SURvie le problème n’est pas, pour paraphraser Gabor Maté, que « le corps dise non », mais ce « mythe de normalité » où ne devrions toujours être SuperFormants et productifs, déconnectés de nos besoins et envies, pour répondre à une injonction capitaliste judéo-chrétienne qui sacralise le sacrifice.
Pour citer Jiddu Krishnamurti : « Ce n’est pas un signe de bonne santé mentale d’être bien adapté à une société malade.«
Alors si tu es en permanence stressé n’essaie pas de « dompter ton système nerveux », de « gérer tes émotions » ou de « renforcer ton nerf vague » pour tolérer toujours plus de stress : ils se gèrent très bien tout seuls. Ton rôle à toi c’est de t’autoriser à ralentir, à t’écouter, et à te REPOSER (avant de t’épuiser) #patriarchat
Le problème est bien plus dans le déséquilibre entre le parasympathique (qu’il soit dorsal ou ventral) et le sympathique que dans notre « système nerveux dysrégulé » qu’il faudrait à tout prix soigner (soi-nier) : le sympathique subi chronique n’est pas ok, en faire une norme malsaine encore moins.
Mais quand bien même tu serais passé ou passerais par la case burn-out là encore ton nerf vague aurait rempli son rôle : celui de t’obliger à ralentir, pour sortir de ton accélération sympathique. C’est comme un malaise vagal sur un temps long : ça disjoncte pour mieux te protéger, et ça rejoint l’idée que parfois la meilleure réponse adaptative est de ne rien faire #TeamDorsal
D’ailleurs le dorsal, quand il est choisi, est ok (c’est le repos, ou le « je » dans mon verbatim, et on en a grandement besoin), de même qu’un sympathique choisi est ok aussi (c’est le jeu) :
Ma fameuse triforce des états, celle qui illustre mon livre,
ici dans sa version adaptée du schéma officiel des états du PolyVagal Institute
Nous reviendrons sur les états hybrides « choisis » (le « je » dorsal et le « jeu » sympathique), mais aussi les états de défense et de suradaptation dans un prochain article dédié, mais je tenais vraiment à ce que tu entendes que tu n’es pas responsable d’avoir un système nerveux dysrégulé : le problème est bien plus environnemental et sociétal qu’individuel, et c’est un sujet qui est également repris dans « Our polyvagal world« .
Ensuite nous avons le moyen d’intervenir individuellement, et en ça la Théorie PolyVagale est porteuse d’espoir, mais pas en marchant sur des braises ou en se baignant dans la glace, pas en devenant antifragile non plus (là on entretient le système et son injonction à se dépasser), mais dans la douceur et la bienveillance, en apportant sécurité et corégulation.
Et ça commence par arrêter de lutter et de forcer :
On se trompe de combat. Il ne devrait pas y avoir de combat, en réalité.
L’objectif, ce n’est pas d’être Hulk en permanence, pour des cookies et de l’appartenance, mais de reconnecter à ce petit enfant juste devant, tu sais celui dont tu t’es déconnecté jusqu’à t’épuiser…
Ou pour le mettre au féminin, parce que les femmes s’épuisent encore plus que les hommes dans ce système capitaliste et patriarcal :
Et quitte à faire un article trop long, laisse-moi te raconter une histoire, que j’avais écrite et partagée pour la journée de la sensibilité :
Sortir de la prison de faire
On nous a fait croire qu’il fallait modéliser la SuperFormance.
Devenir résilients, muscler son nerf vague, être « antifragile ».
Je pense qu’on regarde en fait le mur de la caverne.
Ce n’est pas Superman ou WonderWoman que nous devrions viser.
Ils ne sont de toute façon pas humains.
C’est la petite fille qu’il fallait en fait regarder.
C’est elle qu’il faut modéliser, ou plus simplement : libérer.
Ni SuperFormants, ni antifragiles :
Juste humains, vulnérables et (hautement) sensibles.
Ecoutez les canaris qui vous alertent du burn-out sociétal.
Vous êtes dans la caverne, dans la prison de faire.
Venez, on va jouer dehors !
On va dessiner des moutons, apprivoiser des renards !
Et surtout on va faire des bonhommes de neige !
Objectif cœur, objectif corps, objectif je(u)
Une petite fable inspirante pour tomber les masques et libérer-délivrer notre sensibilité et nos enfants intérieurs en cette journée de la Sensibilité
De rien.C’est de moi 🙂
Et parce que ce texte fait encore plus sens en creusant cette image de libération et de bonhommes de neige, une autre vidéo pédagogeek, faite de Reine des Neiges et d’Analyse Transactionnelle :
Oui j’ai mis la TPV à toutes les sauces, si tu aimes le style ne manque pas mon analyse polyvagalchimique de WISH
Et donc on fait quoi, en pratique ?
On remet du Je(u) !
Objectif sécurité, mission harmonisation
L’idée de base était d’introduire la TPV avec Hulk et Gizmo (ce que j’ai d’ailleurs fait en 13’13 sur la vidéo, ce qui n’est pas SI loin de l’objectif de départ), mais je tenais aussi à moduler et modérer le discours simpliste sur le choix des états ET à apporter des solutions de régulation : forcément, ça fait plus long. Mais c’est beaucoup plus optimiste et constructif, non ?
En fait la clé elle est simple, et tient en un mot : la sécurité.
Ou pour citer Porges (père) :
Notre plus grand besoin, individuel et collectif ? La sécurité.
Ce n’est pas pour rien que nos système nerveux détectent en permanence les signaux de danger et de sécurité : « combien nous nous sentons en sécurité est crucial pour notre santé physique et mentale, et de notre bonheur.« (Stephen & Seth Porges, « Our polyvagal world »)
Les romantiques auront sûrement pensé à l’amour, et oui, aussi, mais essayez de vous abandonner dans le lien amoureux et l’intimité sans sécurité…
(spoiler : c’est très très compliqué, les personnes ayant connu des abus sexuels pourront en témoigner)
« La recherche permanente d’un sentiment de sécurité est au cœur de notre humanité »
Stephen Porges (2022)
La sécurité, c’est le terreau de notre bien-être, de notre bonheur, de notre santé, de notre épanouissement et de nos liens amicaux et intimes : on récolte ce que l’on s’aime oui, mais en sécurité.
Le « monde polyvagal » que nous proposent de construire Stephen & Seth Porges, mais aussi Deb Dana et toute la famille polyvagale-informée se nourrit de signaux de sécurité, qui devraient être LA priorité éducative & sociétale.
Sauf qu’en réalité on en est loin, car on parle ici de sécurité « ressentie » (pour ne pas dire « perçue » – en anglais « feeling of safety »).
Or malgré un discours sécuritaire, voire sécuritariste, les militaires armés, les portiques, QR codes et autres caméras de surveillance ne vont pas forcément envoyé les signaux d’un environnement secure à nos systèmes nerveux… sans parler des conflits, des guerres, des oppressions, de la menace climatique, de tout ce climat de peurs et de tensions qui semblent bien plus œuvrer à cliver qu’à rassembler… (volontairement ou non, c’est une bonne question…)
C’est parce que la société ne semble pas fondamentalement pensée pour la sécurité, des grands conflits aux petites agressions et sur-stimulations que notre premier levier d’action est individuel, avec cette invitation de Deb Dana de « changer le monde un système nerveux à la fois« .
Et là on ne parle pas de stimulation interne avec des électrodes, de bain glacés ou de vagotomie (littéralement couper le nerf vague, ce qui ne devrait être qu’expérimental, et pas thérapeutique, mais j’ai lu ça ici…) : non non, réguler un système nerveux se fait dans la douceur et la bienveillance.
Deb Dana parle de « façonner en douceur » le système nerveux, et la douceur est la clé pour retrouver notre harmonie intérieure.
J’aime voir le nerf vague, et notre système nerveux autonome, comme ce diapason qui va détecter les « dissonances » que sont les signaux de danger, et les moduler pour revenir à l’harmonie, quand c’est possible, et qu’il y a suffisamment de ventral pour ça (quand on reste enfermé dans des états subis chroniques traumatiques il y a des pistes aussi, mais elles relèvent de la thérapie, pas du coaching – et pas QUE de la TPV).
Je ferai un article dédié aux outils et pratiques pour « réguler le système nerveux » (après tout c’est devenu la grande mode 😀 ), mais tu peux déjà mettre sur la liste la corégulation en tête de liste (c’est la transmission d’un état de sécurité d’un système nerveux à un autre, entre deux humains ou avec des animaux – chiens, chats, chevaux, mogwaïs…), mais aussi les pratiques respiratoires (seul levier d’action directe sur le Système Nerveux Autonomes), le toucher, le mouvement, la danse, le chant, manger (mais pas après minuit 😉 !), pratiquer un instrument à vent, marcher dans la nature (ou simplement l’observer), tout ce qui est ressourçant et apaisant pour toi, et mon chouchou la musique 🙂
On reparlera (aussi) de la musique pour réguler le système nerveux, c’est un gros sujet dans ma pile à lire (après avoir passé un bon moment sur le trauma, dont la lecture est révolutionnée par la TPV, même si je ne suis toujours pas thérapeute – voir l’excellent travail de Quantum Way sur le sujet), mais OUI il y a des voies pour retourner à la sécurité et à la connexion secure, et c’est aussi un point essentiel de ce nouvel ouvrage : l’espoir.
J’espère l’avoir suscité avec cette nouvelle vidéo, et en attendant la sortie en français de « Notre monde polyvagal » (dont je vais évidemment te reparler – reste connecté), voici une sketchnote de la conférence de Stephen et Seth Porges au dernier sommet Quantum Way :
(Je ne l’ai volontairement pas réduite, pour qu’elle reste lisible)
Et parce que dans cette conférence Mister Porges nous a invités à faire preuve de créativité pour diffuser la TPV, je me permets de te rappeler que si tu veux explorer et approfondir la Théorie PolyVagale il y a mon livre « Le POWER du Je(u) » et ma formation « POWER« .
Et si tu veux continuer à approfondir gratuitement la TPV, tout en ayant un aperçu de ce que partage dans « POWER » (qui a moins de Jedi, de Hulk ou de Gizmo que mes vidéos grand public, mais BEAUCOUP plus d’outils), voici la masterclass inspirée d’Ancré de Deb Dana que tu peux retrouver dans mon précédent article sur les bases de la TPV :
>
ERRATUM : la « corégulation » c’est uniquement une personne en sécurité vagale ventrale qui met une autre personne en sécurité (vagal ventral),
quand une personne en insécurité transmet son sympathique ou son dorsal à une autre personne on dit qu’elle la dérégule.
(ici l’exemple de tristesse qui transforme les souvenirs en bleu c’est de la dérégulation, pas de la corégulation)
J’en profite pour vous dire un immense MERCI car la vidéo, grâce à vous,
a dépassé les vues à ce jour les 17000 vues (!!!), avec tout plein de commentaires adorables 💓
A très vite pour de nouvelles aventures polyvagales,
vers le POWER de la sécurité et au-delà 💎🖖💫
Bravo Sandra !!! Magnifique article que celui-ci..
Merci beaucoup Stéphanie !
Magnifique !! Tres clair ! Une question : où mets-tu le fawning (écrasement, soumission) dans tout ça ? Merci !